Matières premières : les prix des engrais s’essoufflent mais restent élevés
Les prix des engrais ont sapé le moral de nombreux agriculteurs depuis plus d’un an. Mais une lueur d’espoir se dessine. Les prix de certains intrants ont baissé, les autres restants très liés aux aléas géopolitiques.
Malgré la guerre en Ukraine, les flux qui viennent de la région ne se sont pas taris. «Il y aura de l’engrais pour tous», assure un négociant. Il n’y a en effet pas d’interdiction formelle de faire transiter l’engrais russe. Le principal frein à la circulation des engrais russes est la frilosité des assureurs réticents à prendre en charge les cargaisons qui sortent de ports russes. Mais depuis six mois, des volumes conséquents continuent de sortir du pays : les deux principaux producteurs, Phosagro et Eurochem, arrivent à alimenter leurs filiales en Europe, au Brésil ou aux États-Unis, est -il assuré.
OCP augmente son offre africaine
Le maintien de l’offre joue sur les prix de la potasse qui profite d’un accroissement de la production au Canada. Les prix du DAP ont aussi fléchi. Cet engrais qui valait 1.000 dollars la tonne il y a quelques mois en Inde est descendu à 680 dollars. Soit une baisse de 30%. Le point noir persistant en revanche, c’est le prix des engrais azotés, l’urée et le nitrate qui ne baissent pas car intimement lié à ceux du gaz. Des prix si difficiles à supporter que plusieurs grandes usines européennes ont dû ralentir ou arrêter la fabrication de ces fertilisants. Quelque 70% de la production européenne d’ammoniac – qui entre dans la composition de l’urée – est à l’arrêt depuis le mois d’août, selon l’association Fertilizer Europe. La porte de sortie de l’Afrique pourrait se trouver sur le continent. Et en particulier au Maroc : le groupe OCP a annoncé la semaine dernière vouloir mettre à disposition du continent quatre millions de tonnes l’année prochaine. Ce qui permettrait au géant marocain de doubler ses ventes à l’Afrique en 2023 par rapport à 2021. Les volumes nécessaires devraient donc être disponibles. Mais à quel prix, c’est évidemment la question.
Rumeur d’un «ban» à l’exportation d’engrais chinois
Les cours dépendront de la logistique, au départ de Russie, mais aussi de ce qui se passera en Chine. Des rumeurs font état d’une interdiction totale d’exporter des engrais qui pourrait être instaurée en janvier prochain. Si l’information se confirme, la décision pourrait avoir un impact important sur le marché. La Chine alimente notamment le marché indien en urée et en engrais phosphaté.
Jules Gabas Avec Agence / Les Inspirations ÉCO