Investissements green : le Maroc, une destination de plus en plus prisée
Le financement de la transition énergétique au Maroc se porte de mieux en mieux. Celui des projets d’efficacité énergétique, qui ne pose pas trop de problèmes, monte d’année en année crescendo, avec l’appui de partenaires indéfectibles comme la Banque européenne de développement. Le financement de projets de construction de centrales de production d’électricité à partir de sources solaire et éolienne suit le même trend, mais à un rythme moins soutenu. Le Maroc est de plus en plus une destination pour les investisseurs green.
Le Maroc attire de plus en plus d’investisseurs dans la transition énergétique. En effet, une dynamique grandissante est en cours dans le financement des projets d’efficacité énergétique. Les fonds se multiplient d’année en année, ce qui est une bonne chose pour cette importante composante de la stratégie nationale de développement durable (SNDD), qui vise à faire baisser la facture énergétique du pays de 30% à l’horizon 2030. La raison de cet engouement financier pour les projets d’efficacité énergétique tient au fait que, dans l’efficacité énergétique, les projets ne sont généralement pas capitalistiques et le retour sur investissement est très rapide, puisqu’il tourne en moyenne autour de 5 à 6 ans.
C’est-à-dire exactement la même durée qu’un investissement classique de démarrage d’un business comme, par exemple, la construction d’une usine. Ainsi, il a suffi que la voie soit montrée aux banques locales pour que la machine soit lancée. On se rappelle, en effet, que c’est le programme MorSEFF (Morocco Sustainable Energy Financing Facility) qui leur a mis les pieds à l’étrier. Ce programme de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) a notamment permis d’engager une enveloppe de 110 millions d’euros (environ 1,2 milliard de DH) pour accompagner 260 projets, en l’espace de 5 ans, soit une moyenne de 46 projets annuellement, qui permettent de réduire les factures énergétiques des intéressés d’une moyenne de 40%.
Toutes les banques locales impliquées dans le financement de l’efficacité énergétique
D’ailleurs, c’est en surfant sur le succès retentissant du MorSEFF (Morocco Sustainable Energy Financing Facility) que l’AMEE (Agence marocaine de l’efficacité énergétique), l’Amisole (Association marocaine de l’industrie solaire et éolienne) et le Cluster solaire sont parvenus à fédérer, à la fois, les établissements bancaires marocains, plusieurs fonds d’investissement locaux et pour le moment un fonds international, autour d’une même cause. Notamment celle de la poursuite de la dynamique de financement des projets d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique au Maroc, à travers le lancement du programme «Green Business Booster» qui vise à faciliter aux startups porteuses de projets green (énergies renouvelables : solaire, éolien, hydraulique, biomasse, économie circulaire ; efficacité énergétique) l’accès au financement. Son atout repose sur le fait qu’il met des experts à la disposition des startups pour résoudre leurs besoins en matière de montage de dossiers bancables.
Ce qui facilite énormément leur accès aux lignes de financement disponibles auprès d’Attijariwafa Bank, de la Banque Populaire, de BMCE Bank of Africa, de la BMCI, du Crédit Agricole, de la Société Générale, de la CCG et de Maroc PME, des institutions financières toutes disposées à s’engager pour accompagner durablement l’émergence de la nouvelle économie au Maroc. Du côté extérieur, le Green Business Booster a également deux partenaires internationaux : l’Union européenne et le fonds international fiduciaire de la Société financière internationale (SFI) financé par l’Allemagne, la Norvège et les Pays-Bas. Dans la foulée, la BERD n’a également jamais laissé tomber notre pays. Puisqu’en 2019, année de clôture du MorSEFF, elle a également lancé le programme Green Value Chain (GVC) sur le marché.
Lequel est immédiatement suivi par le programme Green Economy Financing Facility (GEFF) qui en est actuellement à sa seconde ligne de financement actuellement(1). Dénommée GEFF II, c’est une facilité de 163,5 millions d’euros, mobilisée dans le cadre du GEFF, pour les investissements dans la transition vers une économie verte, conformément à la méthodologie et à l’approche de la BERD en matière de financement intermédiaire des technologies d’énergie durable, d’efficacité des ressources et de résilience climatique. GEFF II fournit un financement et un soutien aux partenaires de la BERD, dont la BMCI, pour le financement d’emprunteurs du secteur privé (petites entreprises, entreprises et ménages) au Maroc pour des investissements dans les technologies vertes et les services soutenant des projets d’économie verte (2).
Le Sud du Maroc très prisé
Dans les projets de construction de centrales de production d’électricité à partir de sources solaire, éolienne ou hydraulique, le financement bouge aussi mais légèrement. Pour cause, les projets sont très capitalistiques. Ils se chiffrent en milliards de DH et leur retour sur investissement dure en moyenne une génération, c’est-à-dire au minimum 25 ans. Malgré tout, le Maroc s’en sort relativement bien. Sous la houlette de Masen, l’agence marocaine de l’énergie durable, les modèles économiques qu’il propose aux investisseurs sont apparemment attractifs. Notamment au Sud du pays où, depuis ces dernières années, quelques investisseurs se bousculent pour construire des centrales éoliennes et solaires. Parmi eux, figurerait Total Eren, la filiale de TotalEnergie, qui envisagerait d’investir 100 milliards de DH pour construire une grande unité de production hybride d’hydrogène et d’ammoniac verts de 10 GW, à partir de sources solaire et éolienne.
Un retard dans la réalisation de la CDN
Malgré la dynamique qui va crescendo, le financement reste en général très timide si l’on prend en considération toute la CDN (Contribution déterminée au niveau national) du Maroc. En effet, selon la CDG et l’AFD, qui ont présenté le premier panorama des financements climat au Maroc en 2019, le rythme des investissements pour le climat est très en deçà des objectifs escomptés. Entre 2011 et 2018, le Maroc n’a injecté que 111,5 MMDH dans la lutte contre le changement climatique. Ce qui a amené Abdellatif Zaghnoun, le patron de la CDG, à déclarer que «le Royaume affiche un gap de 60 MMDH par an dans la mise en œuvre de sa CDN. Selon lui, le Maroc n’a investi que 14 MMDH par an pour la mise en œuvre de sa CDN sur la période 2016-2020, alors que l’objectif fixé est de 74 MMDH par an».
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO