Maroc

Violence en milieu scolaire : un appel qui secoue les consciences

«La violence provoque la violence. Si un enfant est malmené au sein de sa famille, il est probable qu’il risque de malmener les autres à son tour à l’école». Les mots de Youssef, un enfant, ont trouvé écho lors d’une rencontre sur «La violence en milieu scolaire : connaissances, politiques et pratiques», organisée par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Youssef aborde cette réalité comme s’il s’agissait d’une triste ritournelle, mais il est primordial de faire de la bienveillance la norme.

«La discrimination peut atteindre le point d’exclusion sociale qui affecte l’environnement d’apprentissage et nuit à la sécurité et au confort des élèves dans l’environnement scolaire. L’impact négatif des actes de violence peut aller au-delà des victimes directes et affecter même les enfants qui sont témoins de ces actes honteux, ce qui génère une atmosphère d’anxiété impactant inévitablement le processus d’apprentissage et leur capacité à se concentrer sur ce processus ainsi qu’un manque de confiance en soi. Cela peut conduire, dans des cas extrêmes, au phénomène d’abandon scolaire», indique Habib El Malki, président du conseil.

C’est en ce sens que le conseil, en partenariat avec l’UNICEF, a abordé la question de la violence en milieu scolaire comme un phénomène inquiétant qui empêche la réalisation des objectifs fixés pour mettre en œuvre la nouvelle école. Les travaux de cette rencontre ont porté sur les résultats de l’étude relative à la violence en milieu scolaire au Maroc, menée par le CSEFRS, en partenariat avec l’UNICEF.

Encore du chemin à parcourir
Les conclusions les plus importantes auxquelles parvient cette étude résident dans le fait que la propagation de la violence dans les écoles au Maroc est globalement proche des données enregistrées au niveau international. La situation est alarmante, malgré les efforts déployés pour contenir ce phénomène.

Certains indicateurs globaux extraits de l’étude montrent l’ampleur de sa propagation en milieu scolaire dans diverses disciplines académiques. Parmi ces indicateurs, figurent ceux liés à la violence verbale. L’étude indique que les élèves qui ont été exposés à ce type d’abus, selon leurs déclarations, représentent 16% au niveau primaire contre 23% dans le secondaire. Concernant les violences physiques, le pourcentage d’élèves signalant ce type de violence varie de 15% en moyenne au niveau primaire à 13% dans le secondaire.

De même, les évaluations réalisées dans le cadre du Programme national d’évaluation des salaires (PNEA) pour l’année 2019 ont montré que les résultats obtenus par les élèves du primaire exposés à des actes de violence étaient de 12 à 17 points inférieurs à ceux de leurs camarades qui n’ont pas été exposés à ces actes. Les données obtenues à cet égard confirment que cet écart est plus important au niveau du premier cycle du secondaire.

L’étude a également montré que les actes de violence dans les écoles sont principalement commis par les élèves entre eux, tandis que le personnel enseignant arrive en deuxième position, dans des proportions généralement limitées. Il est également apparu que les employés administratifs et les personnes extérieures à l’école font partie des auteurs de violences en milieu scolaire, mais dans des proportions bien moindres. Les abus revêtent souvent un caractère sexiste, les étudiantes en particulier étant la cible d’une grande partie de la violence, qu’elle soit verbale, physique ou autre.

Les mesures envisagées
Dans ce contexte, le conseil a envisagé plusieurs mesures pour combattre la violence à l’école de manière proactive. Ce qui inclut une analyse approfondie des causes et des motivations de ce phénomène à tous les niveaux de l’éducation, avec une sensibilisation accrue à l’interdiction de toute forme de violence à l’école.

De plus, il préconise la mise en place de systèmes de suivi et de contrôle renforcés, ainsi que l’application rigoureuse des procédures disciplinaires en vue de créer un environnement sécurisé pour les élèves. Il estime crucial d’aborder la violence scolaire avec des méthodes disciplinaires et de surveillance plus appropriées afin de prévenir les comportements inacceptables et de répondre de manière sérieuse et efficace aux infractions aux règlements en vigueur. Cela implique également de revitaliser les systèmes de surveillance et de signalisation des diverses formes de violence à l’école, tout en mettant en place des bases de données spécifiques et des indicateurs pour suivre ce phénomène dans son ensemble.

Enfin, le conseil estime impératif de mettre en œuvre des mécanismes de régulation efficaces au sein de chaque établissement afin d’assurer le respect des normes de conduite et l’adoption d’un code.

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO



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