Opinions

Des options pour la résolution du conflit Russie-Ukraine

Par Khalid BENALI
Expert international en Economie

À la lumière des résolutions de l’ONU relatives à ce conflit, il s’avère que la communauté internationale serait actuellement partagée en trois groupes : ceux qui soutiennent la Russie, ceux qui sont pour l’Ukraine et ceux qui se sont abstenus de voter ni pour l’un ni pour l’autre.

Cette situation en dit long, car le flou qui persiste au sujet de la portée de ce conflit laisse planer des doutes sur la capacité à résoudre ce dossier par voie de négociation ou de médiation. A cet égard, il importe de mentionner que le monde actuellement vit au jour le jour avec un stress permanent, compte tenu de la tendance à la hausse des prix des carburants, des céréales sur les places internationales et des effets qui menacent les économies.

Certes, ce sont  les exportateurs des carburants, des céréales et des produits, que la Russie et l’Ukraine commercialisent, qui se frottent les mains, vu les profits qu’ils pourraient soutirer de cette situation qui viendraient renflouer leurs trésoreries avec toutefois des impacts à ne pas négliger pouvant résulter des déséquilibres entre l’offre et la demande.

Étant donné la globalisation des économies, les pays dépendants les uns des autres recensent les pertes probables, les conséquences pouvant résulter du dérèglement du marché et préparent éventuellement les plans de secours et de sauvetage.

Si l’Ukraine, objet de l’invasion militaire russe, se voit anéantie, détruite… et dont la reconstruction nécessiterait des fonds colossaux, la Russie elle-même serait, compte tenu des sanctions prises à son encontre, sujette à une récession devant affecter le Produit intérieur brut qui pourrait connaître une contraction et qui, par conséquence, impacterait la croissance et le pouvoir d’achat.

A la lumière de ce constat, il semble évident que ce conflit, à l’instar des autres conflits qu’a connus le monde, ne manquerait pas d’entraîner des conséquences négatives sur l’économie mondiale, actuellement en phase de palpage pour trouver le chemin de la reprise après la crise sanitaire. Ainsi, il est clair que, sur le plan militaire, les forces sur le terrain présentent un avantage pour la Russie, mais il ne faudrait pas, toutefois, négliger la résistance ukrainienne matérialisée par la résistance et la volonté des civils qui ont rejoint les militaires. D’où l’obligation pour la communauté d’œuvrer afin de trouver une solution immédiate et radicale à ce conflit et arrêter la phase de surenchère et de bulle de communication dans lesquelles se sont inscrites la Russie, l’OTAN et l’Union européenne.

L’option de négociations bilatérales entre les deux acteurs du conflit est difficile à mettre en œuvre puisque les conditions imposées par la Russie risquent de compromettre toute chance de résolution et d’être rejetées par le gouvernement ukrainien. Lequel a, certes, été fragilisé par les frappes militaires, d’où l’interrogation des rôles que pourraient jouer l’Union européenne et l’OTAN ou toute instance légitime dans ce processus de négociation pour trouver une issue au conflit. La Russie accepterait-elle le cadre des négociations multilatérales ?

Par ailleurs, en supposant qu’il y ait recours à la médiation, quelle instance internationale appelée à jouir de la confiance des deux protagonistes pourrait l’assurer ? L’ONU reste le cadre adéquat malgré la tripartie constatée au sujet des derniers votes de résolution et qu’un pays membre permanent soit acteur de ce conflit. Une médiation collégiale composée de représentants de chaque groupe de votants s’impose bien que la Chine et l’Inde soient avancés par certains pays comme médiateurs potentiels.

Indépendamment du type de médiation retenu, il importe de s’interroger sur le contexte dans lequel celle-ci serait engagée : un cessez-le-feu imminent, une continuité des opérations militaires, une poursuite d’annonces de sanctions contre la Russie…. Qu’on veuille l’admettre ou pas, le monde est en train de vivre des moments difficiles caractérisés par une hausse des prix qui se généralise de jour en jour, ainsi que des difficultés d’approvisionnement qui risquent de s’étendre davantage, compte tenu des sanctions financières prises à l’égard de la Russie.

Il est ainsi utile de s’interroger sur l’issue probable de ce conflit sachant que les images visualisées chaque moment montrent une Ukraine en ruines alors qu’il y a moins d’un mois le pays était paisible. La prise de Kiev par les forces russes pourrait-elle se traduire par un arrêt des opérations militaires ou une persistance de la Russie jusqu’à l’accord de conditions imposées.

Les rapports de force militaire plaident en faveur de la Russie, mais sur le terrain il semble qu’elle se trouve confrontée à une résistance inattendue qui fait durer le conflit militaire avec des conséquences humaines, économiques, sociales… Conflit qui ne verrait, d’ailleurs, ni vainqueur ni vaincu, puisque l’expérience a montré que les conflits où les civils rejoignent volontairement les forces militaires permettent de renforcer le sentiment de patriotisme qui produit généralement des effets de solidarité, d’unité et de soutien.

Fatalement, on devrait s’attendre à un scénario pessimiste où le conflit armé risque de perdurer sans issue ou visibilité. Ce qui pourrait se traduire par une paralysie progressive de l’économie mondiale avec des répercussions sociales désastreuses. Au point où l’on est, il est temps pour la communauté internationale de s’engager dans une voie de développement et de promotion des valeurs universelles des droits de l’Homme en veillant à anticiper tout conflit et à œuvrer pour mettre en place des solutions pacifiques.

Il s’avère nécessaire, aujourd’hui, de revoir le mode de fonctionnement de l’économie mondiale en instaurant des mécanismes tenant compte de la complexité de la globalisation et de la dépendance entre les pays puisque le présent conflit, indépendamment de son issue, verrait la naissance d’un nouvel ordre économique mondial géopolitique et économique.



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