Salon du bois : les professionnels plaident pour un cadre juridique renforcé
La 5e édition du Salon international du bois de Meknès table sur plus de 100.000 visiteurs et un chiffre d’affaires dépassant les 8 millions de dirhams. Avec 15.344 artisans mobilisés dans le travail du bois, la région concentre 7,7% des emplois de cette filière au niveau national et près de 14% des effectifs de l’artisanat régional.
C’est l’effervescence autour de la 5e édition du Salon international du bois de Meknès, qui s’est ouvert le 1er mars dernier. Les organisateurs de l’événement, qui se déroule jusqu’au 10 mars, tablent sur plus de 100.000 visiteurs et un chiffre d’affaires dépassant les 8 millions de dirhams pour cette édition 2024.
Ce niveau record d’affluence et de retombées économiques n’a rien d’étonnant au regard du poids considérable du secteur du bois dans l’artisanat national et régional. Les trois éditions précédentes avaient déjà attiré plus de 300.000 visiteurs et généré près de 16,4 millions de dirhams de chiffre d’affaires, au profit de 450 artisans exposants.
Au niveau national, la filière du bois représente à elle seule 17% de l’ensemble du secteur de l’artisanat, réalisant un chiffre d’affaires annuel de 12,4 milliards de dirhams. Elle emploie également près de 200.000 artisans, soit 17,5% des effectifs totaux de ce secteur d’activité séculaire. La région Fès-Meknès figure parmi les pôles majeurs du Royaume pour l’artisanat du bois.
Cette spécialité artisanale y génère plus d’un milliard de dirhams de chiffre d’affaires par an, équivalant à 8% du total national. Avec 15.344 artisans mobilisés dans le travail du bois, la région concentre 7,7% des emplois de cette filière au niveau national et près de 14% des effectifs de l’artisanat régional.
Plaidoyer pour une politique artisanale transversale et territorialisée
Lors de la cérémonie d’ouverture de cette 5e édition du Salon international du bois de Meknès, le président de la Chambre de l’artisanat de la région Fès-Meknès, Abdelmalek Boutyine, en a profité pour lancer un appel en faveur de l’élaboration d’une véritable politique publique globale et intégrée dédiée au secteur de l’artisanat.
Selon lui, il est aujourd’hui primordial que les pouvoirs publics se dotent d’une stratégie d’ensemble pour accompagner le développement de cette activité économique séculaire, véritable fleuron du patrimoine culturel et identitaire national.
Cette politique devra être pensée en étroite symbiose avec les orientations des plans de développement régionaux et nationaux, en particulier le Programme de développement régional (PDR) et les différents schémas d’aménagement urbain. L’objectif étant d’assurer une prise en compte optimale des enjeux, contraintes et besoins spécifiques du secteur artisanal lors de la définition des stratégies d’aménagement du territoire, qu’il s’agisse de l’implantation des zones d’activités, des plans de circulation, de la préservation des quartiers historiques ou encore du développement de l’offre de formation aux métiers d’art. Une véritable politique artisanale globale et transversale apparaît désormais indispensable pour garantir la pérennité de ce riche patrimoine économique national.
Le pari de l’innovation et du renouveau
Moha Er Rich, directeur de la préservation du patrimoine, de l’innovation et de la promotion au ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, a souligné l’importance accordée à l’innovation et au renouvellement dans les plans de développement de l’artisanat au Maroc.
Cette priorité se traduit par une ouverture sur les instituts, les universités et l’intégration de la recherche scientifique dans le secteur. Elle passe également par le renforcement de la formation continue et la diversification des produits, dans un souci constant de qualité et de protection des savoir-faire. Conscient des enjeux de préservation du riche patrimoine artisanal national et d’amélioration continue de la qualité, le ministère a élaboré une stratégie qualité intégrée pour les produits de l’artisanat.
«Celle-ci s’articule autour de plusieurs axes, dont la recherche et l’innovation, le design, la normalisation, la propriété intellectuelle, le marquage, la certification et le contrôle qualité», précise Er Rich.
Un cadre juridique renforcé
Le renforcement du dispositif juridique constitue un axe prioritaire dans la stratégie du ministère visant à préserver les savoirs artisanaux ancestraux et valoriser le riche patrimoine culturel immatériel national. Un arsenal législatif a ainsi été déployé, avec notamment la loi 133.12 du 27 avril 2016 et ses textes d’application.
Pour Er Rich, cette loi novatrice a permis d’introduire pour la première fois le concept d’indication géographique ou d’appellation d’origine contrôlée pour les produits issus de l’artisanat marocaine. Une avancée majeure pour garantir leur authenticité et traçabilité.
Parallèlement, d’ambitieux chantiers structurants sont engagés afin d’organiser et qualifier l’ensemble des acteurs de la filière artisanale. Ils s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre de la loi 50.17 relative à l’exercice des activités artisanales, à travers un vaste plan de réformes sous l’égide du ministère depuis la publication des textes réglementaires d’application.
L’objectif est de doter ce secteur économique séculaire d’un cadre juridique moderne et complet, gage de développement durable et de rayonnement national et international.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO