Sécurité alimentaire : les cours mondiaux des denrées ont baissé de 13,7% en 2023, selon la FAO
Après la flambée de 2022 liée à la guerre en Ukraine, les prix mondiaux des denrées alimentaires ont baissé de 13,7% en 2023, avec un repli marqué pour les huiles végétales et les céréales, a indiqué vendredi l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
L’indice des prix calculé par la FAO, qui suit la variation des cours internationaux d’un panier de produits alimentaires échangés sur les marchés, est en baisse de 15,4 % en 2023 par rapport à l’année précédente pour les céréales, «reflétant des marchés mondiaux bien approvisionnés». Si le décalage entre la chute des cours sur les marchés agricoles et l’inflation dans les rayons des supermarchés ne permet pas encore au consommateur de percevoir cette baisse, une page s’est tournée après l’envolée inédite des prix de 2022.
Un répit pour les importateurs
Les prix des céréales et des huiles avaient alors brutalement grimpé, reflétant l’inquiétude d’un effondrement des productions dans la super-puissance agricole ukrainienne – alors premier exportateur mondial d’huile de tournesol et au quatrième rang pour le maïs et le blé. Les cours du blé, indispensable céréale du pain, avaient flambé, faisant craindre à l’ONU une catastrophe alimentaire accrue dans les États fragiles. Le maintien d’exportations, même moindres, par Kiev, l’abondance de l’offre russe et australienne en blé et les belles récoltes brésiliennes de maïs et de soja ont favorisé le reflux des cours (-28 % pour le blé sur le marché européen sur un an).
Ce reflux a offert un répit aux importateurs, mais la FAO estimait en novembre que les dépenses mondiales d’importations alimentaires devraient continuer à augmenter en 2023, notamment du fait des coûts du transport et d’effets de changes défavorables pour les États fragiles. Le repli constaté en 2023 est d’autant plus notable pour les céréales que l’indice FAO des prix du riz a, quant à lui, augmenté de 21% sur cette période, en grande partie en raison des inquiétudes concernant l’impact potentiel du phénomène climatique El Niño sur la production mondiale et du fait de restrictions à l’exportation imposées par l’Inde.
Le sucre fait de la résistance
La plus forte baisse vient des huiles végétales, qui chutent de 32,7% en 2023, par rapport à 2022. Un repli qui se poursuit en décembre, «l’huile de soja en particulier étant affectée par un ralentissement de la demande du secteur du biodiesel ainsi que par l’amélioration des conditions météorologiques dans les principales zones de culture du Brésil», précise la FAO.
Le sucre est la seule production à échapper au repli général annuel avec 26,7% de hausse. Mais il a finalement lui aussi entamé un reflux : en décembre, l’indice est en baisse de 16,6% par rapport à novembre, atteignant son «niveau le plus bas en neuf mois».
La chute des cours du sucre est «principalement due au rythme soutenu de la production au Brésil, ainsi qu’à la réduction de l’utilisation de la canne à sucre pour la production d’éthanol en Inde», souligne l’organisation onusienne. Les prix des produits laitiers n’ont pas échappé au repli général (-23,6% en 2023), sous l’effet d’une demande d’importation morose, mais la FAO note un rebond en fin d’année, avec une hausse de 1,6% en décembre par rapport à novembre : une hausse due à l’augmentation des prix du beurre, du lait entier en poudre et du fromage, notamment sous l’effet des fêtes de fin d’année en Europe occidentale et en raison d’une augmentation de la demande au Proche-Orient.
La viande est le produit qui a le moins évolué, avec une baisse des prix de 3,5% en 2023 par rapport à l’année précédente, dans un contexte de demande modérée des principaux importateurs et notamment d’un moindre appétit des consommateurs chinois. La baisse concerne les viandes bovine, ovine et les volailles, et est partiellement compensée par une augmentation des prix moyens de la viande porcine.
Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO