Culture

Il était une fois… Ennio Morricone

Il s’est éteint à l’âge de 91 ans dans la nuit du 5 au 6 juillet. Ennio Morricone s’en est allé auprès de Sergio Leone avec lequel il a donné vie à de grands films à travers la musique. Retour sur le parcours d’un des derniers génies de la musique de films.

Il est un air d’harmonica emblématique de Charles Bronson dans «Il était une fois dans l’ouest» qui marquera les esprits en 1968 et bien des années plus tard, sublimé par le charisme de Claudia Cardinal et d’Henry Fonda. L’air joué a été composé par le seul et l’unique Ennio Morricone, l’homme au plus de 500 œuvres, auteur des partitions des plus grands westerns spaghetti de l’époque. Pas étonnant qu’il ait été l’allié et l’ami du réalisateur italien Sergio Leone. Auteur de la bande son de «Le Bon, la brute et le truand», «Pour une poignée de dollars» ou encore d’«Il était une fois en Amérique». Il reçoit un Oscar tardif en 2016 pour les «Huit Salopards» de Quentin Tarentino, un western d’un autre genre. Heureusement qu’il avait obtenu un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2007.

Pour une poignée d’amour
Le compositeur italien a commencé à écrire très jeune. Influencé par un père trompettiste de Jazz dans une Rome très swing, il suit le chemin de son géniteur et s’inscrit à des cours de trompette dès l’âge de 10 ans. L’histoire raconte qu’il aurait commencé à composer dès l’âge de 6 ans. Il apprend l’orchestration et l’orgue, se fait vite remarquer par sa faculté à apprendre vite et à proposer constamment des nouvelles choses. À l’âge de 20 ans, faute de débouchés, il travaille comme arrangeur pour la télévision et la radio avant de commencer à proposer à des productions cinématographiques des idées de musique de films plutôt à l’américaine car il trouve les BO de films en Italie médiocres. C’est dans les années 60 qu’il fait la rencontre de Sergio Leone qu’il connaît depuis l’enfance et réussit à le convaincre. Il se fait connaître en 1964 avec «Pour une poignée de dollars». La suite, on la connaît avec «Le Bon, la Brute et le Truand» (1966), «Il était une fois dans l’ouest» (1968).

Au-delà du western spaghetti
Il tenait à le rappeler pendant ses interviews : Ennio Morricone n’était pas que compositeur de musique pour les films western spaghetti. Ceux-ci ne représentaient, selon lui, que 8% de son travail. Et c’est vrai. S’il s’est fait connaître grâce à ce genre et à sa relation presque fraternelle avec Sergio Leone, le compositeur italien était souvent sollicité par Hollywood pour de nombreux projets, lui qui a toujours refusé de s’installer en Californie. Rome était sa «maison». Il racontera dans une masterclass qu’un de ses plus grands regrets a été de ne pas travailler avec Kubrick. Il avait été contacté pour faire la musique du célèbre «Orange mécanique». Il travaille néanmoins avec les plus grands de Bernardo Bertolucci à Pier Paolo Pasolini en passant par Dario Argento ou Marco Bellocchio. Compositeur épidermique au style inclassable, il était à la fois infatigable et débordant de générosité. Ses compositions sanguines étaient à la fois poétiques et surprenantes. Ses arrangements ont toujours été le reflet de son temps tout en étant presque futuristes. Il avait anticipé sur son temps. Il s’imprégnait de tout. Il disait souvent : «quand on entre dans un film, la musique frappe à la porte, elle doit préparer le spectateur et sortir sans claquer la porte, sur la pointe des pieds» pour résumer sa mission dans le cinéma, dans la vie. Depuis sa disparition, la toile s’emballe et les hommages se multiplient dans tous les coins du monde. Giuseppe Conte, le chef du gouvernement italien a été l’un des premiers à réagir à la nouvelle sur les réseaux sociaux : «nous nous souviendrons pour toujours et avec une reconnaissance infinie du génie artistique du maestro Ennio Morricone. Il nous a fait rêver, il nous a émus et fait réfléchir en écrivant des notes inoubliables qui resteront pour toujours dans l’histoire de la musique et du cinéma». Ennio Morricone a été hospitalisé il y a quelques jours pour une fracture du fémur. Il s’est éteint à Rome, entouré de ses proches, comme il l’a toujours souhaité.

Jihane Bougrine
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