Institut français du Maroc : le post-Covid-19 sera digital !
L’Institut français du Maroc fait une rentrée en force avec une programmation numérique pour défier les restrictions sanitaires liées à la pandémie. Littérature, débats, expositions… un menu très riche à «consommer» virtuellement.
«La culture est plus que jamais indispensable, et l’Institut français (IF) du Maroc travaille avec ses partenaires marocains pour soutenir le secteur de la culture, vital pour nos sociétés», commence Clélia Chevrier Kolako, conseillère de la coopération et d’action culturelle et directrice générale de l’Institut français du Maroc. Pour ce faire, l’institut, après des mois d’absence, a donné, jeudi dernier, une conférence de presse face à un comité de journalistes restreint afin de relancer une saison culturelle freinée par la pandémie. L’idée est d’innover, de contourner le virus, de chercher des options pour faire vivre la culture. Et la solution ultime est numérique.
À distanciation physique, numérisation culturelle
Le rapprochement est interdit. Le virus circule. Comment faire quand culture rime avec réunion et association ? En attendant un retour à la normale, il s’agit de trouver une alternative. «Le numérique. C’est la possibilité de présenter des versions en ligne d’évènements majeurs comme la «Nuit des philosophes» ou de programmer des rencontres littéraires avec de grands écrivains francophones du monde entier, malgré les contraintes existantes sur la mobilité», précise la directrice générale de l’IF. Un programme musclé a été élaboré avec Expo I-Maroc où la photographie et l’animation ne font qu’un: Novembre numérique, un rendez-vous qui questionne la place du monde virtuel dans la société, le cycle Littératures en francophonie, tournée virtuelle d’auteurs francophones, à l’instar de Youssouf Amine Elalamy ou encore Andreï Makine, sont ainsi au menu. La célèbre Nuits des philosophes revient pour une 7e édition en novembre sous un autre format et avec un thème qui fait écho à ce que l’on vit : «Passerelle vers un nouveau monde». «La particularité de cette situation que nous vivons n’a pas pour vocation de nous séparer comme les guerres ou les attentats, mais elle nous questionne ensemble en tant qu’humains sur notre existence sur terre. Il nous a donc paru normal de faire évoluer un évènement que nous avons initié le Chant des colibris, un évènement co-citoyen pour tenter d’apporter une réponse, une invitation à réfléchir à ce que pourrait être le monde de demain».
C’est ainsi qu’est né Demain dès aujourd’hui, un rendez-vous éco-citoyen qui s’inscrit dans la continuité du Chant des colibris, initié par le mouvement Colibri de Pierre Rahbi et Cyril Dion. Un évènement qui tentera de mener une réflexion sur les changements que la situation actuelle impose, les questionnements et enjeux y afférents, et de réunir les citoyens, associations et acteurs de la société civile autour d’intellectuels pour initier le débat. En format vidéo, les débats seront modérés par la journaliste et animatrice Hanane Harrath avec notamment la sociologue Fattouma Djerrari Benabdenbi autour de «L’amour de la terre, le souci de l’homme» le 22 octobre, ou avec le designer qui pense son art dans le contexte de l’espace public, Ruedi Baur, le 5 novembre. La professeure en philosophie Jeanne Bugart s’attaquera à «L’éco-féminisme: principes et actions» le 3 décembre. Le philosophe et sociologue Frédéric Lenoir sera au rendez-vous «Pour une révolution des consciences», le 22 novembre. La chanteuse Oum pensera demain avec «Ghedda men daba» avant de laisser la place à Arnaud Maurières, paysagiste, avec «Éloge de l’aridité, un autre jardin est possible» . Des rencontres vidéo ponctueront la saison culturelle octobre–novembre-décembre de Rabat à Agadir, en passant par Casablanca, Fès, Kénitra, Meknès, Tanger, Tétouan et Oujda. Le tout, accompagné d’une exposition inédite de Ruedi Baur, tout droit sortie de son carnet de confinement. À un déconfinement culturel…
Jihane Bougrine / Les Inspirations Éco