Aides directes. Les transporteurs réclament de nouvelles subventions
Habitués aux subventions directes de l’État depuis la hausse des prix du carburant, en 2022, les transporteurs routiers attendent avec impatience de nouvelles subventions, car disent-ils, le secteur ne peut s’en passer. Le gouvernement, quant à lui, planche sur une réforme globale.
C’est une nouvelle preuve de «l’effet doliprane» dont on a toujours parlé à propos des aides directes aux transporteurs depuis la hausse, en 2022, des prix du carburant. Les transporteurs font le pied de grue, dans l’espoir de nouvelles subventions de la part du gouvernement. «Nous attendons que les autorités opèrent des subventions en faveur des transporteurs, afin de les aider à faire face aux difficultés auxquelles le secteur du transport routier est confronté. Nous sommes toujours en attente des tranches 16 et 17 de ces opérations de subvention».
Et c’est Mohamed Mitali, de la Fédération nationale des chauffeurs et professionnels du transport au Maroc, qui exprime cette attente apparemment persistante chez les transporteurs. Mais pour l’heure, du côté du gouvernement, aucune réponse claire n’est donnée pour savoir si ces futures opérations de subventions auront lieu ou pas. «Pour l’heure, on nous répond juste qu’un travail global de mise à niveau et de réforme du secteur est en cours, mais rien de clair quant aux prochaines tranches de subventions», poursuit notre interlocuteur.
Selon Mitali toujours, «le secteur en a grand besoin au regard du contexte actuel qu’il traverse». Et le syndicaliste d’ajouter que «jusqu’à présent, nous avons des transporteurs qui n’ont pas encore reçu leurs paiements des 14e et 15e tranches, bien qu’ils remplissaient les conditions et qu’ils se soient régulièrement inscrits sur le portail dédié aux subventions».
Risques
Quoiqu’il en soit, cette dépendance aux subventions et aides directes s’avère n’être qu’un «effet doliprane» et son arrêt risque de réveiller les vieux démons chez ces transporteurs, qui n’hésiteront sûrement pas à se faire entendre. Cela, sans parler des risques de hausse des tarifs dans le secteur et ses répercussions sur les usagers, malgré une enveloppe de 7 MMDH versés dans le cadre de ces opérations de soutien direct aux transporteurs.
D’ailleurs, l’avertissement avait été lancé depuis fort longtemps. «On a l’impression que ce calmant est devenu la règle, alors qu’on peine à mettre en œuvre la feuille de route du transport routier, qui est censé faire gagner le secteur en maturité», s’indignait récemment un professionnel du transport, qui a requis l’anonymat. Justement, en parlant de la feuille de route du transport routier, il faut rappeler qu’elle s’articule principalement autour de trois axes majeurs : l’accès à la profession, l’indexation et l’accompagnement à la mise à niveau des entreprises.
Sur ces trois volets, certains ont commencé à bouger, mais il faudra encore du temps pour que les choses se concrétisent sur le terrain. En un mot, avant que cette thérapie de choc ne prenne effet, une phase de transition est nécessaire afin d’éviter de plonger le secteur dans le coma.
Réforme en gestation
Pourtant récemment, des signaux de redémarrage avaient émané du Ministère du Transport et de la Logistique. Le ministre de tutelle, Mohamed Abdeljalil, avait annoncé, dans le cadre de ses nombreuses sorties médiatiques pour défendre le bilan à mi-mandat de son département, qu’un projet de décret est en cours pour réguler davantage le segment du transport de marchandises dans le Royaume. «Ce n’est pas le gouvernement qui propose le décret de manière unilatérale. C’est le résultat d’un travail de longue haleine avec les professionnels», avait-il indiqué.
Ce texte est donc le fruit d’un consensus, car ayant été précédé par des séances de concertations avec les acteurs de ce secteur très problématique et qui attend depuis des années, d’être mieux encadré. De quoi faire plaisir, et surtout, satisfaire certaines (virulentes) associations de transporteurs routiers.
Quant à Mohamed Mitali, de la Fédération nationale des chauffeurs et professionnels du transport au Maroc, il a salué, dans un langage conciliant, «la démarche et les efforts actuels du gouvernement pour réguler leur secteur d’activité».
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO