France : à l’approche des JO, les commerçants parisiens s’activent pour doper leur visibilité numérique
Au-delà d’être l’évènement sportif le plus médiatisé de la planète, les Jeux olympiques constituent aussi une mine d’opportunités pour les opérateurs économiques. Pour ne pas manquer cette fenêtre unique, aucun effort n’est ménagé, et la technologie joue un rôle important.
Dans son épicerie italienne du 18e arrondissement de Paris (nord), Nicola Balestra distribue depuis plusieurs semaines des QR codes à ses clients pour qu’ils lui laissent un avis. Le but ? Améliorer sa visibilité sur Google Maps en amont des Jeux olympiques.
Pour lui, le QR code qui renvoie à la fiche de son établissement, où pendent des grappes de piments séchés, était «un outil facile à mettre en place». «J’ai dit à mes clients : puisque vous me connaissez depuis tant d’années et que je ne vous ai jamais déçus, aujourd’hui, j’ai besoin de vous», raconte-t-il à l’AFP. «En quinze jours, j’ai dû gagner 60 avis». Son épicerie jouit d’une note de 4,9 sur 5 et de commentaires dithyrambiques. De quoi potentiellement attirer les touristes. Car si son établissement reste ouvert pendant la période des Jeux, du 26 juillet au 11 août, «les Parisiens ne seront pas là», souligne Nicola Balestra.
La technologie, un allié de poids
Plus de 15 millions de visiteurs sont attendus en Ile-de-France pour les Jeux olympiques et paralympiques, dont 2 millions venant de l’étranger, d’après une étude de l’office de tourisme parisien. Or, beaucoup ne jurent que par les moteurs de recherche et les réseaux sociaux pour s’orienter dans une ville et y consommer. «Aujourd’hui, être présent sur Internet est devenu indispensable et, demain, celui qui ne sera pas sur Internet est voué à disparaître», résume Thierry Véron, président de la Fédération des associations des commerçants et des artisans de Paris (FACAP).
Pour capter cette clientèle, «c’est le branle-bas de combat» chez les commerçants et artisans franciliens à quelques semaines de l’échéance, reconnaît-il.
La FACAP, en partenariat avec la Chambre des métiers de l’artisanat (CMA) d’Ile de France, la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCI) et la Fédération française des associations de commerçants (FFAC), a ainsi travaillé avec Google pour le lancement d’ateliers numériques dédiés. Lancées mi-juin, ces sessions gratuites spéciales JO ont été conçues pour être «extrêmement concrètes et pratiques», explique Hélène Marlaud, directrice du programme des ateliers numériques chez Google, qui existe depuis 2012.
Parmi les besoins identifiés chez ce public de professionnels : «la prise en main des outils de traduction automatique», complète-t-elle.
Devant un auditoire attentif d’une quinzaine de personnes, malgré les bruits de perceuse à l’extérieur, le formateur Detsouvan Soum passe en revue les clés d’un bon référencement et les différentes méthodes pour traduire menus et sites Internet. L’approche est «agnostique», Google n’étant pas le seul moteur de recherche mis en avant. «Yahoo a une part de marché plus importante à l’international, notamment aux États-Unis», d’où l’importance pour les commerçants d’être présents et de recevoir des avis sur plusieurs plateformes, insiste l’expert. Il donne aussi des conseils sur l’utilisation des intelligences artificielles génératives comme ChatGPT ou Gemini pour créer des contenus ciblés en plusieurs langues sur les réseaux sociaux ou répondre aux commentaires des clients.
Dispositif exeptionnel
Nathalie Ouvrard, créatrice de bijoux, dont l’atelier situé dans le quartier très touristique du Marais (centre) sera exceptionnellement ouvert pendant les Jeux olympiques et paralympiques sort enthousiasmée de l’atelier. Son objectif : faire davantage de publications en anglais sur son compte Instagram et traduire son site Internet. Sans l’imminence des Jeux, elle n’entreprendrait pas forcément toutes ces démarches qui prennent du temps et de l’énergie. Même si «j’essaie de ne pas me mettre trop de pression», glisse-t-elle.
La Chambre des métiers de l’artisanat (CMA) d’Ile de France a aussi mis en place en parallèle des ateliers Google, des sessions de langue et de sensibilisation à la cybersécurité jusqu’à la fin du mois pour une sélection d’artisans, entre 300 et 400, choisis pour tenir un rôle d’ambassadeurs du savoir-faire français pendant les JO. «Comme les Jeux olympiques sont un accélérateur de la vie dans une ville, ils seront aussi pour nos professions un accélérateur de la numérisation», résume à l’AFP David Zenouda, vice-président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) dans la région.
Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO