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Crise de l’emploi. L’OIT tire la sonnette d’alarme sur les jeunes NEET

Le dernier rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) met en lumière une réalité alarmante concernant l’Afrique du Nord, dont le Maroc. La région, déjà vulnérable en raison de divers défis socio-économiques, fait face à une aggravation de la situation de l’emploi, en particulier concernant les jeunes qui se trouvent en marge du système d’éducation/formation et du marché du travail (NEET). Dans ce contexte, l’OIT a mené une analyse approfondie pour comprendre les dynamiques en jeu et émettre des recommandations visant à inverser cette tendance préoccupante.

Le taux de chômage des jeunes au niveau mondial, aux alentours de 13%, est à son plus bas depuis 15 ans, mais la situation dans certaines régions demeure préoccupante, selon les données fournies par l’OIT. Les pays d’Afrique du Nord, dont le Maroc, sont confrontés à une hausse inquiétante du chômage, en particulier chez les jeunes et les femmes.

En 2023, plus d’un jeune actif sur trois était sans emploi, soulignant la difficulté persistante pour cette tranche de la population à accéder au marché du travail. Bien que ce chiffre représente une légère amélioration par rapport aux années 2000, il demeure l’un des plus élevés au monde, indique l’organisation internationale

Problème structurel

La situation est encore plus critique pour les jeunes femmes. En Afrique du Nord, moins d’une jeune femme sur dix et moins d’un jeune homme sur trois sont actuellement employés. Ces ratios emploi/population sont non seulement faibles, mais aussi bien en deçà de ceux observés dans d’autres régions du monde, reflétant ainsi un problème structurel profond, indique l’organisation internationale.

De plus, ces deux sous-régions affichent les taux de jeunes NEET (ni en emploi, ni en éducation ou formation) les plus élevés à l’échelle mondiale, ce qui met en évidence que de nombreux jeunes ne parviennent ni à intégrer le marché du travail ni à poursuivre une formation.

Les jeunes hommes, bien qu’un peu mieux lotis, ne sont pas épargnés par cette crise. Le taux de chômage des hommes en Afrique du Nord atteint 18,8%, soulignant les défis auxquels ils font face pour trouver un emploi stable. En plus du chômage, le sous-emploi reste un problème majeur, touchant de près la main-d’œuvre et reflète une incapacité à exploiter pleinement le potentiel économique de la région. Au Maroc, ce taux est toutefois passé de 14,6% en 2000 à 9,3% en 2021.

Le rapport souligne également les disparités importantes entre les sexes sur le marché du travail. D’ailleurs, deux jeunes NEET sur trois dans le monde sont des femmes. Au Maroc, le taux de participation des femmes reste l’un des plus faibles au monde, avec seulement 21% de femmes en âge de travailler intégrées dans l’économie formelle. Cette exclusion systématique des femmes du marché du travail a des répercussions directes sur la croissance économique du pays, limitant ainsi les possibilités de développement durable.

De meilleures politiques publiques

Les facteurs qui contribuent à cette situation sont multiples. La crise économique mondiale, déclenchée par la pandémie de Covid-19 et aggravée par les tensions géopolitiques, a frappé de plein fouet les économies de la région. Le Maroc, par exemple, a subi une contraction économique de 6,3% en 2020, ce qui a conduit à des fermetures massives d’entreprises et à des pertes d’emplois considérables.

De plus, les réformes économiques, bien que nécessaires, ont parfois eu des effets néfastes, notamment en augmentant la précarité des emplois existants. L’OIT met en avant l’importance des politiques publiques pour atténuer ces effets négatifs. Les programmes d’aide sociale, bien qu’essentiels, ne suffisent pas à compenser les pertes d’emploi à grande échelle.

L’organisation recommande une approche plus globale, intégrant des politiques actives du marché du travail pour stimuler la création d’emplois, en particulier dans les secteurs en croissance tels que les technologies vertes et l’économie numérique.

Ainsi, le rapport de l’OIT appelle à une action urgente pour améliorer la situation de l’emploi en Afrique du Nord. Les recommandations de l’organisation incluent la nécessité de renforcer les systèmes d’éducation et de formation professionnelle pour mieux préparer les jeunes aux exigences du marché du travail, d’encourager l’entrepreneuriat, en particulier chez les femmes, et de promouvoir des conditions de travail décentes pour tous.

Pour le Maroc, ces mesures sont cruciales pour éviter une aggravation de la crise et pour assurer une croissance économique inclusive et durable dans les années à venir.


Les recommandations du CESE

En 2022, un jeune Marocain sur quatre, âgé de 15 à 24 ans, se trouve dans une situation de NEET, soit 1,5 million d’individus, selon le Haut-Commissariat au plan (HCP). Dans le cadre d’une auto-saisine, le CESE a émis récemment une analyse soulignant que «ce chiffre souligne l’insuffisance des stratégies et politiques publiques consacrées à l’intégration socio-économique de cette catégorie particulièrement vulnérable». Dans sa note, le CESE a recommandé, notamment, la création d’un système d’information élargi pour le repérage des NEET et le suivi de leurs parcours, qui regroupe des données croisées de sources multiples, en plus de la mise en place de mesures préventives pour éviter que de nouvelles catégories de jeunes ne se retrouvent en situation de NEET. Pour ce faire, le CESE recommande de «garantir l’effectivité de l’obligation de scolarisation jusqu’à 16 ans», en mettant en place les «mesures de rétention et de réinsertion nécessaires», de généraliser les écoles communautaires en milieu rural et de renforcer l’offre publique de formation professionnelle en milieu rural, en adaptant les spécialisations aux besoins de chaque région et de chaque territoire. Le CESE insiste surtout sur la mise en place d’un cadre de gouvernance, « caractérisé par une cohérence et une complémentarité optimale entre les divers programmes, ainsi qu’une coordination continue et efficace entre les différentes parties prenantes concernées», grâce à la création d’un comité spécial, qui aura pour missions de coordonner et de suivre la mise en œuvre des programmes visant à intégrer les jeunes NEET.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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