Maroc

Fès : l’UPF décrypte les nouveautés du PLF 2024

Réunis lors d’une table ronde organisée par l’Université privée de Fès (UPF), des experts dissèquent le PLF 2024. Au menu : comment ce budget entend relever les défis économiques et sociaux du moment, marqués par les séquelles du séisme et les turbulences de la conjoncture internationale.

Le Projet de loi de Finances (PLF) 2024, présenté récemment par le gouvernement, a fait l’objet d’une analyse approfondie par des experts en finances lors d’une table ronde organisée dernièrement à la Fès business school. Cet événement, qui s’inscrit dans le cadre des activités para-universitaires de l’Université privée de Fès (UPF), a permis de mettre en lumière les principaux enjeux et nouveautés contenus dans ce budget pour l’année à venir.

Selon les organisateurs, ce type de table ronde, autour de thématiques économiques et financières, revêt une importance capitale pour les étudiants de l’UPF.

C’est en effet une opportunité pour eux d’enrichir leurs connaissances sur des sujets d’actualité qui influenceront le futur environnement dans lequel ils évolueront en tant que diplômés et futurs actifs. «Analyser en détail un texte aussi déterminant pour les finances du pays que le Projet de loi de Finances leur permet de mieux comprendre les tenants et aboutissants des politiques publiques nationales», précisent-ils.

Nécessité d’une souveraineté économique pour mieux contrôler les politiques publiques
Selon Abderrazak El Hiri, économiste et enseignant-chercheur à l’université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, le PLF 2024 vise à permettre au Maroc de réaliser des avancées à la fois économiques et sociales. Il introduit en effet des nouveautés en matière d’aides directes et de protection sociale, ainsi que des mesures de soutien aux secteurs porteurs pour la croissance économique.

L’ambition est de continuer à progresser sur ces deux plans, condition sine qua non pour parvenir selon lui à établir une véritable «souveraineté économique». Celle-ci passe par une plus grande indépendance du pays dans des domaines cruciaux comme l’alimentation, l’industrie, l’énergie mais aussi la production de compétences locales. Une telle souveraineté permettrait au Maroc de mieux contrôler ses politiques publiques et de mener les actions adéquates pour devenir une économie solide, créatrice d’emplois et de richesses, mais aussi une société plus solidaire et inclusive.

Des défis à relever
Le PLF 2024 vise à apporter les moyens budgétaires adaptés aux défis économiques et sociaux du moment. Ces défis sont nombreux, à commencer par les conséquences dramatiques du tremblement de terre survenu en septembre dans certaines régions du pays.

Le budget 2024 prévoit ainsi des crédits importants pour la reconstruction des zones sinistrées. Il faut également composer avec un contexte international incertain, marqué par l’inflation et les risques géopolitiques liés à la guerre en Ukraine.

Le gouvernement a donc bâti ce Projet de loi de Finances sur des hypothèses prudentes concernant, notamment, le cours du pétrole, le niveau de croissance des principaux partenaires commerciaux ou encore les recettes touristiques. L’idée est de se donner des marges de manœuvre pour préserver les équilibres macro-économiques, tout en maintenant le cap des réformes structurelles engagées ces dernières années dans le cadre du Nouveau modèle de développement.

Un décalage entre indicateurs économiques et ressenti populaire
El Hiri a pointé du doigt certains écarts préoccupants entre les indicateurs officiels pris en compte pour élaborer le PLF 2024 et la réalité vécue par la population. Il a, notamment, mis en avant le fossé entre l’inflation mesuré par l’État et celle ressentie par les ménages, comme en atteste l’indice de confiance des consommateurs qui reste à des niveaux très bas.

L’expert appelle également à améliorer sensiblement le rendement encore trop faible des investissements publics au Maroc, comparé à plusieurs autres pays. Enfin, il met en garde contre la dynamique continue de creusement de la dette publique nationale, véritable épée de Damoclès qu’il faudrait stopper au plus vite pour ne pas hypothéquer l’avenir. Des alertes et recommandations à prendre au sérieux par les pouvoirs publics, selon lui.

Pour Ikram Benomar, directrice adjointe de la Fès business school, cette table ronde a été très utile pour disséquer en profondeur les orientations clés du PLF 2024, aussi bien sur le plan économique et fiscal que législatif. Les discussions ont favorisé le partage des connaissances entre universitaires et professionnels autour des enjeux cruciaux pour les finances publiques marocaines. De tels échanges constructifs sont essentiels pour une compréhension commune des défis budgétaires auxquels le Maroc doit faire face, à l’heure où il cherche à accélérer sa marche vers l’émergence.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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