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Alfa Romeo Giulia et Stelvio : la force des classiques

Les très stylés Alfa Romeo Giulia et Stelvio restylés ont débuté récemment leur carrière au Maroc. Au programme de cette cure de jouvence bienvenue, un petit ravalement de façade, un habitacle plus techno et une gamme remaniée, forte d’une nouvelle finition «Competizione» à l’esprit résolument sportif. Autre bonne nouvelle – sur un marché “diesélisé” comme le nôtre – le 2.2 l JTDM n’a pas dit son dernier mot sous le capot de ce duo de charme.  

«Alfa Romeo est la marque qui a le plus important potentiel d’amélioration». Les guillemets ont dû vous mettre la puce à l’oreille ; il s’agit d’un verbatim. Cette assertion est attribuée à feu Ferdinand Piëch, président du conseil de surveillance du groupe Volkswagen AG, entre 2002 et 2015. «Tifoso» de la marque milanaise, admiratif de son aura et de sa riche histoire, le petit-fils de Ferdinand Porsche a essayé de la racheter au groupe Fiat à maintes reprises au cours de son mandat.

À l’occasion de l’édition 2011 du salon de Genève, il était allé jusqu’à affirmer qu’il ne lui faudrait guère plus de cinq ans pour multiplier par quatre les ventes de la firme au Biscione. L’affaire ne s’est jamais faite. Et les ventes d’Alfa se sont réduites comme peau de chagrin, passant d’un peu plus de 100.000 exemplaires écoulés en 2011 à un peu plus de 55.000 en 2021. Une véritable «hémorragie». Fort heureusement, le groupe Stellantis, nouveau maître à bord depuis sa création en 2021 (justement !), compte bien la stopper. La cautérisation des plaies dont souffre depuis tant d’années la marque italienne est même déjà en cours.

Dans le rôle de «l’urgentiste», Jean-Philippe Imparato, nouvel homme fort de la marque. Ce transfuge de Peugeot, où il a réalisé de grandes et belles choses, s’est fendu, début 2022, en marge de la présentation du SUV compact Tonale, d’une «décla» qui en rappelle furieusement une autre : «les ventes d’Alfa Romeo dans le monde devraient s’élever à 200.000 voitures par an d’ici à 2027». C’est quelque chose comme quatre fois plus que les volumes de ventes réalisés en 2021.

L’argument Imparato…
Pour parvenir à de tels résultats, Imparato peut compter sur le fringant Tonale, mais aussi sur un plan produit ambitieux, qui prévoit la sortie d’une nouvelle Alfa Romeo chaque année jusqu’en 2030. Un chapelet de nouveautés est donc attendu dans les showrooms de la marque, pour y prêter main forte au Tonale et aux deux modèles d’âge mûr que sont la berline familiale Giulia et le SUV familial Stelvio, lancés, respectivement, fin 2016 et au printemps 2017.

Certes, une automobile au look inspiré, «haute couture» milanaise, se démodera moins rapidement qu’une rivale à la dégaine passe-partout, étant entendu que l’offense du temps finit par transparaître à un moment donné. «Techniquement», ces deux-là devraient être proches du pot de départ. Cela dit, chez Alfa, la réforme de la retraite a été votée il y a bien longtemps. L’âge légal de départ a été relevé de quelques années. La 147 a tenu dix ans au catalogue et la Giulietta a eu une carrière aussi longue. Alors, pour ne pas se taper la «7chouma» sur les prochaines photos de famille, pour ne pas y avoir l’air d’être les grands-parents des futurs modèles du line-up de la marque, la Giulia et le Stelvio ont subi un restylage fin 2022, le deuxième en date après une petite mise à jour (très timide) en 2019. Ce duo du segment D débarque aujourd’hui sur notre marché avec l’ambition de mieux y figurer, à la faveur d’un relooking léger, mais bien senti, d’un sérieux update technologique, d’une gamme remaniée intelligemment et, last but not least, du maintien au catalogue de l’inoxydable bloc Diesel 2.2 l JTDM.

Ce qui est perçu comme un anachronisme en Europe se révèle être une aubaine de ce côté-ci de Mare Nostrum. La mission des designers des Giulia et Stelvio «new look» consistait à greffer à leur style intemporel, plébiscité à leur sortie, le nouveau langage stylistique de la marque, étrenné par le Tonale. Leur calandre Tribolo, qui a été retouchée très légèrement, a droit à un nouveau dessin de grille. Leurs feux avant ont évolué de manière plus franche, pour leur part.

À l’instar de ceux du Tonale, ils sont désormais dotés de LED matricielles adaptatives (RIP, le bi-xénon !) et de clignotants à défilement dynamique et composés de trois éléments distincts, pour une signature lumineuse plus sophistiquée qu’avant, inspirée du «regard» d’un autre duo milanais, formé par le Coupé SZ (1989) et le roadster RZ (1992), deux icônes dessinées par Zagato. La signature lumineuse des feux arrière a également évolué. Très discrètement. On remarque davantage le verre fumé des feux du Stelvio , nouveauté à laquelle n’a pas droit la Giulia.

Look intemporel, habitacle dans le vent
À bord de ces deux-là, l’évolution la plus notable est sans nul doute l’adoption d’un combiné d’instrumentation numérique. Mieux vaut tard que jamais ! Ses rivales ont blackboulé les jauges analogiques depuis belle lurette. Alfa Romeo s’aligne, mais fait preuve de nostalgie, cependant. Elle adresse un double clin d’œil au passé, aux bons vieux instruments à aiguilles.

