Levées de fonds en Afrique : le Maroc veut sa part du gâteau
Les levées de fonds ont le vent en poupe sur le continent africain et le Maroc, qui mène la danse en Afrique du Nord, veut se donner les moyens pour prendre sa part du gâteau qui grossit sans cesse.
Après plusieurs années de torpeur, l’écosystème de la tech africaine commence enfin à se réveiller. Alors que les réseaux d’investisseurs et accélérateurs poussent sur le continent comme des champignons, de nouvelles sources alternatives de capital et de soutien font leur apparition. Résultat, en 2021, dans un contexte de croissance mondiale du financement en capital-risque, la tech africaine a progressé plus rapidement que partout ailleurs dans le monde, avec deux fois plus d’activité que l’année dernière et plus de trois fois le montant investi, atteignant 5,2 milliards de dollars, révélait déjà en début février Partech Africa.
Le fonds de VC dédié aux startups tech en Afrique, fondé à San Francisco et à Paris et basé à Dakar, au Sénégal, soulignait que par rapport à 2020, les activités en 2021 ont doublé et les montants investis ont triplé et que la Fintech représente 63 % des financements et le Nigéria 34% pour la même période. En Afrique du Nord, le Maroc s’illustre et fait figure de proue dans ce domaine. 15 jeunes pousses marocaines ont réalisé un total de 17 deals pour un montant global de 33 millions de dollars l’année dernière sur un total de 108,8 millions de dollars pour toute la région.
Si la collecte des startups nord-africaines paraît encore dérisoire au vu de l’énorme potentiel régional, le rythme de croissance régional, 443% en glissement annuel à travers 31 transactions, montre à quel point les pays d’Afrique du Nord sont actifs. La performance des startups technologiques marocaines est imputable en grande partie au programme 212 Founders, porté par CDG Invest.
Lancé en septembre 2019 dans l’objectif de participer à la création et à la croissance des startups technologiques à vocation internationale à partir du Maroc, ce dernier a beaucoup contribué à la dynamique de financement en venture capital (VC) au Maroc.
Une année seulement après la mise en place du programme, le pays est passé du 12e rang à la 8e place dans le classement de Partech des levées de fonds à destination de l’Afrique en 2020. Le programme 212 Founders vient ainsi appuyer les efforts de son doyen, le Maroc numeric fund (MNF), créé en 2009 par la CDG, en partenariat avec la BCP, BMCE Bank of Africa et Attijariwafabank.
En 2021, le fonds d’investissement de référence dans les startups technologiques a permis la levée de fonds de 6 millions de dirhams pour Yalla Xash, une fintech de service de transfert de fonds entre l’Amérique du Nord et l’Afrique, et 4 millions de dirhams pour Damanesign qui est une startup éditrice de solutions de confiance numérique, à savoir la signature électronique, le cachet électronique et l’horodatage.
Pour une plus grande démocratisation de l’investissement et du financement d’amorçage au Maroc, que ce soit pour les fintechs ou les entreprises non technologiques, il va falloir faire émerger d’autres acteurs aux côtés de ceux que nous venons de citer et d’autres plateformes comme le Réseau marocain entreprendre (REM) qui octroie des «prêts d’honneur» aux entrepreneurs et l’Eiréné4Impact, qui offre des financements aux jeunes pousses, sans oublier le réseau OCP Entrepreneurship Network qui investit aussi sur le créneau des startups. L’offre-produits Tamwilcom qui s’arrache comme des petits pains va dans ce sens.
En 2021, les engagements de la société anonyme détenue par l’État marocain ont atteint un record historique de 24,9 MMDH, soit une progression de 35% par rapport à l’année précédente et un volume de crédits de 43,7 MMDH.
Au titre de cet exercice, l’activité de la société en faveur des entreprises a principalement profité aux secteurs du commerce-distribution (30%), suivi, ex æquo à 23%, par ceux de l’industrie et du BTP, enregistrant un bond remarquable et un total de 65.400 en termes de nombre d’opérations de financement d’entreprises. C’est une hausse significative de 90% par rapport à 2020.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO