Chambres professionnelles: raz-de-marée du RNI, le PJD recule
Les résultats des élections des chambres professionnelles ont permis au RNI de réaliser des performances inégalées, qui placent le parti de la colombe comme la principale formation politique au sein des instances représentatives du tissu productif.
Avec un taux de participation qui dépasse 47%, les élections professionnelles portant sur le renouvellement des instances dirigeantes des chambres professionnelles se sont tenues dans un climat marqué par le souci des principales formations en lice de se repositionner au sein de l’échiquier des chambres d’agriculture, du commerce, d’artisanat et de la pêche. C’est le parti de la colombe qui a réalisé le plus important score électoral, ce qui lui a permis d’occuper la 1re place, loin devant le PAM et l’Istiqlal, les deux partis qui formaient l’opposition durant le mandat précédent. Ainsi, le RNI a pu doubler ses réalisations durant ces élections, en remportant 628 sièges, devant le PAM avec 363 sièges, et l’Istiqlal avec 360 sièges. La victoire incontestée du RNI a été obtenue grâce «au travail continu des ministres du parti dans les secteurs productifs, ainsi que de leur gestion de ces secteurs depuis des années», a déclaré Dalal Menni, porte-parole du RNI, à l’issue de la proclamation des résultats par le département de l’Intérieur.
«Le parti reste ouvert aux autres forces politiques qui ont réalisé des résultats importants durant ces échéances et est prêt coopérer avec elles dans l’objectif de garantir une plus grande représentativité des chambres professionnelles», a indiqué la porte-parole du parti de la colombe suite à ce succès historique du parti. Le RNI s’est en effet mobilisé pour ces élections professionnelles qui s’inscrivent dans le cadre du calendrier électoral «et reste conscient que le travail de terrain de proximité se poursuivra en vue d’atteindre les objectifs souhaités durant les élections du 8 septembre», a tenu à préciser Dalal Menni alors que le parti de la colombe a obtenu un score sans précédant pour détenir actuellement 28,61% des sièges. Ces résultats devront assurer au parti d’être la principale formation politique au sein de la Chambre des conseillers durant le prochain mandat.
Les principales conclusions
En plus des résultats encourageants obtenus par le RNI, c’est le PAM qui sort vainqueur de ces élections professionnelles, même si son secrétaire général, Abdellatif Ouahbi, a insisté sur le climat malsain durant lequel les élections professionnelles se sont déroulées. Le communiqué du SG du parti du tracteur est sans équivoque. Il pointe du doigt «certaines pratiques liées à l’usage de l’argent», ainsi que «l’exploitation de certains programmes publics en vue d’attirer les voix des électeurs».
Cela n’a pour autant pas empêché la principale formation de l’opposition de décrocher 363 sièges durant ces élections, soit 16,28% des voix exprimées. Ce qui le place devant le parti de l’Istiqlal qui a pu arracher la 3e place durant les élections professionnelles, avec 360 sièges. Pour le prochain mandat des chambres professionnelles, d’autres formations ont pu améliorer leur présence au sein des instances dirigeantes des chambres, notamment l’USFP qui a obtenu 146 sièges, ainsi que le PPS qui a pu obtenir 82 sièges. Les deux formations de la gauche ont pu, lors de ces élections, améliorer les scores obtenus durant le mandat précédant, ce qui les placera en tant que composantes cruciales dans la carte politique des représentants des professionnels. À noter aussi que le Mouvement populaire a été parmi les grands vainqueurs de ces élections, avec une 4e place, obtenue grâce avec plus de 7% des sièges, soit 160 élus du parti de l’épi durant le scrutin du 8 août.
Pour les autres formations en course, le score de l’UC a été aussi remarquable, avec 90 sièges obtenus par le parti du cheval, alors que l’un des grands constats est l’éparpillement de la carte politique issue de ces élections, avec 23 partis qui ont obtenu 71 sièges, soit moins de 3%. Pour rappel, le renouvellement des instances représentatives des chambres professionnelles demeure une composante cruciale dans le rendement de la Chambre des conseillers, au sein de laquelle les futurs élus devront élire à leur tour les membres de la 2e instance législative. La rentrée parlementaire pour la 2e instance législative se fera sans aucun doute sous le signe d’un véritable changement dans le mandat des conseillers. Il s’agit de plusieurs normes relatives à l’exercice effectif du mandat et en matière de représentativité des groupes parlementaires qui seront opérationnels, dans l’objectif de permettre à la 2e Chambre de mieux intervenir dans le champ législatif. L’une des règles adoptées consiste à assurer une présence effective des élus des chambres professionnelles aux travaux parlementaires et le respect de la carte politique issue des élections, en interdisant tout changement des couleurs politiques des élus après le scrutin.
Le PJD recule
Les résultats obtenus par le parti de la lampe durant les élections des chambres professionnelles n’ont pas permis au parti d’améliorer sa présence au sein des instances élues des chambres, avec 49 sièges obtenus, soit 2,2%. Le PJD n’a pas en effet réussi à atteindre les objectifs qui ont été tracés pour ces élections, qui n’ont jamais été remportées par le PJD. C’est pour dire que le parti devra attendre les prochaines élections régionales et législatives pour tenter de rattraper cette défaite, de même que le score obtenu laisse planer des doutes quant à la capacité du PJD de créer un groupe parlementaire au sein de la Chambre des conseillers. Toujours est-il que le parti de la lampe a perdu du terrain durant ces élections professionnelles qui ont été marquées par le grand retour des Sans appartenance politique qui ont raflé 271 sièges, soit 12%.
Younes Bennajah / Les Inspirations ÉCO