Université-entrepreneuriat : quel rôle pour les incubateurs universitaires ?
Par Dr. Majdouline Hilali
Enseignante-chercheuse ISGA Casablanca
La mondialisation croissante des marchés renforce l’idée que l’innovation est un facteur essentiel de compétitivité. En effet, les universités peuvent y jouer un rôle important afin d’encourager l’éclosion de vocations d’entrepreneurs. D’où l’intégration de l’université dans l’écosystème entrepreneurial. D’ailleurs, il convient de trouver les clés de compréhension de la relation entre l’université et l’entrepreneuriat, laquelle se développe de plus en plus et a pris, à travers le temps, des formes différentes.
Afin d’aligner les missions de recherche et d’enseignement avec celle du développement économique, l’université mise sur la révision des structures et fonctions académiques. Une nouvelle orientation, dite entrepreneuriale, complète alors la mission traditionnelle de l’université, à savoir l’enseignement et la recherche. L’université entrepreneuriale représente donc une voie par laquelle l’université pourra relever les défis de l’employabilité des jeunes diplômés. Le rôle capital que joue l’entrepreneuriat des jeunes en tant que levier du développement économique et de création d’emplois n’est plus à démontrer. C’est d’autant plus important au Maroc. Selon les statistiques du dernier rapport du «Global entrepreneurship monitor» 2017, 10.6% de la population de 15-29 ans ne sont ni dans le système de formation ni en emploi. L’importance de la création d’entreprise et de l’auto-emploi est alors vitale pour cette catégorie d’âge.
L’accompagnement crucial dans un projet entrepreneur
Aujourd’hui, l’université ne développe pas que des programmes de formation, mais aussi des programmes de développement des compétences entrepreneuriales des étudiants ainsi que des structures d’incubation. Les incubateurs sont alors considérés comme un outil prometteur soutenant l’innovation et la croissance entrepreneuriale.
De nos jours, l’entrepreneuriat est de plus intégré dans le monde universitaire. Cela se traduit par l’instauration d’une entité au sein de l’université : les incubateurs. Ces derniers, jouent un rôle important dans la relation entre l’université et l’entrepreneuriat. Dans cette perspective, les incubateurs ont des apports indéniables à cette relation en termes de structuration de catalyseur et d’intermédiation.
Au Maroc, l’incubation a été introduite au début des années 2000, notamment dans les universités, sous l’impulsion de l’article 7 de la loi 01.00 portant sur l’organisation de l’enseignement supérieur. Les incubateurs jouent alors un rôle d’accompagnement des étudiants en termes de développement d’esprit entrepreneurial et d’accompagnement de l’idée de projet jusqu’à sa concrétisation.
Introduction de la pédagogie entrepreneuriale :
À l’heure actuelle, l’université mise sur l’installation d’une pédagogie entrepreneuriale, permettant à l’étudiant de compléter sa formation de base avec des programmes de langue et de soft Skills. L’existence de plateformes permet aux étudiants l’obtention de certifications en langues ou en maitrise de logiciels informatiques. L’implémentation d’approches multidisciplinaires incite à inventer d’autres façons d’apprendre et à utiliser les meilleures ressources technologiques. Les nouvelles intelligences représentent alors une composante incontournable du fonctionnement des organisations. Dans ce sens, le président de l’ISGA, Tawhid Chtioui, souligne que : «Le développement de l’économie marocaine passe alors par une formation hybride et innovante qui répond aux enjeux de la transformation de la société et qui oriente les étudiants vers les filières créatrices et porteurs d’emploi.»
Rôle de l’incubateur dans la promtion de l’entrepreneuriat des jeunes
Plusieurs raisons peuvent expliquer la faiblesse de la proportion des jeunes entrepreneurs. Certains facteurs peuvent être identifiés selon le dernier rapport de «The Africa competitiveness» en 2017 qui pointe le manque de financement, l’absence de connaissance et de compétence en entrepreneuriat, le manque de conseil et d’orientation, le manque de relations professionnelles, les ressources limitées… Ces indicateurs ont été considérés comme les principaux freins à l’entrepreneuriat des jeunes.
D’ailleurs, plusieurs expériences ont été menées au niveau mondial pour promouvoir la culture entrepreneuriale au sein de l’université. Dans ce sens, cette dernière est amenée à participer plus activement et directement à la création de richesse tout en préservant ses missions classiques d’enseignement et de recherche. La capacité à entreprendre ne peut donc s’acquérir que dans le cadre d’une pédagogie caractérisée par l’utilisation des problématiques de l’entreprise comme support d’enseignement et l’implication d’acteurs de la vie professionnelle aux côtés du corps professoral. Au Maroc, il est à préciser que le chômage touche principalement les titulaires des diplômes supérieurs.
En effet, d’après le Haut commissariat au plan, le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur a frôlé 19.8% en 2020. Ainsi, l’université est appelée, plus que jamais, à renforcer ses actions dans le domaine de l’entrepreneuriat. Le salariat ne doit plus rester le seul objectif recherché par les lauréats de l’université. Pour cette raison, ses actions et son offre, en termes d’entrepreneuriat, doivent être conçus de manière à développer la faculté à entreprendre pour favoriser le passage à l’acte d’entreprendre.