France : le gouvernement prévoit un budget 2023 protecteur du pouvoir d’achat
Le gouvernement français a présenté ce lundi 26 septembre son projet de budget pour 2023 dans un contexte fortement inflationniste marqué par la flambée des prix de l’énergie. L’Éxécutif a fait le choix d’un budget protecteur face à la crise, mais veut aussi contenir les déficits publics. Cela sera donc le premier grand test pour le camp du président Emmanuel Macron, désormais réduit à une majorité relative à l’Assemblée nationale.
Le bouclier énergétique va continuer l’an prochain afin de préserver le pouvoir d’achat des Français. Les prix du gaz et de l’électricité augmenteront seulement de 15% au début de l’année alors que ces factures auraient dû doubler. Le coût de ce bouclier est estimé à 45 milliards d’euros. L’État va également aider les entreprises. Différents dispositifs sont prévus selon leur taille et leurs profils. Au total, 3 milliards d’euros sont prévus dans le budget pour protéger les entreprises de la hausse des prix de l’énergie.
Dans le contexte du conflit en Ukraine, le projet de loi prévoit, pour la Défense nationale, une enveloppe supplémentaire de 3 milliards d’euros. Des crédits importants sont aussi envisagés pour les forces de sécurité, 1,4 milliard d’euros, et les moyens alloués au ministère de la Justice seront en hausse de 8%. Autre ministère qui voit son budget augmenter considérablement, c’est l’Éducation nationale. En 2023, il bénéficiera d’un bonus de 3,7 milliards d’euros, dont une part non négligeable pour financer une augmentation «inédite» du salaire des enseignants.
Soutenir la croissance
Le gouvernement continuera aussi sur sa trajectoire de baisse des coûts de production pour les entreprises afin d’accroître leur compétitivité. L’Éxécutif a décidé de supprimer en 2023 et 2024 la cotisation de la valeur ajoutée des entreprises. Il s’agit de 8 milliards d’euros que va récupérer ainsi l’appareil de production. Conséquence : les dépenses publiques, hors charge de la dette, devraient progresser de 6 % par rapport au budget 2022. Quelque 6 milliards d’euros d’engagements sont inscrits au titre de «France 2030», le programme destiné à favoriser l’innovation, a indiqué le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Le budget pour «l’écologie, le développement et la mobilité durables» sera de 26,5 milliards d’euros en 2023. Il inclut plusieurs mesures phares annoncées par le gouvernement, comme le Plan vélo, 250 millions d’euros, ou le Fonds vert de 1,5 milliard d’euros pour les collectivités territoriales. Le dispositif «MaPrimeRénov», destiné à la rénovation énergétique, est porté à 2,5 milliards d’euros (+500 millions). 1,3 milliard d’euros seront consacrés au verdissement du parc automobile. Enfin, la France arrêtera les garanties à l’export pour les énergies fossiles. Aucun projet, depuis l’exploration jusqu’au raffinage en passant par le transport, ne sera garanti par l’État.
Hausse du nombre de fonctionnaires
Le gouvernement envisage également la création de 10.764 postes supplémentaires de fonctionnaires pour 2023, principalement au ministère de l’Intérieur, à la Justice ou encore à l’Éducation nationale. Toutes ces dépenses se feront dans un contexte économique difficile. La croissance en 2023 est prévue par le gouvernement à 1%, un chiffre très optimiste, alors que la Banque de France prévoit, elle, une hausse du PIB de l’ordre de 0,8% ce qui signifie que les recettes seront plus faibles pour le budget d’État que par rapport à l’an dernier. À cela s’ajoutent de grandes incertitudes géopolitiques et économiques en Europe liées au conflit en Ukraine et ses conséquences. L’équation sera donc difficile pour l’Éxécutif pour tenir sa promesse d’un déficit public de 5% du PIB en 2023.
Jules Gabas / Les Inspirations ÉCO