Politique nationale de l’emploi : le temps de l’action
La politique nationale de l’emploi est un enjeu majeur pour assurer la croissance économique et sociale d’un pays. Dans le cadre du programme gouvernemental 2021-2026, le Maroc a décidé de se doter d’une politique en la matière visant à répondre aux défis économiques et sociaux, et à soutenir la mise en œuvre du Nouveau modèle de développement à l’horizon 2035. En ce sens, le ministère de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences et le Bureau international du travail, ont organisé un événement de concertation pour la formulation de la Nouvelle politique nationale de l’emploi et de l’entrepreneuriat du Maroc à l’horizon 2035 (PNEE 35) au Centre international de conférences Mohammed VI, à Skhirat.
Cet événement fait suite à la présentation des résultats d’évaluation à mi-parcours de la Stratégie nationale de l’emploi (SNE) 2015-2025, lors de la réunion du Groupe de haut niveau, tenue le 15 novembre 2022, sous la présidence de Younès Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, et à la réalisation de consultations bilatérales en vue d’élaborer une plateforme de discussion pour l’atelier. L’exercice d’élaboration de la PNEE 35 aboutira à la formulation d’orientations pour compléter et faciliter la convergence des politiques publiques en vue de favoriser la création d’emplois de qualité pour tous les citoyens, le développement de métiers à forte valeur ajoutée ainsi que la transition de l’économie vers les activités de connaissance durable et la formalisation de l’informel.
Pour y parvenir, il faut impérativement mettre en place des mesures visant à améliorer les conditions de travail et à garantir une protection sociale aux travailleurs, en renforçant la législation et les mécanismes de contrôle. Cela devrait permettre de lutter contre le travail informel et les conditions de travail précaires tout en assurant une meilleure protection sociale aux travailleurs. Un point qui a été relevé par Sekkouri lors de la Conférence nationale sur l’environnement des affaires, où il a révélé les nouvelles dispositions mises en œuvre par le gouvernement pour libérer le potentiel des petites entreprises.
«Pour la première fois dans l’histoire du gouvernement au Maroc, nous avons prévu de prendre en charge les frais de loyer – pour ramener les entreprises de l’informel vers le formel – dans le cadre d’un plafond annuel de 10.000 DH», a déclaré le ministre. Et d’ajouter qu’il «est prévu également la prise en charge des frais de tenue de tout ce qui est back office, processus de comptabilité, de finance…, plafonné à 1.000 DH pour les petits entrepreneurs, ainsi que la réorientation de l’effort de la formation personnelle. Sont aussi envisagées des mesures en faveur de l’emploi destinées à alléger la charge salariale, en attendant la réforme du Code du travail qui devrait démarrer en juillet 2023».
Ce qu’il y a lieu de retenir des travaux de l’atelier de formulation de la PNEE 2035
Il convient de noter que l’évènement fait suite à la présentation des résultats d’évaluation à mi-parcours de la Stratégie nationale de l’emploi (SNE 2015-2025), lors de la réunion du groupe de haut niveau, tenue le 15 novembre 2022 sous la présidence de Younes Sekkouri, et à la réalisation de consultations bilatérales en vue d’élaborer une plateforme de discussion pour l’atelier.
Le ministère, avec l’appui du Bureau internationl du travail (BIT), a préparé un document de synthèse en vue d’introduire les débats et d’identifier des orientations dans la perspective du plan d’action de la PNEE 2035. Il en ressort que les besoins, en termes de création d’emplois, vont dépendre de la démographie ainsi que des objectifs de réduction du chômage et d’augmentation du taux de participation des femmes. Rappelons que le NMD préconise une croissance de 6 à 7%, avec un taux d’activité des femmes de 45%. Il vise également à réduire la part de l’informel dans l’emploi salarié à 20% et à œuvrer donc en vue de faire parvenir la part de l’emploi formel à 80% de l’emploi total. Quand à l’investissement privé, l’objectif escompté est qu’il s’élève à 65% (les deux tiers) du total des investissements.
Les objectifs étant fixés, place aux défis à relever ! Le principal étant de pouvoir absorber les 5,4 millions de jeunes qui vont intégrer la population en âge de travailler d’ici 2035. Les scénarios prévoient une croissance de la productivité dans le secteur agricole de 7% (contre 4%), et davantage d’emplois féminins dans l’industrie et les secteurs sociaux, mais moins dans le commerce.
Les TPE génèrent 70% de l’emploi
Le rôle de l’entrepreneuriat et des TPE est primordial dans la création d’emplois, sachant qu’il est peu probable que les moyennes et grandes entreprises puissent générer suffisamment d’emplois, surtout pour les salariés. Ceci s’explique en partie par la diffusion des nouvelles technologies de l’information et de la communication, lesquelles réduisent les coûts de l’externalisation de certaines tâches dans les processus de production. Les chiffres déclarés révèlent ainsi que les TPE génèrent 70% de l’emploi au Maroc. De même, il se dégage de certaines études, menées récemment, que si 5 à 10% des entrepreneurs pouvaient développer leurs entreprises, ils seraient en mesure de créer 100.000 à 200.000 emplois par an.
Les pistes potentielles
Une des pistes à explorer, au niveau des dépenses publiques, serait le fait d’évaluer préalablement l’impact des dépenses publiques et mécanismes de financement sur le niveau d’activité économique et les objectifs fixés dans la PNEE. Concernant les instruments pour gérer les chocs corrélés, il devrait y avoir des fonds de réserves gérés par la Banque centrale, des fonds régionaux pour l’emploi, ainsi qu’un régime réglementaire adapté à la TPE.
Parmi les recommandations émises, figure la mobilisation des investissements privés vers des secteurs/chaînes de valeur stratégiques, conditionnés à la création d’emplois et d’opportunités commerciales pour les TPE. Ont pris part à cet événement – visant à identifier les solutions idoines pour surmonter les défis de l’emploi et de l’entrepreneuriat, en capitalisant sur le retour des expériences nationales et internationales – les partenaires sociaux publics et privés ainsi que des représentants de la société civile et d’organisations internationales.
Rappelons que l’objectif de cet évènement était d’ouvrir le débat sur des thématiques transversales d’excellence, celles de l’emploi et de l’entrepreneuriat.
Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO