Maroc

Exploitation des réserves foncières de l’État : 2025, une année charnière

Le foncier public, véritable levier stratégique de développement économique, se prépare à jouer un rôle moteur dans les années à venir. Après des résultats encourageants en 2023 et 2024, de nouvelles réformes et dispositifs sont attendus en 2025 pour impulser une mobilisation massive de ces réserves foncières au service de projets créateurs d’emplois et de richesses sur l’ensemble du territoire national. Détails.

Avec plus de 1,6 million d’hectares de terres domaniales allouées en 2023-2024, représentant près de 140.000 emplois projetés, la mobilisation du foncier public au Maroc est en passe de connaître une nouvelle impulsion décisive en 2025. Cette année devrait marquer un tournant grâce au déploiement de mécanismes incitatifs renforcés. «2025 s’annonce comme une année charnière pour la mobilisation du foncier public au service du développement économique national.» C’est en substance le message clé qui se dégage du bilan 2023-2024 dressé par la Direction des Domaines de l’État.

En effet, plusieurs signaux convergents laissent en effet présager que 2025 marquera un tournant décisif dans l’exploitation optimale des réserves foncières de l’État pour soutenir la dynamique d’investissement productif au Maroc.

Tout d’abord, l’année 2025 coïncidera avec l’entrée en vigueur effective de la nouvelle loi-cadre 03.22 formant la Charte de l’investissement. Cet arsenal juridique renforcé vise à simplifier davantage les procédures et à sécuriser l’environnement des affaires, deux facteurs clés pour stimuler l’attractivité du foncier domanial. Ensuite, les pouvoirs publics prévoient de déployer en 2025 de nouveaux mécanismes incitatifs destinés à encourager la mobilisation des terres domaniales, que ce soit via des avantages fiscaux renforcés, un accompagnement sur-mesure des investisseurs ou encore le renforcement des infrastructures d’accueil.

Par ailleurs, les résultats très probants enregistrés en 2023 et 2024 – avec plus de 1,6 million d’hectares alloués et près de 140.000 emplois projetés sur les deux années – ont démontré la forte appétence des opérateurs économiques pour le foncier de l’État. Une tendance qui devrait se confirmer et même s’amplifier en 2025.

Enfin, les stratégies sectorielles ambitieuses lancées par le gouvernement dans des domaines clés comme les énergies renouvelables, l’agro-industrie ou les nouvelles technologies vont nécessiter d’importants besoins fonciers que seul le patrimoine de l’État pourra satisfaire. Forts de ces différents éléments, les experts s’attendent à ce que 2025 marque l’amorce d’une nouvelle ère pour la mobilisation massive du foncier public au profit de projets structurants, créateurs de richesse et d’emplois dans la plupart des régions du Royaume. Retour sur les principales tendances observées et les enjeux majeurs à venir.

Une mobilisation foncière soutenue en 2023-2024
L’année 2023 a confirmé le rôle moteur du foncier domanial dans l’essor de l’investissement productif et la création d’emplois. Près de 1,6 million d’hectares ont été mobilisés, totalisant 915,27 millions de dirhams d’investissements projetés et 120.935 emplois escomptés. Un élan qui s’est poursuivi au 1er semestre 2024, comme l’on peut le noter. Le remarquable élan de valorisation des terres domaniales, amorcé en 2023, s’est nettement poursuivi au cours du 1er semestre 2024. En effet, pas moins de 110 nouveaux projets d’investissement ont été approuvés et se sont vus attribuer des parcelles relevant du patrimoine foncier de l’État durant cette période.

Ces 110 projets mobilisent une superficie totale de 16.102 ha de terres domaniales réparties sur l’ensemble du territoire national. Un volume conséquent de foncier public qui va ainsi être mis à profit pour le développement de projets créateurs de richesses et d’emplois dans diverses régions du Royaume.

D’après les dossiers validés, ces 110 projets représentent un investissement global projeté de 16,5 milliards de dirhams. Une enveloppe substantielle qui traduit l’envergure et le potentiel économique de ces initiatives, touchant des secteurs stratégiques comme l’industrie, l’agriculture, le tourisme ou encore les énergies renouvelables. Mieux encore, ces différents projets devraient permettre de générer pas moins de 16.694 nouveaux emplois à terme, selon les estimations des investisseurs. Une véritable bouffée d’oxygène pour l’emploi et l’insertion dans de multiples bassins d’activité répartis sur le territoire marocain.

