Fès-Meknès : pas très “green”, la production d’olives !
Fès-Meknès fait l’objet d’une catastrophe environnementale et écologique due au déversement des margines (clandestinement) par des unités de trituration installées dans la région. Les autorités compétentes affirment que des visites d’inspection sont programmées au sein des unités de trituration pour s’assurer du respect du cahier des charges, notamment en matière d’environnement et d’hygiène.
Que ce soit à Fès, Taza ou encore Taounate, les eaux résiduaires de l’industrie oléicole (margines) issues des unités de trituration d’huile d’olive constituent un véritable danger pour l’environnement et une source de pollution majeure des ressources hydriques. Avec le nombre important des huileries implantées dans la région, les problèmes environnementaux liés à l’évacuation anarchique des margines en milieu naturel se sont récemment accentués. Dans la province de Taounate, Ouad Asra fait l’objet d’une catastrophe environnementale et écologique due au déversement des margines par des unités de trituration installées dans la province. Une situation marquée par la forte pollution de son cours d’eau, à en juger par la grande quantité de mousse de margine flottant à la surface de l’oued.
Et ce, d’autant plus que ce dernier est utilisé par plusieurs agriculteurs de la région pour l’irrigation et l’alimentation du bétail. Oued Asra traverse plusieurs provinces pour arriver finalement au barrage Al Wahda. Plusieurs acteurs de la société civile, notamment la section provinciale de l’Association marocaine des droits humains, qualifient ces pollutions issues des unités de trituration de très dangereuses, aussi bien pour les populations riveraines que pour l’abreuvement du cheptel. Le rejet des margines directement dans les cours d’eau représente un impact négatif sur l’environnement et la santé qui se traduit notamment par le colmatage des sols et la pollution des eaux superficielles et souterraines. Ce type de pollution cause plusieurs problèmes dont, entre autres, une difficulté pour l’abreuvement du cheptel, l’impossibilité de son utilisation à des fins agricoles, la réduction de l’oxygène dissous dans l’eau et son impact sur la vie aquatique… Notons que la pollution des cours d’eau et des barrages a conduit à l’extinction de certaines espèces animales et végétales en raison de la détérioration de la qualité de l’eau.
Pollution des terres agricoles
Le même constat est dressé également au niveau du barrage Inaoune, dans la province de Taza, où la plupart des associations et citoyens tirent la sonnette d’alarme, appelant les autorités locales à intervenir d’urgence pour prendre des mesures strictes face aux actions récalcitrantes des unités de trituration. Les agriculteurs de la zone du Gharb sont aussi touchés par la pollution des margines conduite par le bassin de Sebou. C’est le cas notamment d’Oued Rdem, province de Sidi-Kacem, qui fait l’objet d’une catastrophe environnementale et écologique due au déversement des margines.
Les agriculteurs pointent du doigt les nombreuses unités de trituration installées dans la région et qui polluent cette rivière traversant le centre de la ville de Sidi-Kacem, pour aller se déverser à son tour dans l’Oued Ouargha. Il faut noter que les margines peuvent représenter jusqu’à 120 litres par quintal d’olives traitées. Dans les installations modernes (décanteurs deux phases), la quantité de margines peut être quasiment nulle, le seul sous-produit étant les grignons. Le seul rejet aqueux est donc constitué des eaux de lavage. Le rejet anarchique des margines conduit à la pollution des terres agricoles, des cours d’eau et des bassins hydrographiques et peut avoir des conséquences néfastes sur les cultures et la vie aquatique, car les margines, qui proviennent de la fraction liquide des olives et de l’eau éventuellement rajoutée lors du processus de trituration, contiennent une grande quantité de matières organiques non biodégradables, de forte salinité et acidité. Les autorités compétentes dans la région de Fès-Meknès affirment que 70% des unités visitées respectent les normes en vigueur. Dans ce cadre, des visites d’inspection sont programmées aux unités de trituration pour vérifier le respect du cahier des charges, notamment sur les plans des effets sur l’environnement et de l’hygiène.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO