Politique

Rahhal El Makkaoui : «Les amendements rejetés sont à caractère social»

Rahhal El Makkaoui
Président de la Commission des finances, de la planification et du développement économique à la Chambre des conseillers

Comment évaluez-vous la réactivité de Benchaâboun aux propositions d’amendements des groupes parlementaires ?
Sur certaines mesures, le ministre des Finances a été positif. On peut citer notamment la proposition du groupe de l’Istiqlal portant sur la réinsertion de ceux qui ont perdu leur emploi durant la pandémie, l’intégration des autoentrepreneurs parmi ceux qui bénéficieront dans l’immédiat de l’assurance maladie obligatoire… Globalement, on comprend que la marge de manœuvre du gouvernement soit réduite à cause des répercussions de la pandémie et aussi de la situation économique avant même la Covid-19 qui n’était pas de nature à permettre la mise en place de mesures courageuses à même de relancer l’économie et d’accorder un intérêt particulier au volet social. A titre d’exemple, les propositions d’amendement portant sur l’augmentation des postes budgétaires accordés aux secteurs sociaux n’ont pas été acceptées. Il en est de même pour les propositions relatives à l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens. On sent que le ministre des Finances était à l’écoute, mais on sait que le gouvernement, dans sa globalité, au cours des dernières années n’a pas fait en sorte que l’on puisse avoir une économie résiliente qui permet une relance rapide en 2021, comme espéré.

Quelles sont les propositions d’amendements importantes qui n’ont pas été retenues par le gouvernement ?
Malheureusement, les propositions les plus importantes sont à caractère social et concernent notamment le pouvoir d’achat et la classe moyenne, comme les déductions des charges scolaires de l’IR,
la révision du tableau de l’IR, l’allégement de la pression sur les retraités… A cela, s’ajoutent le rejet des propositions qui concernent la relance du secteur de l’immobilier sous prétexte que ces mesures ont été déjà prises à la Chambre des représentants. Certains amendements relatifs à la lutte contre l’évasion fiscale n’ont pas non plus été acceptés par le gouvernement. Il s’agit de la proposition de permettre l’utilisation du cash dans les transactions. Nous aurions souhaité que le gouvernement se prononce favorablement sur cette question car il faut encourager ceux qui sont sérieux et déclarent leurs revenus.

Le rejet des propositions d’amendements des parlementaires n’est-il pas dû à la nécessité de la sauvegarde des équilibres macro-économiques ?
C’est le principal argument brandi par le gouvernement. Mais, je pense que le PLF n’est pas de nature à assurer la relance et à créer de la richesse. C’est là où réside le véritable souci. La logique basée sur le montant des recettes et celui des dépenses crée en effet le problème. La vraie relance est basée sur le renforcement de l’investissement, d’une part, et le soutien du pouvoir d’achat d’autre part.
L’amélioration du pouvoir d’achat contribue aussi à la relance économique. Elle permet en effet de créer de la demande et de booster, par conséquent, l’offre. En temps de crise, il faut agir sur les deux mécanismes : l’offre et la demande. 

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco



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