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Matières premières : les sidérurgistes dans l’embarras

Depuis le début  de la guerre russo-ukrainienne, le prix de la tonne de ferraille est passé de 2.700 DH à 4.300 DH, soit une hausse de 37% en l’espace de cinq semaines. Selon Ismaïl Akalay, le Directeur général de Sonasid, «les spéculateurs ne sont pas prêts de lâcher l’affaire. Leur objectif est de porter la tonne à 6.000 DH, dans les prochaines semaines». Ce qui entretient une tension dans un secteur stratégique du pays, où l’informel pèse encore très lourd.

Sale temps pour les sidérurgistes ! Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, qui a commencé le 24 février dernier et dont nul ne sait exactement quand elle va s’arrêter, les industriels sont à la merci des vendeurs locaux de ferraille, dont la grande majorité opère dans l’informel. En l’espace de cinq semaines, ces «spéculateurs», sur qui l’État n’a aucune prise, ont créé une situation de «pénurie artificielle» pour faire grimper les prix.

À l’arrivée, ils sont parvenus à leur objectif en faisant passer le prix de la tonne de ferraille de 2.700 DH à 4.300 DH, soit une hausse considérable de 37%, correspondant à un gain supplémentaire de 1.600 DH par tonne. Face à cette situation, certains industriels ont préféré faire le plein de stocks de ferraille, évitant ainsi de devoir payer plus cher demain ce qu’ils peuvent avoir à moindre prix aujourd’hui.

C’est, notamment, ce qu’a fait la Sonasid. Selon son directeur général, Ismaïl Akalay : «la Sonasid n’a plus de problème de ferraille. Nous avons de quoi alimenter nos usines pour le reste de l’année».

Les spéculateurs veulent que  la tonne atteigne 6.000 DH
Tant mieux, parce que «les spéculateurs ne sont pas prêts de lâcher l’affaire. Leur objectif est de porter la tonne à 6.000 DH, dans les prochaines semaines», a-t-il poursuivi. Ces derniers veulent donc aller jusqu’au doublement du prix de la tonne dans les prochaines semaines. Un prix face auquel, malheureusement, les usines sidérurgiques du pays ne pourront pratiquement rien, sauf retournement de situation.

Et apparemment, c’est ce qui se profile à l’horizon, à très court terme, «puisque la grande usine ukrainienne d’ArcelorMittal aurait décidé de redémarrer doucement ses activités», révèle Akalay qui y voit un signal encourageant qui rallume la flamme de l’optimisme. En effet, les sidérurgistes marocains et turcs, qui avaient vu leurs commandes de billettes annulées à partir de l’Ukraine depuis le début de la guerre, pourraient être de nouveau approvisionnés, dans les deux à trois prochains mois.

Autrement dit, si cette annonce du géant ukrainien se confirme, les sidérurgistes nationaux devront juste tenir ce délai, pour poursuivre, plus sereinement, leurs activités.

Les professionnels cherchent à éliminer définitivement les fraudeurs
En attendant, ils sont déterminés à assainir l’amont de leur secteur, gangréné par des ferrailleurs informels et des industriels «malhonnêtes». Cette année, nous avons préparé, dans le cadre de notre association et de la CGEM, deux propositions», déclare le patron de Sonasid.

«Dans la première, nous avons dit que, dans le cas de la ferraille, les industriels ne doivent vendre qu’aux aciéries, en lieu et place de l’ancienne disposition où il était déclaré que les industriels ne doivent vendre qu’aux industriels». Cette proposition a été faite parce que personne ne peut utiliser la ferraille sauf les aciéries. «Notre deuxième proposition porte sur une demande d’exonération totale de la TVA sur la ferraille, y compris sur les chutes neuves», ajoute Smaïl Akalay.

Autrement dit, c’est l’industriel-acheteur qui paie la TVA et non celui qui vend. L’intérêt de ces propositions, si elles parviennent à passer, c’est qu’elles vont permettre de régler les problèmes du secteur de la sidérurgie en amont et en aval. En effet, l’informel sera éliminé en amont, mais aussi les ventes au noir des produits finis, parce que l’industriel qui achète illégalement sera très facilement détecté.

Bref, tout cela va prendre du temps. Le goulot d’étranglement en provenance de l’Europe, qui couvre 60% des besoins du marché marocain et qui a décidé d’interdire toute exportation de ferraille, n’est pas non plus prêt d’être levé. Entre-temps, les spéculateurs vont continuer à en profiter.

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO



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