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Masse bénéficiaire : pas de retour à la normale avant 2022

CFG Research a décidé de revoir ses perspectives relatives à la masse bénéficiaire 2020 et prévoit une baisse de 18,3%. Un rebond mécanique de l’activité et de la demande est attendu dès la fin du confinement et de l’état d’urgence, n’entraînant un retour à une masse bénéficiaire normative égale à celle enregistrée en 2019 qu’à partir de 2022.

CFG Research vient de revoir à la baisse ses perspectives d’évolution de la masse bénéficiaire des principales sociétés cotées pour l’année 2020. «Retraitée des éléments exceptionnels enregistrés en 2019 et des contributions au fonds dédié à la gestion de la Covid-19 en 2020, la masse bénéficiaire ajustée devrait s’établir en baisse de 18,3% en 2020 par rapport à 2019 (versus notre estimation initiale de -12,2%)», expliquent les analystes de la banque d’affaires. Une première estimation avait en effet été réalisée en juillet dernier. Toutefois, à la lumière des réalisations financières des sociétés cotées au titre du premier semestre, CFG Research a décidé de réviser ses prévisions pour l’ensemble de la cote ainsi que pour les sociétés composant le CFG25. La masse bénéficiaire des 25 sociétés les plus liquides du marché constituant l’indice devrait, par ailleurs, connaître une baisse plus prononcée que celle de l’ensemble de la cote. Celle-ci devrait se déprécier de 22,7% à fin 2020. CFG Research explique sa vision par trois principaux facteurs. Les analystes indiquent qu’il faudrait tenir compte de la progression du coût du risque, beaucoup plus importante que prévu pour le secteur bancaire dans son ensemble.

Contre-performance des marchés financiers
Cette situation serait en lien avec la détérioration significative du risque crédit, engendrée par la crise sanitaire actuelle et le provisionnement anticipatif et prudent associé. À cela s’ajoute le taux de provisionnement qui grimpe au niveau des sociétés d’assurances. Il est, de plus, combiné à la montée en puissance des impayés, à la dépréciation de la valeur de certains actifs financiers en lien avec la contre-performance générale des marchés financiers ainsi qu’à l’annulation, à la suspension ou au report des versements de dividendes de certains émetteurs. Tous ces éléments s’ajoutent à l’annonce de nouveaux dons au fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie de Covid-19, notamment l’annonce récente (en septembre) d’Attijariwafa bank de contribuer à hauteur de 1,148 MMDH au fonds. «La masse bénéficiaire sera négativement impactée par les contributions faites par les sociétés cotées au fonds spécial dédié à la gestion de la Covid-19, dont l’impact est estimé à 6,4 MMDH (4,2 MMDH après impôts) pour l’univers des valeurs du CFG25», soulignent les analystes. Par ailleurs, les prémices d’une reprise ne pourraient être perçues qu’à partir de 2022. Pour la banque d’affaires, la fin du confinement et de l’état d’urgence sanitaire devraient entraîner un rebond progressif et mécanique de l’activité et de la demande. Dans ce sillage, la masse bénéficiaire devrait graduellement retrouver le chemin de la normalisation sur les deux prochaines années (2021 et 2022) pour revenir à un niveau proche de celui observé en 2019 (retraité de la sanction de l’ANRT sur IAM et de la provision pour dépréciation de Managem). «Ainsi, un retour à une masse bénéficiaire normative égale à celle enregistrée en 2019 induit une progression de 22,4% par rapport à notre prévision de la masse bénéficiaire 2020 ajustée», précise la banque d’affaires. Selon ses dernières prévisions, ce rebond mécanique devrait se matérialiser entre 2022 et 2023. À noter que le redressement de la masse bénéficiaire sera tributaire, entre autres, de l’atténuation de l’épidémie, de la suppression de l’état d’urgence et du confinement.

Les conditions de la reprise
Le retour au niveau normatif devra également dépendre de la non-récurrence des contributions au fonds spécial Covid-19, de la reprise des chantiers dans le secteur du BTP et de l’immobilier et du redressement du secteur touristique, après la réouverture des frontières. Les analystes de CFG Bank misent finalement sur une reprise des projets d’investissement et d’infrastructure, de la demande nationale – grâce aux divers plans de relance et aux mesures de soutien aux secteurs les plus touchés par la crise sanitaire – ainsi que celle de la demande étrangère adressée au Maroc. Du côté de la valorisation boursière, l’indice CFG25 reflète fidèlement la baisse de la masse bénéficiaire. Il traite déjà à 21.500 points, en baisse de 16% depuis le début de l’année. La hausse des bénéfices devrait donc se répercuter sur les cours du marché. Ainsi, selon les prévisions de CFG Research, et sous réserve d’une reprise économique progressive à partir de 2021 conjuguée à un retour de la masse bénéficiaire à un niveau normatif, CFG25 devrait renouer avec son long cycle haussier entamé durant le troisième trimestre 2013. Tenant compte d’un contexte baissier des taux, le marché actions devrait de son côté renouer avec son PER d’équilibre compris entre 19x et 20x les bénéfices (versus un PER 2020 de 21x les bénéfices ajustés et de 26x les bénéfices bruts). Cette configuration induirait un potentiel de hausse compris entre 10% et 15% sur un horizon de 2 à 3 ans.

Aida Lo / Les Inspirations Éco



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