Alerte sur la pollution de l’eau par les margines
Face au niveau très faible des réserves en eaux au niveau du bassin de Sebou, l’impact écologique de la campagne de trituration d’olives dans la région devient de plus en plus inquiétant. Dans ce cadre, l’Agence du bassin hydraulique de Sebou (ABHS) lance des journées de sensibilisation au profit des unités de trituration pour lutter contre la pollution de l’eau par les margines. Un programme d’inspection sera également mis en place pour contrôler et arrêter les contrevenants.
Dans le cadre de la stratégie nationale du ministère de l’Équipement et de l’eau visant la sensibilisation pour une utilisation rationnelle des ressources en eau et leur préservation, l’Agence du bassin hydraulique de Sebou (ABHS) lance des journées de sensibilisation au profit des unités de trituration des olives pour lutter contre la pollution de l’eau par les margines. Ce programme de sensibilisation, qui intervient en parallèle avec le lancement de la campagne de trituration des olives 2022-2023, vient pour accompagner l’accroissement du nombre d’unités de trituration enregistré sur le périmètre du bassin au cours des dernières années. Cette augmentation des unités, marqué par le rejet aléatoire des margines dans le milieu naturel, cause plusieurs problèmes environnementaux au niveau du bassin, puisqu’il conduit à la fois à la pollution des nappes phréatiques, des cours d’eau et des barrages, et à l’élimination de certaines espèces vivantes (les poissons et les algues).
Un programme d’inspection des unités
Afin de réduire ce phénomène, l’ABH de Sebou organise, en partenariat avec les préfectures et provinces concernées, des campagnes et des journées de sensibilisation pour mettre en lumière l’impact écologique des margines sur les ressources en eau et proposer des mesures pratiques pour sa conservation et sa valorisation, notamment par l’équipement des unités de trituration par des bassins imperméables dédiés à l’évaporation et le séchage naturel des margines.
«Ce programme, qui sera mené dans plusieurs villes, dont Taounate, Sidi-Kacem, Taza, Meknès, Moulay Yacoub, Khemisset et Sefrou, connaîtra également la production et la diffusion de capsules vidéo et affiches pour lutter contre ce phénomène qui constitue un danger pour la nature en général et les ressources en eaux en particulier», précisent les responsables de l’ABHS.
En parallèle, et conformément à la loi 36-15 relative à l’eau, l’ABHS prévoit la mise en place, tout au long de cette campagne de trituration (en partenariat avec la police de l’eau et les autorités locales), d’un programme d’inspection des unités de trituration pour contrôler et arrêter les contrevenants.
Impact sur l’agriculture
Le rejet des margines dans les cours d’eau impacte négativement l’environnement et la santé des êtres vivants. Il se traduit, notamment, par le colmatage des sols et la pollution des eaux superficielles et souterraines. En effet, ce type de pollution cause plusieurs problèmes dont, entre autres, une difficulté pour l’abreuvement du cheptel, l’impossibilité de son utilisation à des fins agricoles et la réduction de l’oxygène dissous dans l’eau., Il faut noter que les margines peuvent représenter jusqu’à 120 litres par quintal d’olives traitées.
Le rejet anarchique des margines, issu des installations avec des décanteurs à trois phases, conduit à la pollution des terres agricoles, des cours d’eau et des bassins hydrographiques et peut avoir des conséquences néfastes sur les cultures et la vie aquatique. Notons que les margines, qui proviennent de la fraction liquide des olives et de l’eau éventuellement rajoutée lors du processus de trituration, contiennent une grande quantité de matières organiques non biodégradables et de forte salinité et acidité.
Dans les installations modernes (décanteurs à deux phases), la quantité des margines peut être quasiment nulles avec un seul sous-produit (grignons). Alors que le seul rejet aqueux est constitué des eaux de lavage qui n’ont aucun impact sur l’environnement.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO