Distinctions : la médecine donne le coup d’envoi de la saison des Nobel
Le prix Nobel de médecine a été décerné lundi aux Américains Victor Ambros et Gary Ruvkun pour leur découverte des microARN, nouvelle classe de molécule ARN minuscule jouant un rôle crucial dans la régulation de l’activité des gènes. Le prix Nobel d’économie clôt les récompenses lundi 14.
«Le prix Nobel de cette année récompense deux scientifiques pour leur découverte d’un principe fondamental régissant la régulation de l’activité des gènes», a indiqué le jury du Nobel de médecine, dans un communiqué.
Les microARN «sont d’une importance fondamentale pour le développement et le fonctionnement des organismes». Victor Ambros, 70 ans, et Gary Ruvkun, 72 ans, ont publié en 1993 dans deux articles séparés leurs découvertes sur «un nouveau niveau de régulation des gènes» qui s’est avéré décisif.
En collaboration, mais travaillant séparément, ils ont mené des recherches sur un ver rond d’un millimètre, C. elegans, afin de déterminer pourquoi et quand les mutations cellulaires se produisaient.
«Un dérèglement de la régulation des gènes peut entraîner des maladies graves telles que le cancer, le diabète ou l’auto-immunité. C’est pourquoi la compréhension de la régulation de l’activité des gènes est un objectif important depuis plusieurs décennies», souligne le communiqué.
L’an dernier, le prix Nobel de médecine avait consacré les avancées de la chercheuse hongroise Katalin Kariko et de son collègue américain Drew Weissman dans le développement de vaccins à ARN messager, décisifs dans la lutte contre la covid-19. Le prix s’accompagne d’une récompense de onze millions de couronnes (920.000 euros), soit la plus haute valeur nominale (dans la devise suédoise) dans l’histoire plus que centenaire des Nobel.
Une semaine pour des places dans l’Histoire
Pour le prix Nobel de physique mardi, les spécialistes de la radio publique suédoise citent le physicien suisse Christoph Gerber, pionnier dans la mise au point du microscope à force atomique. «Il s’agit d’un microscope qui fournit des images tridimensionnelles à un niveau si incroyablement petit qu’il atteint parfois une résolution atomique», souligne Camilla Widebeck, de SR.
L’outil est devenu crucial dans le domaine des nanotechnologies et des nanosciences, ajoute-t-elle. Le nom de Gerber revient également dans les anticipations du cabinet Clarivate, qui mentionne aussi les travaux de David Deutsch et Peter W. Shor sur les algorithmes quantiques.
Pour le prix Nobel de chimie mercredi, Lars Bröstrom, de la radio NR, cite le biologiste basé aux États-Unis Omar Yaghi et son travail sur les réseaux métallo-organiques (RMO) et leurs propriétés poreuses permettant d’absorber des gaz dangereux.
Karl Deisseroth, psychiatre et spécialiste en bio-ingénierie, pourrait aussi être consacré par le comité Nobel. Le chercheur a investi le domaine de l’optogénétique, qui rend les neurones sensibles à la lumière. Sous sa houlette, des chercheurs sont parvenus à rendre un cerveau de souris totalement transparent pour voir ce qui s’y passe.
Attribué le 10 octobre, le prix Nobel de littérature, l’un des prix phares avec le Nobel de la paix, fait comme chaque année l’objet de spéculations. L’autrice avant-gardiste chinoise Can Xue, souvent comparée à Kafka pour l’atmosphère à la fois irréelle et sombre qui imprègne ses romans et nouvelles, est fréquemment citée par les critiques littéraires. «Je crois que ce sera une femme originaire d’une région linguistique non européenne», pronostique pour l’AFP Björn Wiman, chef du service culturel du quotidien Dagens Nyheter.
Nobel de la paix : dilemme en perspective
Temps fort de la semaine, le Nobel de la paix, attribué le vendredi 11 octobre, n’a jamais été aussi difficile à prévoir, tant les catastrophes se multiplient sur la planète. L’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), la Cour internationale de justice (CIJ) ou le nom de l’Afghane Mahbouba Seraj, fervente avocate des droits des femmes afghanes, sont cités parmi les nobélisables.
Face au risque existentiel que représentent pour l’Humanité les systèmes d’armement capables de fonctionner de manière autonome sans contrôle humain, plusieurs experts citent aussi la coalition d’organisations non gouvernementales Stop Killer Robots comme possible lauréat. Le prix Nobel d’économie clôt les récompenses lundi 14.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO