Repenser le financement climatique en Afrique
La COP27 a été une occasion pour faire le point sur l’évolution de l’impact du changement climatique en Afrique. Ce fut également une opportunité d’appeler à des progrès sur le financement climatique.
Vulnérabilité climatique : neuf pays sur dix sont en Afrique
La Banque africaine de développement (BAD) a présenté, dans le cadre des travaux de la COP27, son rapport sur les Perspectives économiques en Afrique 2022, axé sur la résilience climatique et la transition énergétique juste dans le Continent. Intitulé «Soutenir la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique», le rapport souligne la menace croissante que font peser les changements climatiques sur les vies et les revenus des populations africaines.
Il insiste sur la nécessité pour les pays africains de tirer parti des opportunités offertes par la transition verte et les changements climatiques, fait savoir un communiqué de la BAD. Bien qu’elle compte 17 % de la population mondiale, l’Afrique ne représente que 3% des émissions mondiales cumulées de gaz à effet de serre. Cependant, les changements climatiques et les phénomènes météorologiques extrêmes affectent sévèrement ce continent, avec de graves conséquences économiques, sociales et environnementales pour ses populations, ajoute la même source.
«Honorer l’engagement de financement climatique annuel de 100 milliards de dollars, pris en 2009 par les pays à haut revenu envers les pays en développement, va contribuer à rétablir la confiance sur le fait que nous prenons le changement climatique au sérieux, même si cela ne suffit pas», fait savoir l’économiste en chef par intérim et vice-président de la BAD, Kevin Urama. Il est à noter que neuf des dix pays les plus vulnérables aux changements climatiques sont africains. En outre, l’impact de ces changements sur les vies et les revenus des populations du continent coûte déjà entre 5 et 15% de la croissance annuelle du PIB du Continent.
Institutions financières : revoir les modes de financement
Plusieurs pays d’Afrique ont du mal à accéder aux financements climatiques. Ce qui les pousse à insister auprès des institutions financières pour que ces derniers revoient leurs modes de financement. «Nous pensons qu’une action urgente supplémentaire est nécessaire pour assurer le respect des obligations des pays développés», fait-on ainsi savoir du côté de Pretoria.
Au début de la COP27, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, dont le pays – fortement dépendant du charbon – est l’un des plus grands pollueurs du monde, a critiqué les bailleurs de fonds internationaux pour avoir rendu difficile l’accès des pays les plus pauvres à l’aide pour lutter contre le changement climatique. Le soutien des organisations multilatérales «est hors de portée de la majorité de la population mondiale en raison de politiques de prêt qui ont une faible appétence au risque et se caractérisent, notamment, par des coûts onéreux». Il est à noter que le financement des énergies fossiles et de certaines matières premières, dont l’exploitation est jugée polluante, est de moins en moins privilégié par les bailleurs de fonds. D’ailleurs, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guteress, semble s’engager dans une véritable croisade anti-énergies fossiles, depuis que les inondations estivales ont provoqué des dégâts considérables et des pertes humaines importantes, notamment dans des pays asiatiques comme le Pakistan. Mais de nombreux autres grands pays, à l’instar de l’Arabie saoudite, l’Iran ou encore la Russie, continuent de défendre les énergies fossiles.
Financement : miser sur les énergies propres
La COP27 a donné un élan majeur à la réforme des banques multilatérales de développement et des institutions financières internationales pour intensifier le financement climatique. Pour de nombreux acteurs africains, la proposition – consistant à rechercher un consensus multilatéral sur la cohérence des flux financiers vers un développement à faibles émissions de gaz à effet de serre et résilient au changement climatique – ouvrira de nouvelles opportunités d’investissement en Afrique.
L’accroissement des investissements dans les énergies propres en Afrique permettra indubitablement de résoudre la crise de la pauvreté énergétique. Pour les défenseurs du climat, il y a urgence de trouver une solution aux pertes et dommages causés par le changement climatique dans les pays en développement et d’établir de nouveaux accords de financement et un mécanisme pour y remédier.
Malgré tout, la COP27 constitue, selon eux, une étape essentielle vers la mise en œuvre de l’objectif d’adaptation, particulièrement dans des secteurs spécifiques : la santé, la pauvreté et les moyens de subsistance, la gestion des ressources en eau et la biodiversité. Ils ont aussi appelé toutes les parties à travailler de manière constructive, et dans un esprit de compromis, pour traduire dans les faits les recommandations de la Conférence des parties sur les changements climatiques de Charm el-Cheikh.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO