Vaccins anti-Covid-19 : un simple retard ?
Pour vacciner 80% de la population, 65 millions de doses de vaccins des laboratoires Sinopharm et AstraZeneca, pour lesquels le royaume a opté, ont été commandées. Mais depuis l’annonce qui en a été faite, aucun remède n’a jusqu’à présent été acheminé au Maroc. Pourquoi ?
Annoncée en grande pompe mais sans aucune date précise, la vaccination contre la Covid-19, attendue impatiemment par nombre de Marocains, n’a finalement pas eu lieu en 2020. Pourtant, tout portait à croire que cette opération d’envergure nationale allait débuter avant la nouvelle année. D’autant plus qu’il y a seulement quelque jours, lors d’un point de presse tenu à l’issue du conseil du jeudi 24 décembre, le porte-parole du gouvernement, Saaïd Amzazi, avait fait savoir que tout était fin prêt pour le démarrage effectif des injections du vaccin anti-Covid-19. Un expert, au fait de ce qui se décide en matière de vaccination notamment, avait lui aussi fait savoir que la campagne «était à un stade très avancé». D’ailleurs, une commande de 65 millions de doses de vaccins des laboratoires Sinopharm et AstraZeneca, pour lesquels le royaume a opté, avait été annoncée par le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, devant le Conseil de gouvernement. Seulement voilà, la commande n’est toujours pas arrivée. Dans la presse, il est même fait état d’un retard dans l’acquisition des remèdes. «Il n’en est rien», se défend un spécialiste, par ailleurs membre du Comité national technique et scientifique. Selon Dr Moulay Said Afif, il n y a pas eu de retard dans la livraison de la commande.
L’AMM du vaccin Sinorpharm sera bientôt délivrée
En réalité, explique-t-il, pour être commercialisé, tout vaccin fabriqué industriellement doit faire l’objet d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). «Cette autorisation est délivrée par le pays d’origine, et pour le cas du vaccin Sinorpharm,(validé jeudi 31 décembre, ndlr), nous attendons que la Chine nous la fasse parvenir durant les jours à venir», souligne le pédiatre, précisant que «nous l’aurons dès le début du mois de janvier». En revanche, pour ce qui est du très attendu vaccin anti-Covid-19 développé par AstraZeneca/Oxford, approuvé mercredi 30 décembre par le régulateur britannique, les choses sont plus simples. L’AMM concernant ce vaccin a déjà été communiquée aux autorités marocaines, confirme Afif qui rappelle que le Maroc a très tôt passé commande. «Cela nous donne une longueur d’avance énorme», commente le président de la Fédération nationale de la santé, selon qui le Maroc regorge d’autres «immenses» atouts pour relever les défis de cette campagne de vaccination inédite.
Une forte mobilisation logistique
En réalité, le royaume n’en est pas à son coup d’essai. «Nous avons une expérience au Maroc où l’on a vacciné, en l’espace de deux mois, 11 millions de personnes âgées de 9 mois à 19 ans à travers tout le pays contre la rougeole et la rubéole», se souvient Afif qui salue déjà la forte mobilisation logistique autour de l’opération à venir. Il y a quelques jours, une simulation de l’acheminement de vaccins anti-Covid-19 a été organisée au Centre Moulay Rachid de Casablanca, «et tout s’est bien passé», expliquait dans un précédent numéro Dr Moulay Said Afif. Il faut noter que 3.000 centres fixes seront mobilisés pour la vaccination. À cela, il faut ajouter les centres mobiles qui sillonneront tout le pays. Notons que les préparatifs du lancement de cette campagne ont été marqués par des formations sur le terrain ayant bénéficié à tous les sites aménagés pour la vaccination des citoyens. L’objectif est d’entraîner les cadres mobilisés et de prévenir tout obstacle pouvant surgir lors de la mise en œuvre effective du programme de vaccination. Plusieurs facteurs ont été pris en considération pour définir les sites de vaccination, notamment la proximité, tout en veillant à la continuité des autres services de santé, avait détaillé Saaïd Amzazi. Dans le cadre de ces préparatifs, le ministre s’est attardé, la semaine dernière, sur les mesures d’organisation prises aux niveaux national, régional et provincial. Ce dernier avait mis en relief le rôle important des partenaires, notamment le ministère de l’Intérieur qui déploie, aux côtés du ministère de la Santé, «des efforts acharnés en vue du lancement de la campagne nationale de vaccination». Pour rappel, 25 millions de Marocains seront vaccinés au total, soit 80% de la population.
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco