Généralisation du préscolaire : le programme national fait mieux que prévu
AZIZ KAICHOUH, DG de la Fondation marocaine pour la promotion de l’enseignement préscolaire
Le Programme national de généralisation du préscolaire fait mieux que prévu. Les derniers chiffres, communiqués par le ministère de l’Éducation nationale, en témoignent. En effet, ils sont près de 8 enfants sur 10 à être préscolarisés. Acteur de référence auprès de la tutelle, la Fondation marocaine pour la promotion de l’enseignement préscolaire (FMPS) a accompagné ce chantier titanesque. Entretien avec Aziz Kaichouh, DG de la FMPS.
Le programme de généralisation du préscolaire avance à grands pas et le taux d’inscrits à réalisé un bond remarquable. Concrètement, quel état des lieux aujourd’hui ?
Le taux de préscolarisation a réalisé un grand progrès. Suite aux instructions Royales, le programme de généralisation a démarré officiellement en 2018. Selon les chiffres récemment communiqués par le ministère de l’Éducation nationale, le taux de scolarisation pour l’année 2021-2022 a atteint 79%. Sur le plan national, nous recensons 985.428 enfants inscrits en 2020-2021, dont 482.860 sont des filles et 384.317 sont issus du milieu rural. Concernant la FMPS, cette année, nous comptons plus de 12.000 unités préscolaires accueillant 250.000 enfants. Pour parvenir à un tel résultat, un budget important a été mobilisé. En effet, le projet de généralisation du préscolaire a atteint 951 millions de DH (MDH) pour la gestion, et 1,274 milliard de DH (MMDH) pour l’investissement.
La multitude d’intervenants ne risque-t-elle pas de freiner ce bel élan ?
Aujourd’hui, la tutelle est unifiée et centralisée. Le préscolaire dispose de son propre département au ministère de l’Éducation nationale. Tous les autres acteurs et opérateurs (sport, ONG …), travaillent sous l’égide du ministère. Cette centralisation accélérera la généralisation du préscolaire, créera une émulation entre les acteurs et mènera vers un préscolaire de qualité.
Si la généralisation du préscolaire va bon train, elle se heurte à une problématique, celle de la disponibilité des ressources humaines. Aujourd’hui, où en est la formation des éducateurs?
Au niveau de la Fondation, nous disposons d’un centre de formation «FMPS Takwin» qui a pour mission de former les éducateurs et éducatrices afin d’améliorer leurs compétences dans le domaine du préscolaire. Il leur permet d’être toujours à la pointe de l’innovation pédagogique en prenant en considération les enjeux et besoins locaux. À l’heure actuelle, le centre a pu former 15.000 éducateurs et éducatrices et dispose de plus de 200 formateurs expérimentés. «FMPS Takwin» propose un large choix de formations de qualité et en étroite adéquation avec le domaine du préscolaire, avec un contenu pédagogique percutant et innovant, ainsi qu’un accompagnement sur mesure.
Hormis la formation, quelle est la contribution de la FMPS à ce chantier ?
La FMPS est considérée aujourd’hui comme étant un acteur national de référence dans le métier du préscolaire. Depuis sa création, la Fondation a pu construire la chaîne métier du préscolaire de qualité en nouant des partenariats stratégiques et en élargissant son réseau de classes à travers le Royaume, sans oublier le milieu rural auquel nous accordons un très grand intérêt. Bien entendu, la consolidation de notre offre autour de nos six piliers, à savoir «FMPS Takwin», «FMPS Abhat», «FMPS Tassyir», «FMPS Tatwir», «FMPS Tarbiya» et «FMPS Digital», nous permet d’assurer une démarche qualité.
Comment avez-vous fait face à la crise pandémique ?
Malgré la crise sanitaire, nous avons su maintenir notre niveau de performance à travers des dispositifs digitaux mis en place afin d’assurer une continuité pédagogique aux enfants du préscolaire. Nous avons mis en place un programme, avec des activités éducatives, appelé «Atfalouna», qui est diffusé quotidiennement sur certaines chaînes TV nationales. Ainsi qu’une plateforme éducative, sur YouTube, sous le nom «FMPS-Channel», qui offre plusieurs ressources éducatives numériques adaptées aux enfants du préscolaire (activités, jeux, histoires, comptines…).
Selon vous, comment déployer un préscolaire de qualité ?
Un préscolaire de qualité se construit sur un ensemble de piliers fondamentaux. D’abord, la qualité du capital humain qui est le maillon clé pour réussir cette opération pédagogique. Dans ce cadre, la FMPS, en collaboration avec l’Anapec, travaille à repérer et attirer les ressources qualifiées. Notre objectif est de garantir à l’ensemble des éducateurs un travail décent, à travers des contrats légaux et une couverture par différents régimes de protection sociale : AMO, CNSS, CIMR et AMC. La qualité du programme pédagogique est, également, un pilier important. Nous disposons d’un programme pédagogique appelé «La collection éveil et créativité», basé sur le cadre curriculaire de la tutelle. La collection se compose d’un guide de l’éducateur qui est considéré comme document de référence auquel l’éducateur peut se référer, d’un classeur d’enfant comportant un ensemble d’activités éducatives, ainsi que des «outils et supports didactiques» que l’éducateur doit utiliser pour compléter et enrichir ses activités (histoires, chants, posters,…). Viennent ensuite l’encadrement, le contrôle et la supervision. Afin d’assurer un préscolaire de qualité et l’amélioration continue des prestations pédagogiques ainsi que le développement des compétences des éducateurs, la FMPS a mis en place un système de supervision et d’encadrement pédagogique. Ce système repose essentiellement sur des ressources humaines qualifiées, à savoir des superviseurs encadrants pédagogiques et une division centrale (division de supervision, encadrement et évaluation pédagogiques).
Comment assurez-vous l’évaluation pédagogique?
La FMPS a opté pour la mise en place d’un système d’évaluation des compétences des enfants, en partenariat avec l’INDH, qui réalise le suivi du développement global de l’enfant à partir d’un ensemble d’outils et de techniques qui répondent aux besoins des enfants d’âge préscolaire. Dans le même cadre, la FMPS a conçu un système d’évaluation en faveur de son staff éducatif afin d’apprécier leurs performances et de prendre les mesures d’accompagnement nécessaires en vue de développer leurs compétences professionnelles et d’améliorer la qualité de leurs prestations.
Aujourd’hui, quels sont les efforts qui restent à mener ?
Nous devons rester toujours à la pointe de l’innovation et continuer à proposer à nos formateurs des séminaires menés par les spécialistes de l’innovation pédagogique, des sciences de l’éducation et de la psychologie. Je préconise, également, de multiplier les partenariats stratégiques qui mettront en avant une collaboration «win-win» et surtout de qualité.
Tilila El Ghouari / Les Inspirations ÉCO