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Huile d’argan, PAM et agrumes : la transformation, le parent pauvre des trois filières

À l’unanimité, il est ressorti du constat dégagé, lors de la présentation des conclusions de l’étude réalisée par l’Observatoire de l’entrepreneuriat (ODE) de Bank Of Africa et le CRI du Souss-Massa, que la question de la transformation et de la valorisation demeure encore le parent pauvre de la production de ces trois filières agricoles. Résultat : la captation de la valeur ajoutée échappe toujours à la région Souss-Massa. 

Stress hydrique, succession de sécheresse et déficit chronique des barrages agricoles… Face à ce contexte récurent de changement climatique, il est évident que l’environnement dans lequel évolue actuellement les filières végétales va s’aggraver, ce qui nécessite un changement de paradigme vers un modèle agricole plus durable axé essentiellement sur la transformation et la valorisation de la production des filières végétales pour une meilleure rentabilité économique. Parmi ces filières dont le rendement agricole est en recul, à cause de cette situation inédite, figurent l’arganier, les plantes aromatiques et médicinales (PAM) et les agrumes.

Ces trois filières ont fait récemment l’objet d’une étude réalisée conjointement par Bank Of Africa et le Centre Régional d’Investissement Souss-Massa dans le cadre de la convention signée entre l’Observatoire de l’entrepreneuriat (ODE) de Bank Of Africa et le CRI de Souss-Massa visant à mettre en valeur les potentialités économiques de la région. À l’unanimité, il est ressorti du constat dégagé lors de la présentation des conclusions de cette étude, mardi dernier, à la CCIS Souss-Massa, que la question de la transformation et de la valorisation demeure encore le parent pauvre de la production de ces filières agricoles.

Résultat : la région Souss-Massa qui couvre la majeure partie de la production de ces filières n’arrive toujours pas à capter la valeur ajoutée dans les zones de production en raison, d’une part, de l’insuffisance de la transformation réalisée de l’aval agro-industriel, et, d’autre part, de la valorisation de cette production agricole. Générant plus de 31 millions de dollars d’exportations au titre de l’année 2021, la filière de l’argan est l’exemple le plus parlant. Aujourd’hui, il est inconcevable encore d’acheminer l’huile d’argan en vrac.

Un modèle axé sur la valeur ajoutée
«Dans le cadre de l’intelligence collective et la mise en œuvre des orientations du NMD, nous sommes obligés de créer de la valeur ajoutée à travers la transformation avec la mise en place d’incitations au lieu de chercher la solution la plus facile au détriment de l’épuisement des ressources naturelles», a souligné Karim Achengli, président du Conseil régional de Souss-Massa.

Pour la région qui dispose d’un tissu important de tissu coopératif, ce gisement d’économie solidaire constitue une opportunité qui doit accompagner le développement régional vers un modèle axé sur la valeur ajoutée et basé sur plus d’intégration. «La valorisation de l’écosystème de l’arganier et sa réserve de biosphère (RBA) doit aller aussi de pair avec la protection de son aspect non marchand et immatériel au cœur duquel se trouve l’élément féminin.

Le constat est le même pour les agrumes, mais aussi les PAM qui disposent d’un potentiel énorme, mais dont la valorisation reste encore très faible», ajoute Achengli. Driss Boutti, président de la CGEM Souss-Massa abonde dans le même sens. Selon lui, «la filière de l’arganier produit l’équivalent de 5.000 tonnes, dont 2.000 à 2.500 exportés. La production se vend toujours en vrac alors qu’il faut la vendre à la goutte», insiste-t-il. Etant donné que la production de l’huile d’argan est liée essentiellement à la cosmétique, le président de la CGEM Souss-Massa a mis en garde contre ce positionnement.

«Une fois que les grandes firmes auront trouvé une autre huile plus attrayante, l’intérêt sera porté sur ce produit, d’où la nécessité de positionner l’huile d’argan durablement dans le secteur médical à travers la recherche et le développement, mais aussi l’alimentaire et la gastronomie afin de donner à l’argan la vraie valeur qu’il mérite», souligne-t-il.

Un impact minime sur le PIB régional quasiment constat
Aujourd’hui, la filière de l’arganier qui emploie 45.000 femmes, essentiellement dans le milieu rural avec 12.000 points de vente au Maroc, doit rester solidaire et biologique selon le président de la section patronale qui a appelé à l’arrêt du vrac tout en rappelant la sous-exploitation de la production par rapport aux revenus générés.

Du côté de Said Dor, président de la CCIS Souss-Massa, «ces trois filières ont toujours constitué la base de la dynamique de l’économie sociale et solidaire particulièrement dans le monde rural. Cependant, cette dynamique reste en dessous des attentes en raison de l’impact minime sur le PIB régional, d’où la promotion de l’entrepreneuriat au sein de ces trois écosystèmes pour faire face à la migration dans le milieu rural, mais aussi, la recherche scientifique et appliquée».

Par ailleurs, l’étude conjointe sur les filières représentant de fortes opportunités au niveau régional, et dont le potentiel gagnerait à être exploité davantage, rend compte de l’état actuel de ces filières, leurs performances récentes et leur opportunités de développement futur. L’étude est basée sur l’analyse des données et informations récoltés lors des entretiens et des rencontres avec les opérateurs et institutionnels des différentes filières.

Elle a permis d’identifier les principaux enjeux auxquels font face les trois filières tout en dressant des recommandations afin d’exploiter l’ensemble du potentiel y afférent sur le plan de la production, la transformation et la commercialisation.

Les recommandations de l’étude
Pour la filière de l’arganier, il s’agit pour la transformation de veiller à l’organisation des circuits d’approvisionnement avec un renforcement des mécanismes de contrôle de la qualité et de la traçabilité. A cela s’ajoute la mise en place des centres de collecte de la matière première visant l’intégration entre l’amont et l’aval de la filière tout en accompagnant les coopératives et les GIE sur les plans managérial et financier.

S’agissant de la filière PAM, il est question de veiller à l’organisation des circuits d’approvisionnement avec un renforcement des mécanismes de contrôle de la qualité et de la traçabilité, et également de franchir le palier technique et technologique tout en appuyant les coopératives en matière d’équipement, d’encadrement, de formation technique, de gestion, de stockage et de conditionnement.

En ce qui concerne la filière des agrumes, il s’agit de renforcer la compétitivité de l’industrie de transformation et soutenir l’écrasement à travers des subventions. Il faudra, également, renouveler les vergers en recourant aux variétés destinées à l’écrasement, investir dans la culture bio et sceller un accord entre les producteurs, les conditionneurs et les transformateurs afin d’assurer la livraison de ces derniers en matières premières.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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