Craintes de ralentissement économique
Les pressions, en particulier de l’extérieur, poussent à un fort relèvement du niveau actuel du taux directeur. Il semble, au vu de certaines institutions internationales, que les deux hausses successives du taux de BAM, effectuées par le régulateur durant les deux derniers trimestres de l’année dernière, n’ont pas encore eu l’effet escompté, à savoir juguler l’inflation. Celle-ci s’est maintenue à un niveau anormalement élevé chez nous, soit 8,1% à fin novembre, et ne devrait pas faiblir de sitôt.
Si Bank Al-Maghrib tablait sur un taux de 6,6% à fin 2022, l’inflation se maintiendrait à plus de 4,3% en 2023 si tout se passe bien. Cela reste élevé pour le Maroc qui n’a pas connu pareille flambée des prix depuis des décennies. D’où la nécessité, selon des sources du marché, de continuer à augmenter les taux du système bancaire. Et il faut être courageux, en y allant franco. 1% d’un coup d’ici juin tout en maintenant le taux directeur à 3,5% toute l’année.
Outre l’inflation, cette mesure pourrait avoir pour effet de soutenir le dirham face au panier de devises pondérées à 60% pour l’euro et 40% pour le dollar. Reste à savoir quelle politique va privilégier BAM. Va-t-elle opter pour la favorisation de la croissance au détriment de la hausse du taux directeur ? Tout porte à croire que c’est le cas puisqu’elle a intégré ce relèvement du taux dans ces prévisions de croissance. Au lieu des 3,6% précédemment prévus, la croissance ne dépasserait pas 3,2% en 2023 pour BAM, preuve qu’elle craint que la hausse du taux directeur n’induise un ralentissement économique.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO