Coupes africaines : WAC et RSB toujours en course, le Raja entre “Metoualli” et “Taoussi dépendance”
Les deux matchs de champions League d’Afrique ont débouché sur la qualification du WAC et l’élimination du Raja. La RS Berkane s’impose, quant à elle, en Coupe de la CAF.
On peut parler d’opérations réussies, à un moment où le public investit en force l’ensemble de nos stades, grands, petits ou moyens.
Le stade suprême de la désorganisation
Comment expliquer ce phénomène, avec des records d’affluence, rarement enregistrés dans le passé, même en championnat, comme pour le dernier Raja-MC Oujda ? Casablanca, la capacité d’accueil, de 45.000 places assises, est utilisée au double et même plus, à en croire les évaluations de la presse.
De toutes les manières, l’affluence inquiète et contraint le Conseil de la ville à rompre son silence, en interpellant Casa Event, l’entreprise chargée de la gestion du stade Mohammed V. M. Naciri, membre de la Commission des affaires sociales, culturelles et des sports, a été on ne peut plus clair, à propos de l’organisation défectueuse, surtout concernant les deux dernières sorties du Raja face à Al Ahly d’Égypte et celle du WAC, acculé au nul à Casa, mais vainqueur à l’aller face au champion d’Algérie.
Les supporters, venus en grand nombre, dépassant de loin la capacité d’accueil, se sont retrouvés privés de places et même interdits d’accès, trois heures avant le ftour et cinq heures avant les matchs. Plusieurs causes ont été retenues par les animateurs de la réunion bipartite, entre la Commission du conseil et Casa Event, dont l’échec de la vente des billets en ligne et le retour en catastrophe à la réouverture des guichets, au profit du marché noir et de la resquille évaluée à des tarifs exorbitants. On parle même de passages forcés, par des foules de supporters, venus de toutes les villes du Royaume voir le Raja.
Mais tout autant que pour le WAC, on a vécu des scènes ubuesques. Outre les intrus professionnels, qui ont l’habitude de squatter les places, des spectateurs ont été refoulés avec de faux billets ou des billets payés trois fois leur prix au marché noir. C’est d’autant plus grave que les mineurs non accompagnés, en principe interdits d’accès au stade par la loi appropriée et à caractère répressif, sont souvent arrivés à passer entre les mailles des filets des contrôleurs.
De même, les femmes, dont certaines portant des enfants en bas âge et se déplaçant en famille, ont retrouvé le goût du stade et du spectacle footballistique. Mais que faire dans un stade qui ne répond pas aux critères minimums d’accueil, avec le personnel requis, vigiles, hôtesses et stadiers ? Pis, le complexe ne dispose pas de sanitaires, y compris et surtout pour les femmes.
Dans un pays où on fait énormément pour le football féminin, avec la CAN féminine qui pointe à l’horizon et qui sera abritée l’été prochain par le Maroc ! Tous ces problèmes seront étudiés lors d’une deuxième réunion, qui sera élargie aux représentants de la sécurité et à ceux des deux clubs casablancais, le Wydad et du Raja.
On ne naît pas spectateur de foot, on le devient !
Certains parlent même de la possible concession de la gestion du stade aux deux grands clubs de la ville. Une proposition, déjà étudiée dans le passé, mais qui semble sortir des prérogatives, de la compétence et des moyens des deux clubs. Ces derniers sont confrontés à la reconversion obligatoire en entreprise (SOS), cette saison, et déjà le Chabab de Mohammedia à créé le précédent.
Outre ces préoccupations clubistes, on doit rappeler que le complexe Mohammed V est un édifice à caractère omnisport, ayant été construit à cet effet pour les Jeux Méditerranéens 83. Mais à l’exception du football, toutes les autres infrastructures sont fermées, qu’il s’agisse de la piscine, les salles de hand, de basket, la piste en tartan, la salle des fêtes, un petit hôtel et les salles de conférences.
Comment admettre qu’on se suffise de football, dans un complexe dont les recettes générées devraient profiter à toutes les disciplines et à l’entretien de ce mastodonte ainsi qu’aux clubs les plus performants de Casablanca. Outre le complexe, il y a aussi la salle couverte, qui dépend du ministère de la Jeunesse et des sports, malheureusement éclaté au niveau de deux départements pour une gestion bicéphale.
Plus, la salle couverte est gérée par le ministère des Finances avec, il faut le souligner, un bilan positif, au niveau des accréditations annuelles ouvertes au public ! On le voit, le Conseil de la ville a du pain sur la planche et devrait revoir sa gestion du sport, en arrêtant une politique globale au niveau du Grand Casablanca.
Taoussi au raja, sans perspectives ?
Le public du Raja, comme celui du Wydad, assurent tous deux un véritable spectacle dans le spectacle. Et aussi controversé que cela puisse paraître, beaucoup de gens vont au stade pour vivre ce climat festif, parallèle, qui a son maestro dans les tribunes, plus suivi et écouté que le Président du club et le capitaine d’équipe réunis. Il lui suffit d’un geste et tout le stade se met en ébullition ou se fait le plus discret possible, sans émettre le moindre son. Brecht en aurait été séduit, avec une distanciation New look.
Dans ce monde éclaté, un homme a choisi de revenir entraîner le Raja, après une première expérience, où il avait été éconduit comme un moins que rien ! Et le voilà qui laisse tomber son poste au sein de la DTN, pour une nouvelle aventure au Raja. Rachid Taoussi, à l’affect surdimendionné, a la larme facile et que de fois ne l’a-t-on vu en écraser une après une défaite.
D’ailleurs, après l’élimination face à Al Ahly, il a manifesté son amertume en criant : «J’ai le cœur en sang». Il s’en est suivi une chanson parodique sur les réseaux sociaux rajaouis, très en vogue, à propos de compositions sarcastiques. Mais le débat est d’une autre nature, dans un club où les supporters sont adeptes du résultat et rien que le résultat. «Chabka, Chabka», un mot qui revient souvent dans les slogans du «Raja mondial», par allusion aux filets.
Pour le reste, ils regardent et se «footent», qu’on soit d’un clan ou de l’autre, l’essentiel c’est le «tiki-taka», une innovation Rajaouie, à les en croire, bien avant Cruyff, et qui serait une variante de la Daka Daka, chère au Père Jego. On peut déplacer les montagnes mais pas les croyances et les mythes. Et pour rien au monde, vous ne pouvez changer cette vision des choses et du monde.
Taoussi le sait-il, pour avoir osé l’impossible? Lui et Aziz Amri, -en charge de la formation et de la direction technique à l’académie du Raja (un édifice flambant neuf)- sont proches et originaires, tous deux, de Sidi Kacem. Les deux compères ont réussi un bon palmarès, deux fois champion du Maroc avec le Mat pour Amri, et titulaire d’un triplé Coupe du Trône, CAF et Super, avec le MAS, pour Taoussi.
Ce dernier, qui travaille sur le court terme, n’aura pas droit à l’erreur. Après l’élimination en Champions League, il lui restera à jouer le sacre, seul et dernier défi à relever. Et cela s’applique également au Comité dirigé par Me Anis Mahfoud.
Belaid Boumid / Les Inspirations ÉCO