Parmi les projets phares ayant bénéficié d’un foncier domanial ce 1er semestre 2024, on peut citer la zone franche logistique de Nador (1.800 ha), l’extension de la cimenterie de Laâyoune (350 ha), le projet de ferme solaire à Ouarzazate (2.000 ha) ou encore la nouvelle unité agroalimentaire de Meknès (120 ha). Ces résultats intermédiaires très encourageants confortent la tendance de mobilisation accrue du foncier public pour le développement économique national, conformément aux priorités affichées par les pouvoirs publics. Ils laissent présager d’une année 2024 record en la matière.

Un éventail de secteurs porteurs
Alors que les secteurs de l’énergie, de l’industrie et des services ont naturellement constitué les principaux bénéficiaires du foncier public mobilisé en 2023 et 2024, on constate avec satisfaction un regain d’intérêt marqué pour des filières agricoles stratégiques comme l’arboriculture, la céréaliculture et l’oléiculture.

En effet, malgré une conjoncture difficile marquée par la sécheresse, de nombreux investisseurs se sont positionnés sur des projets ambitieux dans ces créneaux agricoles porteurs, profitant des vastes étendues de terres arables proposées par le patrimoine domanial.

Cette tendance s’est notamment matérialisée par l’attribution de plusieurs milliers d’hectares pour le développement de vergers d’agrumes, d’amandiers et d’oliviers dans différentes régions du Royaume. De même, d’importants projets céréaliers ont vu le jour grâce à la mobilisation de foncier public dans les plaines intérieures.

Pour un analyste, «cette diversification des secteurs d’activité bénéficiant du foncier de l’État représente un atout majeur pour garantir un développement économique équilibré, durable et créateur d’emplois sur tout le territoire national».

Il souligne que «l’essor de filières agricoles labour-intensives comme l’arboriculture ou l’oléiculture, en parallèle des projets industriels et de services, permet d’optimiser la création d’emplois pérennes en milieu rural tout en valorisant durablement les ressources naturelles».

L’analyste met également en avant les importants impacts socio-économiques induits par ces activités agricoles, en termes de développement des chaînes de valeur amont et aval ainsi que de sécurité alimentaire nationale. Au final, cette diversification reflète la vision pragmatique et équilibrée adoptée pour l’exploitation du foncier domanial, véritable levier de croissance partagée au service du développement territorial intégré du Maroc. Autre point fort, le partenariat agricole public-privé qui a permis en 2023 la signature de 179 conventions portant sur 3.841 ha, 685 millions de dirhams d’investissements et 1.372 emplois projetés. Cela est clairement un modèle gagnant-gagnant favorisant l’émergence d’une agriculture productive et créatrice de richesses en milieu rural.

Réformes et nouveaux  dispositifs en vue
Pour consolider ces acquis, de nouvelles réformes sont attendues en 2025, à commencer par l’opérationnalisation de la loi-cadre 03.22 formant la Charte de l’Investissement. Cela permettra d’insuffler une nouvelle dynamique à la mobilisation du foncier domanial, désormais adossée à un cadre législatif renforcé et adapté aux enjeux de compétitivité.

Les régions en pole position de l’attractivité foncière
Dans cette dynamique, certaines régions se sont démarquées par leur attractivité foncière en 2023-2024. En tête, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab qui totalisent près de 15.600 ha mobilisés et plus de 5,2 milliards de dirhams d’investissements attendus, principalement dans les secteurs de l’énergie et des services.

Suivent Casablanca-Settat (733 ha, 863 millions de dirhams), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (544 ha, 710 millions de dirhams) et Fès-Meknès avec 2.261 ha alloués pour 261 millions de dirhams d’investissements projetés, majoritairement dans l’agriculture.

Il faut dire que l’essor de ces régions s’explique par une conjugaison de facteurs comme la disponibilité foncière, les infrastructures performantes et les stratégies sectorielles ciblées menées par les pouvoirs publics.

2025 : Année prometteuse pour le foncier domanial

Forte de ces résultats encourageants, l’année 2025 s’annonce des plus prometteuses pour la poursuite de la mobilisation du foncier public. Avec les nouvelles réformes en vue et le renforcement des dispositifs d’accompagnement, on s’attend à un afflux encore plus important d’investissements créateurs d’emplois et de richesses dans les différentes régions. Un élan indispensable pour consolider le positionnement du Maroc comme terre d’opportunités économiques majeures.

Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO



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