En effet, le «Cannocchiale», l’iconique visière «télescopique» de la marque, est toujours de la partie. Elle surplombe le nouvel écran TFT de 12,3 pouces, qui dispose de divers modes d’affichage, parmi lesquels le mode «Heritage». C’est là le second hommage au passé glorieux de la marque. Un tachymètre et un compte-tours inspirés des compteurs analogiques des années soixante s’affichent alors.

Pour sa part, l’écran tactile central offre une plus grande fluidité. Il affiche la même taille qu’avant, soit 8,8 pouces, mais bénéficie désormais du protocole Alfa Connect Services, donne accès à une meilleure connectivité et à des mises à jour «Over the Air» pour évoluer avec son temps. Pour le reste, on retrouve la même présentation intérieure qu’avant, «latine» comme il se doit, un cocktail savoureux de sportivité et d’élégance. La finition n’est peut-être pas aussi imperméable à la critique que celle des rivales allemandes, mais le nouveau haut de gamme «Competizione» (voir encadré) réduit le gap entre les deux italiennes et leurs concurrentes les plus inattaquables en la matière, les berlines et SUV familiaux premium allemands.

«Cuore sportivo e sopprattuto economico»
Au rayon mécanique, la Giulia et le Stelvio repartent sur les mêmes bases. Le quatre cylindres 2.2 litres turbodiesel, le bon vieux JTDM des familles, reprend du service. Il propose toujours deux niveaux de puissance, 160 chevaux et 210 ch, pour un couple maxi de 450 Nm pour la version “petit haras” – couple transféré aux roues arrière via une transmission automatique à 8 rapports – et de 470 Nm pour celle aux écuries à faire passer Augias pour un petit joueur… La variante la plus puissante a droit à la même boîte de vitesses, mais dispatche le couple aux quatre roues, dotée qu’elle est de la transmission intégrale Q4, forte d’un mode imitant à la perfection le comportement des sœurettes à deux roues motrices. Les amateurs de trains arrière joueurs apprécieront, d’autant qu’en termes de performances, les variantes Q4 dépotent méchant ! À titre d’’exemple, le 0 à 100 km/h est l’affaire de 6,8 s au volant de la Giulia de 210 ch, créditée, du reste, d’une vitesse de pointe de 235 km/h. Le «cuore» est donc assez «sportivo». Et super «economico» : 5,7 l/100 km en cycle mixte.

La «Dolce vita, fratello» ! Nous avons pu tester brièvement, sur quelques kilomètres, en pleine corniche de Casablanca, la Giulia Q4. Pas suffisant pour se faire une opinion précise, même s’il pleuvait et qu’on a ainsi pu apprécier, par séquences, le toucher de route inimitable des Alfa et la science du «handling», de la mise au point châssis, de la manufacture italienne. Avec la propu, le modèle de 160 ch, la séance se serait apparentée à un rodéo urbain.

Mode ESP off activé, 450 Nm de couple à passer au sol… «Barely street legal» ! Et on ose à peine imaginer ce que cela donnerait au volant de la Quadrifoglio Verde, restylée elle aussi et disponible à la commande, ainsi que l’a expliqué Mehdi Laghzaoui, directeur d’Alfa Romeo (et de Jeep) au Maroc, lors de l’événement marquant l’arrivée de ce duo de charme sous nos latitudes. Le choix est donné entre trois finitions : Sprint et Veloce, en plus de la susnommée Competizione. La grille tarifaire de la Giulia démarre à 465.000 DH et une petite rallonge de 5.000 DH est nécessaire pour partir au volant du «moins-disant» des Stelvio. Dans les deux cas, ces tarifs sont, c’est assez rare pour le souligner, moins élevés que ceux auxquels s’affichaient les entrées de gamme des versions d’avant-restylage.

Finition Competizione : l’Alfa et l’oméga de l’esprit de la marque !

On vous voit venir, les grincheux ! Ouais, une Alfa Romeo mazout, ce n’est pas vraiment l’esprit de la marque. Si vous vivez encore à l’époque du V6 Arese, on ne peut rien pour vous, amis Alfistes ! Surtout que vous boufferez bientôt de l’électromoteur. La Giulia et le Stelvio sont les dernières Alfa à l’ancienne, dans leur variante «Q2», à plus forte raison. Et pour bien le faire comprendre, la marque au Biscione a sorti du tiroir un patronyme mythique, associé à des Alfa d’exception, la 8C (2006) et la 6C 2500 (1948) :

Competizione. C’est la finition la plus huppée du catalogue des Giulia et Stelvio qui hérite de cette appellation lourde de sens. On se dit qu’il va y avoir du sport !

Basée sur la finition Veloce et «compatible» avec les deux motorisations, cette nouvelle exécution, disponible en série limitée sur le marché marocain, a droit à un «outfit» spécifique, à une livrée mate «Gris Moonlight», à des jantes en alliage de 21 pouces, les cultissimes «Teledials», à des étriers de frein rouges… À bord, les sièges en cuir sont rehaussés de surpiqûres rouges et surmontés d’appuie-têtes siglés Competizione, tandis que la sono est fournie par un grand nom de la place, Harman Kardon. Côté technique, un arsenal d’aides à la conduite plus costaud que celui proposé sur la finition Veloce et une suspension active disponible de série, pour une efficacité et un plaisir de conduire accrus.

Mehdi Labboudi / Les Inspirations ÉCO



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