Politique

Élections : Nizar Baraka vise le top du podium

Confiant sur le résultat des prochaines élections, le secrétaire général du parti de l’Istiqlal lorgne la première marche du podium. Il estime que l’heure de l’alternance démocratique a sonné et qu’il faut opérer de véritables ruptures avec les politiques actuelles. Quant aux alliances, elles ne peuvent qu’être post-électorales sur la base des programmes, selon lui.

Le chef de file des héritiers de Allal El Fassi est très confiant au sujet des résultats de son parti aux prochaines échéances électorales. Il lorgne, en effet, la première marche du podium. Nizar Baraka qui était, hier, l’invité du forum de la MAP affiche sa mine des grands jours, après la victoire de l’Union générale des travailleurs du Maroc, bras syndical de l’Istiqlal, aux élections des représentants des salariés. Pour la première fois de son histoire, l’UGTM est arrivée première dans le secteur privé et deuxième dans les deux secteurs. Une victoire qui en dit long sur la volonté du changement des Marocains, comme le laisse entendre Baraka qui estime que l’heure de l’alternance a sonné. Toutefois, la concrétisation de cet objectif reste tributaire, selon lui, d’une large participation des citoyens aux élections. C’est, justement, ce taux qui demeure la plus grande inconnue même si les élections des salariés ont connu une forte participation. Certains craignent, en effet, qu’une forte abstention soit favorable au PJD qui dispose d’une base électorale fixe qui vote pour les candidats du parti de la lampe qu’il pleuve ou qu’il vente. Le secrétaire général du parti de l’Istiqlal appelle les citoyens à se rendre massivement aux urnes, car l’abstention favoriserait plutôt une continuité «qui n’est pas dans l’intérêt du développement du pays».

Limiter la crise de confiance
Le Maroc a besoin, selon Baraka, d’un gouvernement qui soit capable de mettre en œuvre les orientations du Nouveau modèle de développement et d’opérer de véritables ruptures avec les politiques précédentes ayant démontré leurs limites. À cet égard, l’Istiqlal aspire à franchir une nouvelle étape après les élections du 8 septembre. Il s’agit, en premier lieu, de la nécessité de constituer un gouvernement homogène capable de relever les nombreux défis auxquels est confronté le pays.

À ce titre, la nature des alliances est on ne peut plus déterminante. D’aucuns soulignent l’importance des alliances préélectorales pour donner de la visibilité aux électeurs et limiter la crise de confiance dans l’échiquier politique. Baraka, quant à lui, souligne la difficulté de nouer des alliances avant les élections car l’expérience démontre qu’elles ne sont pas respectées après l’annonce des résultats électoraux, à l’instar de ce qui s’est passé en 2011 pour la Koutla. Les trois partis de cette «alliance», rappelons-le, avaient signé une charte pour entrer ensemble au gouvernement ou se positionner ensemble dans les rangs de l’opposition.

Cet accord, malgré son importance morale vis-à-vis des électeurs, est tombé à l’eau. Au final, l’Istiqlal et le PPS ont opté pour la participation au gouvernement de Benkirane alors que l’USFP a choisi l’opposition. Baraka reste, ainsi, prudent et ne veut pas trancher dans l’immédiat en matière d’alliances avant de connaître les résultats électoraux. Néanmoins, il précise que la priorité sera accordée aux deux partis de l’opposition, le PAM et le PPS à condition de se mettre d’accord sur le programme. Rappelons à cet égard que les secrétaires généraux du parti du tracteur et celui du livre ont annoncé que le rapprochement entre les trois partis de l’opposition n’étaient pas seulement une simple coordination de conjoncture, mais une alliance préélectorale avant que Baraka ne freine leur enthousiasme.

Pour un pacte national de développement
Pour nouer des alliances, la condition fondamentale du chef de file du parti de la balance repose sur l’accord qui sera conclu sur le programme gouvernemental. La signature du pacte national du développement, l’un des deux mécanismes de pilotage pour implémenter la nouvelle vision, pourrait faciliter cette mission et rapprocher les points de vue. Ce document va-t-il se substituer aux programmes des partis politiques ? Nizar Baraka tient à lever tout malentendu : le pacte fixera les principes généraux du Nouveau modèle de développement, mais ce sera aux partis politiques de décliner leur vision en matière de mise en œuvre de ces principes, chacun selon ses convictions et ses orientations. Baraka donne pour exemple le chantier de généralisation de la protection sociale, précisant que l’orientation actuelle tend vers le renforcement du secteur privé qui est concentré dans les villes alors qu’il faudrait donner un coup de fouet au secteur public qui devra être compétitif et attirer le plus de citoyens, à l’instar de ce qui se passe sous d’autres cieux. 

Quel programme pour l’Istiqlal ?

Le parti de l’Istiqlal, qui a récemment mené une opposition farouche tant au niveau du parlement qu’à travers les sorties médiatiques de ses dirigeants, est très attendu sur son programme électoral qui devra traduire les ruptures dont parle constamment Nizar Baraka. Celui-ci souligne la nécessité de rompre avec la politique de rente qui donne des avantages aux lobbies et à des catégories spécifiques et de donner la priorité à la lutte contre la pauvreté et au renforcement des classes moyennes dont le pouvoir d’achat ne cesse de s’effriter. Ainsi, Baraka s’engage à agir sur l’impôt sur le revenu en révisant les seuils et à plafonner le prix des carburants et la marge de gain des écoles privées. À cela, s’ajoute l’impératif d’améliorer la gouvernance, d’instaurer l’égalité des chances, de réduire les disparités et d’accélérer le rythme de réalisation des réformes. Le chef de file de l’Istiqlal tient, par ailleurs, à préciser que la mission du prochain Exécutif ne sera pas de tout repos car ses marges d’intervention seront limitées en raison de la crise sanitaire, de la fragilité de la situation socio-économique ainsi que de la crise de confiance. «Il faut s’armer d’audace et avoir une vision claire et la capacité de mettre en œuvre les réformes», lance-t-il.

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco



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