Finlande : le Maroc, tête de pont de la nouvelle stratégie africaine
L’ambassade de Finlande à Rabat et Business Finland viennent de concocter une stratégie africaine 2021-2030. La rampe de lancement de cette stratégie, calée sur l’Agenda 2030 des Objectifs de développement durable, sera le Maroc. Les détails.
La Finlande a une nouvelle stratégie africaine. Concoctée par son ambassade à Rabat et Business Finland, la nouvelle vision de cet Etat nordique, qui attend d’être traduite en feuille de route, a été récemment présentée à la presse.
L’occasion pour Pekka Hyvönen, l’ambassadeur de Finlande au Maroc, de déclarer que «l’Afrique connaît une importance croissante dans la politique, l’économie et les échanges dans le monde. Notre stratégie vise à accompagner cette dynamique en élargissant le champ de coopération politique et économique avec les pays africains. Pour ce faire, nous misons sur les relations bilatérales mais également sur le partenariat UE-Afrique, la coopération pays nordiques-Afrique ainsi que sur les relations multilatérales». Autrement dit, et son excellence Pekka Hyvönen l’a bien précisé, la nouvelle stratégie africaine de la Finlande aura une double dimension politique et économique. « L’Union africaine et plusieurs organisations politiques et économiques seront notamment approchées pour sa mise en œuvre», a-t-il précisé.
Une approche basée sur la réciprocité et les intérêts mutuels
L’approche sera basée sur le concept de réciprocité et d’intérêts mutuels. « La Finlande possède une expertise qui peut profiter aux pays africains pour développer leurs sociétés et diversifier leurs économies. En même temps, la Finlande peut aussi bénéficier de la coopération et du savoir-faire africain, car la diversité politique, économique et culturelle de l’Afrique est un réel atout », a expliqué le diplomate.
Sur le plan politique, la Finlande intensifiera sa coopération avec les pays africains sur les questions régionales et mondiales. Sa coopération sera notamment renforcée sur des sujets d’enjeu mondial comme la paix et la sécurité, les droits humains, la démocratie, l’Etat de droit et les droits des femmes, l’éducation, la recherche et l’innovation, la migration et le changement climatique et la biodiversité. Ceci, sans oublier le soutien visant à renforcer la représentation de l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations Unies.
Au niveau économique, la Finlande a choisi son créneau de coopération. Celui-ci consistera à booster le commerce et les investissements verts créateurs d’emplois et de croissance, à travers trois objectifs. Le premier est de doubler les échanges entre la Finlande et l’Afrique à l’horizon 2030.
Dans ce dessein, des efforts seront déployés pour augmenter de manière significative les investissements des entreprises finlandaises en Afrique et des entreprises africaines en Finlande. Le second objectif économique de la nouvelle stratégie africaine de la Finlande consistera à placer l’expertise finlandaise au service de la promotion d’une croissance verte et d’une transition durable créatrices d’emplois dans les pays africains. Troisième objectif : la Finlande, qui défend le système commercial multilatéral fondé sur les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), pèsera de tout son poids pour soutenir toutes les intégrations économiques en Afrique, dont la Zone de libre-échange du continent africain (ZLECAF) entrée en vigueur au début de l’année.
Au niveau social, la nouvelle stratégie africaine de la Finlande prévoit aussi ce volet, les relations entre les peuples et les communautés seront également renforcées. La Finlande favorisera ainsi les relations à différents niveaux de la société : soutien continu aux organisations non gouvernementales, dialogue régulier avec les acteurs des différents secteurs opérant en Afrique et avec la diaspora africaine, coopération entre les établissements d’enseignement supérieur, les organismes de recherche et les groupes de réflexion pour développer des partenariats mutuellement bénéfiques, coopération avec la jeunesse et exploitation de la coopération de l’UE pour développer des canaux de migration légale, y compris la migration circulaire.
Premier objectif : doubler rapidement les échanges entre la Finlande et le Maroc
«Pour mettre en œuvre notre nouvelle stratégie africaine, nous avons décidé de partir du Maroc où la coopération entre nos deux pays est excellente», a notamment déclaré Pekka Hyvönen.
Pour commencer, «notre premier objectif est d’arriver à doubler les échanges entre nos deux pays avant 2030. Je peux vous dire que nous sommes persuadés d’y parvenir», a noté l’ambassadeur qui a été confirmé par Jari Kaihari, Directeur de Business Finland au Maroc. Ce dernier a révélé que l’organisation qu’il dirige est pleinement engagée sur les deux fronts, c’est-à-dire en Finlande et au Maroc.
«Nous travaillons sur les deux axes, c’est-à-dire que nous faisons profiter à la fois les entreprises finlandaises et celles marocaines des opportunités d’affaires que nous gérons sans discrimination. Notre objectif est d’augmenter les échanges entre les deux pays», a-t-il expliqué.
Signalons qu’en 2020, les exportations finlandaises vers le Maroc, principalement composées de bois, papier et carton, se sont chiffrées à 142 millions d’euros, alors que les exportations marocaines (textile, fruits et légumes) vers la Finlande n’on atteint que 22 millions d’euros. 40 entreprises finlandaises sont actuellement actives au Maroc, tandis qu’aucune entreprise marocaine n’est recensée en Finlande. Ceci étant, la Finlande mise sur plusieurs créneaux pour booster ces échanges avec le Maroc.
Son offre prioritaire portera sur l’économie circulaire et la bioéconomie, l’agritech, l’eau, les énergies renouvelables, les technologies de la santé, la digitalisation et l’intelligence artificielle et l’éducation. Selon Pekka Hyvönen, «l’offre finlandaise peut avoir un impact positif sur plusieurs pans de l’économie marocaine, notamment sur la réduction de la consommation d’eau, la valorisation énergétique des déchets, la valorisation des déchets en engrais, la production efficace de panneaux solaires, la construction de ports intelligents et l’emploi».
Aziz Diouf / Les Inspirations Éco