Politique

Quota des jeunes : le bras de fer s’annonce rude au Parlement

Le parti de l’Istiqlal entend mobiliser les partis politiques autour du maintien de la représentation politique des jeunes. Sur qui pourrait-il compter au sein de l’institution législative, surtout que les chefs de file de ses deux alliés à l’opposition ne partagent pas sa position sur la question ?

Le bras de fer autour de la représentativité politique des jeunes dans les instances élues, notamment au Parlement, risque d’être serré lors de l’examen des lois électorales. Les partis politiques sont en effet divisés sur cette question qui a suscité une grande polémique au cours des dernières semaines. Les jeunesses partisanes comptent sur l’appui de certains partis politiques pour réintroduire dans la loi organique relative à la Chambre des représentants la disposition de la discrimination positive en leur faveur. Ils peuvent, en tout cas, s’appuyer sur les formations dont les positions sont tranchées sur cette question, à commencer par le Parti de l’Istiqlal qui considère que «l’abandon du mécanisme de la représentation des jeunes à la Chambre des représentants est une régression politique». Les héritiers de Allal El Fassi plaident pour le maintien de cet acquis et appellent les différents partis qui appuient les jeunes à la coordination lors de la discussion des projets de loi relatifs aux élections en vue d’y introduire les amendements garantissant la représentation des jeunes à la Chambre basse et dans l’ensemble des conseils élus. L’Istiqlal ne peut visiblement pas compter sur ses deux alliés à l’opposition dont les chefs de file ont des positions différentes sur ce dossier, bien que le mémorandum commun aux trois partis (PAM, PI et PPS) préconise le maintien de la discrimination positive au profit des femmes et des jeunes à travers des listes régionales.

Le secrétaire général du Parti authenticité et modernité, Abdellatif Ouahbi, qui saisit chaque occasion pour tirer à boulets rouges sur le quota des jeunes, qu’il considère comme une rente politique, défendra bec et ongles les nouvelles dispositions juridiques qui mettront fin à ce mécanisme. Il est soutenu par la jeunesse de son parti qui a faussé compagnie aux jeunesses des autres partis, représentées au Parlement dans leur combat auprès des dirigeants politiques. Mais Ouahbi risque de se heurter à la réticence de certains parlementaires du PAM qui n’approuvent pas ses choix, à l’instar de la députée Ibtissam Azzaoui. Pour sa part, le chef de file du parti du livre, Nabil Benabdellah, s’est déjà exprimé contre le maintien de la liste des jeunes bien que les progressistes ne soient pas tous contre cette disposition. Lors de la dernière réunion du bureau du parti, le PPS fait timidement référence à l’appui de la représentation politique des jeunes. Le parti de la balance sera principalement appuyé par le PJD qui a plaidé, dans son mémorandum relatif aux élections, pour le maintien de la liste nationale dans sa version actuelle. Le secrétaire général du parti de la lampe, Saad Dine El Otmani, a manifesté à plusieurs reprises son appui au maintien du quota des jeunes.

Le RNI appuie, lui aussi, les demandes des jeunesses partisanes, comme il l’a officiellement indiqué dans un récent communiqué du bureau politique. L’USFP a également préconisé, dans son mémorandum, d’élargir la représentativité des femmes et des jeunes à travers l’adoption de mécanismes appropriés. Il a proposé, à cet égard, d’instaurer des listes régionales, d’ajouter trente sièges pour les femmes de moins de 40 ans et d’adopter une répartition égale dans les listes entre les femmes et les jeunes au niveau territorial. Quant au Mouvement populaire, celui-ci soutient «avec réserve» le maintien de la discrimination positive au profit des jeunes, à condition d’instaurer une représentation régionale. Le patron du parti de l’épi, Mohand Laenser, a, à plusieurs reprises, exprimé sa position mitigée vis-à-vis du mécanisme de discrimination positive qui est «transitoire et n’a pas encore permis d’atteindre les objectifs escomptés».

Du côté de l’Union constitutionnelle, le parti appuie l’instauration des listes régionales. L’UC a proposé dans son mémorandum de porter le nombre de députés élus grâce au quota à 144 dont 96 femmes et 48 hommes. Mais cela nécessiterait l’augmentation du nombre de membres de la Chambre des représentants, option jusque-là écartée par la plupart des formations partisanes. Concrètement, que peuvent proposer les partis qui défendent le maintien du quota au profit des jeunes pour garder ce mécanisme aux prochaines élections ? Il sera difficile de changer les dispositions actuelles qui ont instauré des listes régionales favorisant la promotion de la représentativité féminine. Les première et deuxième places sur ces listes doivent être accordées en exclusivité aux femmes. Les chances des jeunes sont ainsi nulles car, théoriquement, aucun parti ne peut remporter plus de deux sièges au niveau de la liste régionale. Quelques pistes sont déjà en vue, dont la nécessité de stipuler que l’une des deux premières candidates de la liste régionale soit une jeune de moins de quarante ans. Les composantes du Parlement pourraient aussi se mettre d’accord pour dédier certaines circonscriptions locales à des candidats de moins de quarante ans. Pour qu’elle puisse être concrétisée, cette disposition doit être inscrite noir sur blanc au niveau de la loi organique de la Chambre des représentants pour éviter toute surprise au moment de la présentation des candidatures.

La suppression du quota : un soulagement pour les partis ?

La position officielle des partis politiques sur le maintien du quota des jeunes ne reflète pas toujours les positions personnelles de tous les dirigeants. En coulisses, même au sein du Parti de l’Istiqlal qui a ouvert le bal du lobbying au profit de la représentation politique des jeunes, certains leaders politiques ne sont pas en faveur du maintien de ce mécanisme. D’abord, par ce que la discrimination positive, qui est un mécanisme transitoire, n’a pas permis aux jeunes députés bénéficiaires de percer au niveau des circonscriptions locales pour plusieurs raisons. Ensuite, ce mécanisme a semé la zizanie au sein des partis, les instances décisionnelles ne sachant plus à quel saint se vouer lors de la phase des accréditations. À cela s’ajoute un constat alarmant, selon un acteur politique blanchi sous le harnais : le quota a focalisé presque toute l’attention des jeunesses partisanes au point de paralyser leurs actions. Le clientélisme et le copinage lors de l’accréditation des jeunes de la liste nationale dans certains partis ne sont pas en reste.

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco


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