Culture

27e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde : la quête de l’Esprit Al-Andalus

Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa a présidé l’ouverture grandiose de la 27e édition du Festival de Fès, célébrant «La quête de l’Esprit Al-Andalus». Divers artistes ont participé à ce spectacle mettant en exergue l’héritage arabo-andalou et rappelant l’âge d’or de coexistence des religions.

Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa a présidé, vendredi soir, l’ouverture grandiose de la 27e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde. Placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette édition célèbre «La quête de l’Esprit Al-Andalus», mettant à l’honneur le Royaume d’Espagne.

La soirée inaugurale «Zyriab ou la cinquième corde» a convié le public à un voyage aux sources de la musique andalouse. Des artistes de renommée mondiale de diverses traditions ont partagé leur quête du sacré à travers un spectacle puisant dans l’héritage arabo-andalou, inspiré des philosophies antiques.

Un voyage entre ciel et terre
Le poète et musicien kurde Zyriab, figure centrale de cette soirée, a guidé le public des cieux aux palais de Cordoue, au temps de l’émir omeyyade Abd Al-Rahman II. Rabie Katti, Sanaa Marahati, Juan Carmona et bien d’autres se sont illustrés sur la scène somptueuse de Bab Makina, aux côtés d’artistes ouzbeks, iraniens, syriens, indiens, égyptiens, italiens, arméniens, français et marocains.

SAR la Princesse Lalla Hasnaa a remis les «Prix jeunes talents-Esprit de Fès» à quatre lauréats du Conservatoire de musique de Fès, récompensant leur talent au violon et au qanoun. Une photo souvenir avec les artistes a clôturé cette soirée d’ouverture haute en couleurs, célébrant la riche tradition des musiques sacrées du monde.

Une alchimie particulière
Intervenant en marge de l’ouverture de cette 27e édition, Abderrafia Zouitene, président de la Fondation «Esprit de Fès», a souligné que l’alchimie entre les valeurs de tolérance, de dialogue des cultures et des religions, et la ville historique de Fès, confère une «touche très spécifique» au Festival des musiques sacrées.

Dès le départ, la Fondation s’est fixée comme objectif de promouvoir ces valeurs chères au Royaume, conformément aux orientations royales. Fès, avec ses 12 siècles d’histoire, sa médina millénaire et la plus ancienne université du monde, forme «une alchimie particulière» qui confère au Festival sa dimension unique. De l’avis de nombreux observateurs, il s’est érigé comme «le plus grand festival de musique sacrée au monde».

Une célébration de la cohabitation andalouse
Sous le thème «La quête de l’Esprit Al-Andalus», Zouitene a insisté sur la relation profonde liant le Maroc et l’Espagne, pays à l’honneur cette année. L’Andalousie a connu un âge d’or de coexistence pacifique des trois religions du Livre, une tradition que le Maroc a su perpétuer, notamment à travers la musique andalouse, partie intégrante de son héritage culturel.

Le président s’est également réjoui des importantes retombées économiques et touristiques du Festival sur Fès, promouvant l’artisanat, le tourisme et le rayonnement de la cité idrisside. Cette 27e édition célèbre ainsi l’esprit de cohabitation andalou de la période située entre les 8e et 15e siècles, considérée comme un «âge d’or» dont l’écho perdure dans le Royaume.

Une réflexion approfondie sur l’esprit d’Al-Andalus
Lors du forum organisé dans le cadre du Festival, des intellectuels des deux rives de la Méditerranée ont mené une réflexion approfondie sur l’esprit d’Al-Andalus et ses multiples dimensions. Universitaires, écrivains et chercheurs ont exploré ce vivier inépuisable de l’imaginaire, alimentant thèses et antithèses pendant des siècles. L’universitaire Bernabé Lopez Garcia a souligné l’importance de raviver cet esprit de dialogue entre cultures et religions, rendant hommage au grand Jacques Berque. Le romancier Mustapha Kebir Ammi a, quant à lui, mis en lumière l’apport du géographe humaniste Al-Idrissi, figure emblématique respectueuse de l’Autre.

Au-delà des mythes et réécritures de l’histoire, l’Andalousie pluriculturelle fait figure d’épopée consacrée, véhiculant l’utopie d’un vivre-ensemble serein entre les trois religions monothéistes. Une grande source d’inspiration artistique, philosophique et scientifique qui transcende les appartenances, comme l’ont relevé les organisateurs de ce forum.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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