Politique pharmaceutique: ce qui va changer au Maroc
En droite ligne avec le plan de généralisation de la protection sociale, qui bénéficiera à quelque 22 millions de citoyens, le ministère de la Santé entend mettre à jour la politique pharmaceutique nationale pour la période 2021-2025, afin de répondre aux aspirations et défis actuels et futurs.
La pandémie qui sévit à l’échelle nationale et internationale a mis à nu les grosses lacunes du système de santé marocain. Pour œuvrer à la consolidation de celui-ci afin d’en accroître la résilience, le Maroc a lancé récemment un ambitieux plan de généralisation de la protection sociale qui va bénéficier à quelque 22 millions de personnes. Une initiative royale qui fera entrer le royaume dans le club très restreint des pays offrant une protection sociale à tous ses citoyens.
Cependant, la réussite de ce projet, qui permettra à nos compatriotes de choisir leur établissement médical et ainsi de bénéficier de soins de qualité avec une meilleure prise en charge, ne sera pas sans gros efforts. Ce vaste chantier nécessitera, également, une remise à niveau des acteurs de la santé, publics comme privés. C’est dans cette optique que le ministère de la Santé a ouvert une consultation publique visant à recueillir les avis des hommes de l’art pour l’élaboration d’une politique pharmaceutique nationale déployable sur les cinq prochaines années.
Selon le ministère, il est devenu impératif pour notre système national de santé de développer de futures stratégies dans plusieurs domaines, en application des instructions royales, et en vue de la mise en œuvre du chantier national relatif à la généralisation de la couverture sociale, annoncée par le souverain dans le discours du Trône, ainsi que la mise en œuvre de l’Assurance maladie obligatoire entre 2021 et 2022.
Le développement de ces stratégies est devenu également nécessaire au vu des circonstances exceptionnelles que vivent notre pays et le reste du monde, à cause des répercussions de la Covid-19, poursuit la tutelle dans un communiqué de presse.
À cet égard, le ministère insiste sur la nécessité du renouvellement de «la politique pharmaceutique nationale pour la période 2021-2025» afin de répondre aux aspirations et défis actuels et futurs, ajoutant qu’il travaille à l’élaboration de cette politique pharmaceutique en coordination avec l’Organisation mondiale de la santé, ainsi qu’avec tous les acteurs du secteur au niveau national.
Il est indéniable que le succès de la prochaine politique pharmaceutique nationale reste tributaire du niveau des investissements importants qui concernent des domaines vitaux et importants.
Comme le souligne la responsable de la Direction du médicament et de la pharmacie (DMP), Bouchra Meddah, cette nouvelle politique pharmaceutique doit répondre à toutes les attentes de nos concitoyens. En gros, poursuit celle qui a été nommée à ce poste en août 2020, il est question d’assurer un approvisionnement correct du pays en médicaments pour permettre à tous les Marocains d’accéder aux remèdes à des prix raisonnables, et ce, dans les 12 régions du pays.
Pour ce faire, il faudra encourager la fabrication locale de médicaments pour une meilleure sécurisation des produits thérapeutiques à l’échelle nationale. Ce n’est pas tout, car «il y aura le chantier de la fabrication locale de médicaments, de l’indépendance du pays et de la sécurisation des produits essentiels et thérapeutiques majeurs, ainsi que de l’encouragement des médicaments génériques et de l’accessibilité et la disponibilité des médicaments», assure la spécialiste en pharmacie industrielle. L’autre enjeu majeur n’est autre que celui de la lutte contre les ruptures de médicaments, souligne la responsable, en plus de la réglementation stricte et la bonne gouvernance.
Enfin, cette révision de la feuille de la tutelle devrait permettre de renforcer un certain nombres d’acquis, à savoir la mise en place du système de fixation des prix des médicaments qui a permis, en juin 2014, la baisse du prix de 1.578 médicaments, la publication de la loi 84-12 relative aux dispositifs médicaux et le lancement de l’étude de faisabilité pour externaliser le processus d’approvisionnement des établissements de soins de santé en médicaments et produits pharmaceutiques au profit du secteur privé.
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco