Entretien exclusif avec Nadia Laraki, Directrice générale de l’Agence nationale des ports (ANP)
L’ANP œuvre à mobiliser l’ensemble des acteurs de l’écosystème portuaire pour mettre en place des projets communautaires visant l’amélioration de la compétitivité du secteur.
Le secteur portuaire s’est fortement développé au cours des dernières années. Comment jugez-vous cette croissance ?
Au Maroc, les ports occupent une place privilégiée en tant qu’infrastructures favorisant le développement économique et social du pays. Ceux-ci constituent un maillon stratégique de la chaîne logistique du commerce extérieur. Ils sont, en effet, le point de passage obligé de la quasi-totalité de nos échanges, tant pour l’importation des produits et biens nécessaires à la consommation intérieure et à l’activité industrielle que pour les exportations de nos produits. La dynamique du secteur est plus que satisfaisante et se mesure par les différents chantiers structurants qu’enregistre ce secteur. Ces chantiers concernent à la fois la stratégie portuaire nationale à l’horizon 2030, qui ambitionne de positionner le royaume en tant que plateforme logistique en particulier sur le bassin méditerranéen, l’effort d’investissement très important en matière de modernisation et de renforcement de l’offre portuaire pour faire face aux mutations du secteur du transport maritime, les projets communautaires engagés pour la facilitation et la modernisation des procédures du commerce extérieur par voie maritime ainsi que la modernisation du mode de gouvernance des ports marocains et ce, en vue de doper la compétitivité globale du pays. Sur le plan logistique, depuis 2007, le Maroc a mis en place un nouveau mode de gouvernance du secteur aligné sur les meilleures pratiques internationales.
Comment l’ANP oeuvre-t-elle à la mise en place de la stratégie portuaire nationale 2030 ?
L’ANP est un acteur incontournable du déploiement de la stratégie portuaire 2030. Elle prend directement en charge la réalisation de plusieurs projets prévus par cette stratégie ou dans le cadre des concessions portuaires faisant intervenir des opérateurs publics et/ou privés. L’Agence a notamment réalisé, à titre d’illustration, le troisième terminal à conteneurs du port de Casablanca, le nouveau chantier naval et le terminal de croisières du port de la ville blanche, l’extension du quai Nord du port d’Agadir, le terminal polyvalent du port d’Agadir, etc. L’Agence contribue également à la déclinaison de cette stratégie en participant aux études techniques et économiques portant sur la création des nouveaux ports prévus par ladite stratégie portuaire à horizon 2030.
Qu’en est-il de la compétitivité portuaire nationale ? Comment faudra-t-il la développer ?
Compte tenu du rôle stratégique des places portuaires nationales, l’Agence nationale des ports œuvre à mobiliser l’ensemble des acteurs de l’écosystème portuaire pour mettre en place des projets communautaires visant l’amélioration de la compétitivité du secteur. C’est dans ce cadre que l’ANP a mis en place PortNet, guichet unique des procédures du commerce extérieur transitant par les ports sous son giron. L’agence veille dans ce cadre à l’accélération de la digitalisation et la dématérialisation des processus au profit d’une meilleure fluidité du transit portuaire. Sur un autre plan, et dans le cadre d’une démarche de progrès visant l’amélioration des performances et l’optimisation des processus de transit portuaire, l’Agence nationale des ports a lancé le projet de mise en place d’un Observatoire de la compétitivité des ports marocains. Il s’agit d’un outil qui va nous permettre de structurer le pilotage stratégique de la performance des ports. S’inscrivant dans le même objectif d’amélioration de leur compétitivité, l’ANP œuvre à plusieurs niveaux : l’encadrement et l’accompagnement des différents opérateurs portuaires, le reengineering des processus d’exploitation, la mise en place d’une plateforme de formation pour la professionnalisation des acteurs et la formation continue des compétences, etc.
Quels sont les chantiers actuels sur lesquels se penche l’ANP pour assurer une meilleure croissance pour le secteur ?
Les principales orientations qui structurent le plan d’action de l’agence portent notamment sur l’optimisation de l’effort d’investissement, l’accélération de la transformation digitale, le renforcement des outils de la gouvernance sectorielle, la consolidation des dispositifs de sûreté et de sécurité dans les ports et l’adoption d’une approche communautaire permettant l’implémentation de projets à forte valeur ajoutée pour le secteur. À cet égard, les principaux chantiers prioritaires de l’agence concernent notamment la finalisation des différents projets en cours de réalisation, notamment les projets WESSAL au port de Casablanca (nouveau chantier naval, nouveau terminal de croisières, bâtiment communautaire), le lancement de projets communautaires tels que l’Observatoire de la compétitivité des ports marocains, la poursuite du programme Smart Port et la dématérialisation des processus, le lancement de projet portant sur l’efficacité énergétique des ports et leur développement durable.
Comment se profilent les perspectives de croissance ?
En termes de prévisions d’activité, et dans l’hypothèse d’une dissipation progressive du risque pandémique au cours du premier semestre 2021, nous tablons sur une croissance modérée de 3,6% du trafic des ports relevant de l’agence, avec un volume global de 95,4 millions de tonnes. Ce volume s’établirait à 109,7 millions de tonnes à l’horizon 2025.
Sanae Raqui / Les Inspirations Éco