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Intelligence artificielle : les géants de la tech rendent des comptes sur leurs investissements

Le marché a encouragé les géants technologiques à investir dans l’intelligence artificielle (IA) générative, coqueluche de la Silicon Valley, mais il attend aussi des performances solides dans leurs coeurs de métier pour soutenir ces dépenses astronomiques.

Les résultats trimestriels de Google, Microsoft et Amazon, pourtant globalement supérieurs aux attentes, ont déçu des investisseurs fébriles. Amazon a doublé ses profits au deuxième trimestre à 13,5 milliards de dollars, grâce aux fortes marges de son activité de cloud (informatique à distance), mais son chiffre d’affaires total de 148 milliards (+10%) n’a pas été à la hauteur selon Wall Street.

Le géant du commerce en ligne perdait près de 7% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York jeudi. AWS, sa filiale de cloud, n’a pourtant pas démérité avec des revenus en hausse de 19%, à 26,3 milliards de dollars. Elle en a dégagé 9,3 milliards de dollars de bénéfice opérationnel (indicateur clé de la rentabilité), soit les deux tiers du total du groupe.

Numéro 1 mondial du cloud, Amazon a cependant pris du retard dans l’IA générative par rapport aux deux autres géants du secteur, Microsoft et Google. Les deux sociétés mènent la course en matière de conception de modèles et d’applications capables de produire textes, images et autres contenus sur simple requête en langage courant. «La progression (dans l’IA générative) ne sera pas linéaire», a estimé jeudi le patron d’Amazon, Andy Jassy, lors d’une conférence téléphonique. Il a réitéré son «optimisme» quant au «potentiel énorme» de la technologie.

Course effrénée
«Nous investissons beaucoup dans tous les domaines dans l’IA et nous continuerons à le faire», a-t-il ajouté, soulignant qu’Amazon aimerait avoir encore «plus de capacité que celle dont nous disposons déjà». Le cloud est essentiel dans le déploiement des programmes d’IA générative pour les entreprises et les particuliers, d’où des investissements massifs dans de nouveaux centres de données ad-hoc, toujours plus gourmands en énergie.

En avril, Amazon avait prévenu que les investissements allaient augmenter, au-delà des 14 milliards de dollars déjà dépensés au premier trimestre, principalement pour AWS et l’IA générative.

La technologie «représente déjà des revenus annuels de plusieurs milliards de dollars», avait assuré Andy Jassy.

Les dirigeants ont tous insisté sur l’impératif de ne pas prendre de retard sur la concurrence. Dans le contexte actuel, «le risque de sous-investissement est beaucoup plus grand que le risque de sur-investissement», a notamment déclaré Sundar Pichai, le patron de Google, la semaine dernière. «Même quand nous sur-investissons, il s’agit de toute façon d’infrastructures très utiles et qui ont un long cycle de vie.» Mais les actionnaires, soucieux de voir rapidement des retours commerciaux proportionnels aux dépenses, s’inquiètent des ratés.

Amazon a par exemple vendu moins d’espaces publicitaires qu’anticipé par les analystes pendant le trimestre écoulé. Chez Microsoft, c’est le cloud qui a déçu: les ventes trimestrielles d’Azure ont progressé de 29% sur un an, moins que les 31% escomptés.

Meta tire son épingle du jeu
Google avait aussi tout pour plaire, à l’exception du chiffre d’affaires trimestriel de YouTube, inférieur aux attentes. Seul Meta (Facebook, Instagram) a véritablement tiré son épingle du jeu mercredi, grâce à ses ventes de publicité ciblée, toujours plus attractives grâce à l’IA. Les profits du géant des réseaux sociaux se sont envolés de 73% sur un an, à 13,5 milliards de dollars au deuxième trimestre.

«Si une entreprise affiche des résultats solides dans son activité principale, ses investissements dans l’IA sont perçus de manière plus positive», commente Debra Aho Williamson de Sonata Insights.

«Mais si elle montre des signes de faiblesse, comme nous l’avons vu la semaine dernière avec YouTube, la démarche peut sembler plus risquée.»

Le cœur de métier d’Amazon, sa plateforme de e-commerce, a de son côté vu ses recettes progresser de 9% à 90 milliards de dollars en Amérique du Nord, dont 5 milliards de bénéfice opérationnel. L’entreprise continue de séduire largement notamment grâce aux temps de livraisons ultra rapides. Mais elle est menacée par la plateforme de vente à prix cassés Temu, version internationale du mastodonte chinois Pinduoduo, et Shein, fondée en Chine et basée à Singapour.

Selon la chaîne CNBC, le groupe envisagerait de lancer une nouvelle section sur sa plateforme, dédiée à la mode à bas prix et d’autres produits bon marché fabriqués en Chine, pour permettre à des commerçants chinois de vendre directement aux consommateurs américains.

Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO

 


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