Recyclage : 26 millions de tonnes de gisements de déchets au Maroc
Avec 26 millions de tonnes de gisements de déchets par an, le secteur du recyclage présente un apport de l’ordre de 3,7 milliards de dirhams au PIB. Un apport qui, selon Mounir El Bari, président de la Coalition pour la valorisation des déchets (Covad), aurait pu être plus considérable si la gestion des déchets est optimisée. En effet, ce segment de l’économie nationale souffre de quelques lacunes qui persistent depuis quelques années déjà, empêchant ainsi son essor.
En matière de gestion des déchets au Maroc, il reste encore beaucoup à faire. En premier lieu, la problématique du tri des déchets en amont. Par exemple, les déchets qui ne sont pas triés entre la benne des quartiers et la décharge publique sont soit incinérés, soit enfouis, ce qui représente la perte d’un grand volume de matière première qui aurait pu être recyclée et valorisée. Lors d’une réunion organisée récemment par la Coalition pour la valorisation des déchets (COVAD) à Casablanca, le bilan et les problématiques de la valorisation des déchets au Maroc ont été à l’ordre du jour.
Souveraineté nationale
Mounir El Bari, président de la COVAD, et Monsif Charai, son vice-président qui est aussi à la tête de l’Association marocaine de recyclage et de valorisation des déchets plastique (AMRP), ont été clairs : il faut absolument avancer en termes de collecte, de tri et de valorisation des déchets. Selon eux, il en va de la souveraineté nationale, car une meilleure gestion des déchets évitera à notre pays d’importer les matières premières qui sont nécessaires à plusieurs secteurs de l’industrie comme la plasturgie, le carton, le papier, ou encore la pneumatique. «Il ne faut plus parler de déchets, mais de matières premières primes qui servent à fabriquer beaucoup de choses dans le domaine industriel», insiste Mounir El Bari. «La COVAD est un think tank qui ne défend pas une activité ou un business, mais plutôt la gestion optimale des déchets dans notre pays afin de mieux les valoriser», précise-t-il.
Feuille de route
Aujourd’hui, notre pays compte pas moins de treize filières de valorisation des déchets. Parmi les plus importantes, les ordures ménagères et assimilées représentent un gisement de 7 millions de tonnes par an. La filière des déchets plastiques totalise 1 million de tonnes par an, contre 600.000 tonnes pour les déchets en papier et carton. Ayant pour mission de contribuer à la création d’un environnement favorable à la structuration des filières et à la promotion de l’économie circulaire dans le secteur de la gestion des déchets aux niveaux national et international, la COVAD ambitionne de réaliser trois objectifs principaux à l’horizon 2030 : la création d’au-moins 60.000 emplois, la réalisation de 65% de taux de valorisation des déchets, et atteindre un chiffre d’affaires de l’ordre de 12 milliards de dirhams. «La gestion des déchets au Maroc doit, aujourd’hui, être à la hauteur des grands challenges tels que l’organisation de la Coupe du monde et suivre le développement que connaît le Royaume dans divers secteurs», estime le président de la COVAD.
Un modèle de coopération public-privé
La Coalition pour la valorisation des déchets est un regroupement de différentes institutions publiques, privées et civiles dont l’intérêt commun est l’émergence des filières de valorisation au Maroc. Le tour de table de la COVAD se compose notamment du secrétariat d’État au Développement durable, du ministère de l’Intérieur, du ministère de l’Industrie et du Commerce, des Collectivités territoriales, de la CGEM, des opérateurs privés des industries de recyclage, des associations non gouvernementales, ainsi que d’experts nationaux en recherche et développement.
Ahmed Ibn Abdeljalil / Les Inspirations ÉCO