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Les limites de la digitalisation : l’humain, la valeur sûre (VIDEO)

Lors de tout changement, des craintes et des inquiétudes se manifestent. Dans le cas de la digitalisation de l’éducation, le rôle de l’enseignant suscite le débat. Mais les expériences ont prouvé qu’en dépit des avancées, l’humain reste irremplaçable, et davantage encore dans ce secteur vital. Pour surfer sur la vague, miser sur la formation demeure donc la clé.

Certes, en matière de digitalisation de l’éducation, le Maroc n’est pas au summum, mais des limites peuvent-elles s’imposer ?  Une question qui se pose avec acuité, notamment après l’introduction de l’intelligence artificielle. Pour Lamia Outgenza, DG de Inter-national Education Group, on ne peut pas stopper l’avancée du digital.

«L’intelligence artificielle nous montre aujourd’hui les avancées vertigineuses du numérique. Mais comme dans toutes les avancées technologiques, il y a le good, le bad et l’ugly. Ce qu’il faut, c’est mettre en place des réglementations par rapport à l’usage du numérique pour pouvoir se l’approprier plutôt que de le fuir. Par contre, il est difficile de limiter le pourcentage d’utilisation du numérique dans un cours, c’est ce qu’on appelle, la liberté pédagogique. Par ailleurs, prodiguer des formations s’avère aussi nécessaire», indique-t-elle.

Dans une autre mesure, les craintes s’intensifient quant à cette évolution rapide de la technologie. Ces inquiétudes s’illustrent principalement dans le remplacement de l’humain. À cet effet, Otman Harrak, general manager ALX Morocco et co-fondateur de Pip Pip Yalah, estime que l’éthique devrait être toujours en ligne de mire. Salma Karim, chef du département Capital humain et innovation à l’ADDP, estime pour sa part que la digitalisation dans l’éducation est une affaire d’outil et non pas une finalité en soi.

«Il s’agit d’un moyen qui permet d’augmenter l’apprentissage pour pouvoir renforcer les capacités et être le plus inclusif possible. L’autre aspect est celui de l’utilisation des données dont il faut veiller à garantir la confidentialité de ces données dans le processus de digitalisation de l’éducation. De plus, cette transition devrait s’effectuer sans entraver l’épanouissement social de l’apprenant, c’est-à-dire en respectant les interactions sociales et ne pas les limiter. À mon sens, ce sont les principaux guidelines», explique Salma Karim.

Voies de développement
L’autre souci est relatif à la protection des données. Pour donner un ordre de grandeur, Kenza Bouziri, directrice communication corporate et RSE chez inwi, a évoqué le lancement d’Internet et la psychose que cela avait suscité auprès des parents. Le fait de sensibiliser à l’utilisation demeure un moyen efficace, car aujourd’hui, cela fait partie de la vie quotidienne. Il est ainsi nécessaire d’adopter les bonnes pratiques et faire de la pédagogie pour trouver le bon équilibre. Toutefois, en dépit de cette mue numérique, l’enseignant n’est pas voué à disparaitre, bien au contraire. Pour Ilham Laaziz, directrice du programme GENIE au sein du ministère de l’Éducation nationale, la place de l’enseignant est indétrônable, car il lui incombe de transmettre les valeurs sociales entre les élèves, en dehors des valeurs académiques.

«Les meilleurs robots du monde ne parviendront pas à remplacer un enseignant. Je pense que les gens se leurrent en disant qu’avec ChatGPT ou Google, on y trouve ce qu’on cherche. En effet, l’important est de pouvoir analyser la recherche et d’en extraire le meilleur, chose qu’un ordinateur n’est pas en mesure de faire. Tout cela pour dire que la formation demeure une approche primordiale», affirme-t-elle. 

Certes le numérique permet une meilleure inclusion sociale, mais pour l’heure, des pistes de développement sont encore à explorer. Pour le département de tutelle, le principal objectif est de pouvoir garantir une équité sociale pour les huit millions d’élèves du pays. Mais pour assurer un accès à tous, des spécificités régionales sont à prendre en compte. En effet, sur les 12 régions du Royaume, il existe 11.000 écoles et 13.000 écoles satellites, sauf que les besoins diffèrent entre les milieux rural et urbain.

Cependant, le numérique dispose de cette capacité à amener des solutions d’équité éducative. Comme piste d’amélioration, l’opérateur télécoms a mis en exergue le rôle que peuvent jouer les partenariats publics-privé. Fédérer les efforts et les expertises de tout à chacun ne peut qu’apporter des solutions plus efficientes. La formation ne saurait être en reste. Les intervenants ont unanimement insisté sur l’investissement dans l’humain à travers des programmes de formation afin de répondre aux besoins et rester à la page.

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO



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