Éco-Business

Métiers mondiaux du Maroc : le diagnostic de l’Iris

Manque de financement, absence d’attractivité, concurrence déloyale, autant de maux dont souffrent certains métiers mondiaux du Maroc, révèle une étude de l’Institut de relations internationales et stratégiques qui dévoile aussi des tendances lourdes, intéressantes pour le Royaume. 

L’Institut de relations internationales et stratégiques ou IRIS a rendu public, récemment, une étude ayant pour objectif principal d’établir un diagnostic prospectif des six métiers mondiaux du Maroc. Dans le détail, le document d’une soixantaine de pages nous révèle que les entreprises opérant dans les chaînes de valeur mondiales sont pourvoyeuses d’emplois et que la qualité de la main-d’œuvre y est meilleure, avec des gains de productivité plus élevés.

Autres enseignements, les métiers mondiaux au Maroc sont source d’emplois pour les femmes et les jeunes et source d’’amélioration des infrastructures, de l’accès au financement bancaire et de création de centres de formation. Ils sont également impulsés par le degré de compétitivité et la capacité à absorber les transferts de technologie ainsi que les exportations à forte valeur ajoutée.

À citer aussi leurs retombées en matière de recherche & développement, permettant de suivre les évolutions technologiques avec des effets d’entrainement sur les autres secteurs nationaux. Cependant, nuance l’Iris, les impacts économiques et sociaux seraient beaucoup plus importants s’il y avait une attractivité suffisante des investissements directs étrangers.

Le capital humain qualifié, les difficultés d’absorption de la technologie et le manque de financement font également défaut. Par métier, dans l’automobile, l’étude souligne que «le Maroc se positionne comme étant un pays ‘‘Best Cost’’. On note une remontée progressive de la chaîne de valeur, à travers le développement des produits finis».

Toutefois, le secteur souffre d’un manque de personnel qualifié et de financement. Ce n’est pas tout : «Les marques installées ne sont pas bien intégrées dans les nouvelles chaînes de valeur technologiques. Sur le plan de la compétitivité, le Royaume affiche un déficit d’attractivité», constatent les rédacteurs de ce document qui font état d’un certain nombre de tendances lourdes, allant de la baisse des coûts de production à la sophistication de la construction des véhicules, l’accélération des investissements dans les chaînes d’approvisionnement et de valeur régionales ainsi que les exigences environnementales, lesquelles imposent un changement de paradigme de la mobilité, entre autres.

S’agissant du secteur aéronautique, si l’attractivité du Maroc pour les industriels du secteur aéronautique est récente, le secteur a connu un succès «considérable et très rapide».

En effet, le pays a mis en place une politique volontariste d’insertion dans la chaîne de valeur mondiale de l’aéronautique. Cependant, le secteur fait face à une cherté du foncier et aux difficultés d’accès au financement, à une forte réglementation, ainsi qu’aux contraintes de certification et d’audit propres à l’industrie aéronautique. Sont évoqués aussi la stratégie de montée en gamme et les coûts élevés de transfert pour les investisseurs étrangers, non couverts par les programmes de subvention.

À cette liste s’ajoutent la concurrence de pays étrangers et les exigences des donneurs d’ordre stricts et souvent difficiles à satisfaire. Le rapport s’est s’intéressé, par ailleurs, au secteur de l’agroalimentaire, lequel est devenu un levier stratégique dans un pays où l’économie dépend grandement de l’agriculture. Il faut dire que «le secteur agricole a été la locomotive de l’économie nationale.

Il a donc réussi à attirer des investisseurs pour développer l’aval de la chaîne de valeur», alors que «la transformation par l’industrie des produits agricoles destinés à l’alimentation suppose la création d’une valeur ajoutée».

Quelques tendances lourdes ? En plus de l’augmentation constante du nombre de lois, avec des réglementations plus strictes et plus rigoureuses, il a été constaté que les usines de transformation restent souvent dans les pays développés pour des soucis d’accès aux marchés principaux et d’assurance sur la traçabilité.

Avec une consolidation des chaînes d’approvisionnement, un durcissement des normes de production et une réduction du gaspillage alimentaire, le secteur serait fortement influencé par la globalisation de la digitalisation.

Pour ce qui est du secteur textile, il a été constaté un certain nombre de faiblesses. Si le «textile et cuir» est depuis toujours un secteur stratégique pour le Royaume, il est fortement dépendant des marchés extérieurs. Parmi les faiblesses, il y a l’amont industriel, qui affecte de manière significative son évolution et sa compétitivité-prix et hors prix alors que la capacité d’exportation des produits finis dépend essentiellement de ses importations de matières premières.

Si la production locale, en plus du fait qu’elle est incapable de conquérir de nouveaux marchés, trouve des difficultés sur un marché local envahi par des produits importés très compétitifs, il faut noter que les tendances baissières du secteur sont antérieures à la crise du Covid-19 et sont le résultat d’une forte concurrence des importations chinoises et turques, favorisées par la signature d’accords de libre-échange qui n’ont pas été profitables au Maroc.

Ont figuré, également dans cette étude, l’électronique qui souffre de la concurrence déloyale d’autres pays et reste dominée par des multinationales, ainsi que le secteur de l’offshoring qui a connu une évolution très rapide ayant permis de faire du Maroc, un des leaders dans le domaine, le pays visant la montée en gamme avec une maturité de l’offre exportée.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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