Maroc

Réduction des inégalités : le Maroc parmi les 10 pays les plus performants, selon Oxfam

Le Maroc a fait un bond remarquable dans le dernier Indice de réduction des inégalités 2024, se classant parmi les 10 pays les plus performants. Une avancée largement due aux mesures post-séisme d’Al Haouz. Mais des défis subsistent afin d’inverser la tendance des inégalités économiques. 

Le rapport 2024 de l’Indice de l’engagement pour la réduction des inégalités (CRI), publié par Oxfam et Development finance international, souligne une avancée notable du Maroc, qui se hisse dans le top 10 des pays les plus performants et à la 73e place mondiale.

Cette amélioration est en grande partie attribuée à la réponse proactive du gouvernement marocain après le séisme d’Al Haouz, en septembre 2023.

À travers une augmentation significative des investissements publics dans la santé et la protection sociale, le Maroc montre sa volonté d’agir pour réduire les inégalités socio-économiques. Toutefois, des améliorations sont encore attendues pour consolider cette dynamique.

Les mesures post-séisme, un moteur de progression
Le séisme d’Al Haouz, bien que tragique, a accéléré la mise en place de réformes ambitieuses, notamment dans les régions les plus touchées. Le Royaume a augmenté de 30 places dans le pilier des services publics grâce aux fonds alloués à la reconstruction des infrastructures de santé et d’éducation.

Le gouvernement a lancé plusieurs programmes d’assistance sociale d’urgence pour soutenir les populations vulnérables, renforçant ainsi la couverture de la protection sociale. Ces efforts ont également permis d’améliorer les services dans les zones rurales, souvent marginalisées. L’engagement du Maroc à combler les disparités régionales s’est révélé être un facteur déterminant pour son classement élevé dans le rapport CRI 2024.

Ce dernier montre que le Royaume se situe au 90e rang mondial pour la qualité de ses services publics. Bien que des efforts soient menés, notamment à travers le plan de généralisation de la protection sociale, l’impact sur la réduction des inégalités reste limité.

Des services publics sous tension
L’un des points critiques est l’accès équitable à la santé. Le système de santé marocain, s’il est en amélioration, souffre toujours d’un sous-financement chronique. La pandémie de covid-19 a révélé les failles profondes du secteur, et malgré les réformes en cours, la couverture reste insuffisante dans les zones rurales, souligne le rapport. Le défi est désormais de maintenir ce rythme de progression en veillant à une distribution équitable des ressources à travers tout le territoire.

L’éducation, autre pilier central, continue de souffrir d’inégalités d’accès, mais d’importants efforts ont été consentis. Le Maroc se distingue désormais comme l’un des 10 premiers pays en termes de dépenses publiques pour l’éducation, grâce à une augmentation de 17% de la part de son budget allouée à ce secteur.

Cette progression est en partie liée à la reconstruction des écoles après le séisme d’Al Haouz, mais aussi à des engagements forts visant à réduire les inégalités scolaires. Parmi ces initiatives, on note la généralisation des repas scolaires gratuits et le développement de l’éducation préscolaire, des mesures qui visent à offrir un accès équitable à l’éducation dès le plus jeune âge​, souligne le rapport, notant que la priorité sera de garantir que les progrès réalisés post-séisme se traduisent par un impact durable sur la scolarisation dans ces zones.

Une fiscalité progressive en construction
La taxation progressive est un autre point où le Maroc peut mieux faire. Classé à la 21e place pour son système fiscal, le pays affiche des avancées, mais la structure fiscale reste inégale. Avec un taux d’imposition sur les sociétés de 31%, il figure parmi les pays ayant les taux les plus élevés au monde.

En effet, dans le classement, le Royaume se situe juste en dessous du Portugal (31,5%) et au-dessus de la moyenne mondiale qui s’établit à 23,3%. Cela montre un engagement en faveur de la progressivité fiscale, surtout en ce qui concerne les grandes entreprises.

Cependant, des marges de progression existent. Le pays doit encore harmoniser son système de taxation pour assurer une plus grande équité. Les exonérations fiscales pour certains secteurs stratégiques et les régimes spéciaux continuent de limiter les effets redistributifs attendus.

De plus, le rapport CRI 2024 souligne la nécessité d’améliorer l’efficacité de la collecte des impôts au Maroc. Le manque de productivité fiscale et les exemptions de certains secteurs réduisent les gains potentiels. Une révision des exonérations fiscales et une lutte renforcée contre l’évasion fiscale pourraient accroître les ressources destinées aux services publics et à la protection sociale, indique la même source.

Encore des efforts à fournir
Le Maroc affiche également des progrès dans la protection des droits des travailleurs, mais le chemin reste semé d’embûches. Le Royaume se classe à la 97e place en matière de droits des travailleurs. Le rapport critique la précarité de l’emploi dans plusieurs secteurs, où les travailleurs informels, les femmes et les jeunes sont particulièrement vulnérables.

Malgré une législation qui progresse, notamment avec des réformes portant sur le salaire minimum, l’application du droit du travail reste inégale. Si le Maroc a montré des signes de progrès, en particulier dans le cadre de sa politique de protection sociale et de taxation, les inégalités restent ancrées dans les structures sociales et économiques du pays.

L’augmentation du salaire minimum et les investissements dans les infrastructures de santé sont des pas dans la bonne direction, mais ils ne suffiront pas à eux seuls à réduire les disparités socio-économiques. Le rapport CRI 2024 appelle à des réformes plus audacieuses et mieux ciblées. L’augmentation des dépenses publiques pour la santé, l’éducation et la protection sociale doit s’accompagner d’une meilleure redistribution des richesses, via une fiscalité plus équitable et une meilleure protection des droits des travailleurs.

Le Maroc a les moyens de progresser, mais cela nécessitera une volonté politique forte et une mobilisation nationale permettant d’inclure toutes les franges de la population dans son développement.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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