Secteur avicole. Une flambée des prix éphémère
La période estivale demeure synonyme d’envolée des prix à tous les niveaux. Les produits alimentaires ne dérogent pas à la règle, et plus particulièrement les viandes blanches, dont les prix ont atteint des niveaux exceptionnels. Certes, plusieurs facteurs y ont contribué, mais les professionnels demeurent optimistes et s’attendent à un retour à la normale à la fin de la saison estivale.
Pas de répit pour le consommateur marocain dont le pouvoir d’achat continue d’être soumis à rude épreuve. Depuis la Fête du sacrifice, les prix des produits alimentaires ne cessent de grimper, malmenant la bourse des ménages, au point que beaucoup se voient obligés de renoncer à certains produits, se contentant uniquement des produits de base.
Pas de boycott
En effet, même la viande blanche, qui est habituellement relativement accessible, a atteint récemment des niveaux de prix inédits. Depuis quelques jours, le prix du poulet vif affiche 30 dirhams le kilo. L’envolée est telle qu’un tollé d’indignation s’est déclenché sur les réseaux sociaux évoquant un boycott national. Cependant, à en croire les professionnels du secteur, aucun mouvement de boycott n’a été constaté auprès des revendeurs. Selon la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc (FISA), cette flambée des prix est due à plusieurs facteurs.
Quant au boycott, la fédération professionnelle réfute en bloc cette allégation qui serait dénuée de tout fondement. Pour Mustapha Jemali, coordinateur général de la FISA, l’aviculture demeure un secteur volatil qui subit pleinement la loi du marché, à savoir l’offre et la demande. De plus, la saison estivale a toujours été synonyme de forte consommation. «Pour expliquer la tendance actuelle, il est important de relater les faits qui y ont contribué. Tout d’abord, la période d’avant l’Aïd a été marquée par une baisse drastique de régime. La faible demande durant cette période a entrainé un ralentissement de la production vu qu’il n’y avait pas de demande pour la viande blanche. Entretemps, le prix du poussin a grimpé, passant de 6 DH à près de 9 DH actuellement. Cela a freiné l’activité de certains aviculteurs et permis de maintenir un stand by», affirme-t-il.
Jemali souligne que le prix du poussin a augmenté en raison de la reprise du secteur, qu iest intervenue à un moment où la demande avait fortement augmenté.
Ainsi, face à l’augmentation de la demande, la capacité de production ne couvre pas les besoins sachant que certains producteurs ont maintenu le statu quo, ce qui a causé la perturbation actuelle du marché. L’autre facteur qui a favorisé la demande est la cherté des viandes rouges. En effet, plusieurs consommateurs se sont rabattus
sur les viandes blanches.
Un retour à la normale
À noter qu’à la date du 12 août, le prix du poulet vif départ ferme était de 24 DH. L’écart entre le prix de gros et le prix de vente au détail est expliqué par l’intervention des intermédiaires qui renchérissent la valeur du produit. Pour l’œuf, le prix sortie ferme pour le gros calibre est de 1,14 DH pour un prix de vente de 1,50 DH.
Toutefois, les professionnels du secteur attestent que cette vague inflationniste n’est que passagère et les prix devraient se stabiliser pour se situer aux niveaux habituels une fois la période estivale achevée. «Nous ne le dirons jamais assez, les aviculteurs et les producteurs ne sont pas responsables des fluctuations des prix. Contrairement aux industriels, les éleveurs vendent sans prendre en considération le coût de revient. Tout au long de l’année, à plusieurs reprises, les aviculteurs vendent à perte. Le cycle du marché dépend de l’offre et de la demande. Pour ce qui est de la tendance actuelle, elle devrait normalement se tasser d’ici peu puisque les producteurs qui n’ont pas repris l’activité se préparent à le faire. Ainsi, la production reprendra sa capacité habituelle, ce qui devrait impacter positivement le marché», estime le coordinateur général de la FISA.
Pour rappel, le secteur avicole, qui continue de subir les conséquences de la crise pandémique selon les professionnels, s’est tout de même bien tenu durant l’exercice 2023. Le bilan de l’année écoulée montre que la production avicole moderne s’est établie à 10.445 millions d’unités, en progression de 2,45% par rapport à l’année précédente. De même, la production des poussins ponte a fortement augmenté, soit +33% en un an, avec une production de 15,9 millions.
La production d’aliments de volailles a suivi la même tendance haussière avec 3,3 millions de tonnes (+10% par rapport à 2022). Pour rappel, la consommation est estimée à 20,6 kilos par habitant et par an, soit une évolution de +5% par rapport à la même période un an auparavant.
La même tendance a été enregistrée au niveau de l’œuf dont la consommation s’est située à 169 œufs par habitant et par an. Pour les prix de vente, la moyenne s’est établie à 15,75 dirhams le kilo vif départ ferme. Sur l’année, ces prix ont enregistré une hausse de 4%. Le prix de vente de la dinde s’est situé à 19,40 DH/kg, en recul de 2%. Pour les œufs de consommation, le prix moyen est de 1,20 DH départ ferme, soit une croissance de 38%.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO