Leoni Maroc maintient sa stratégie malgré la crise
Leoni Maroc a repris son activité le 27 avril dernier. Les répercutions de la crise sanitaire seront visibles sur la croissance de l’entreprise au Maroc, qui estime la perte de chiffres d’affaire à 30% en 2020. Toutefois, sa stratégie de développement est maintenue pour l’année.
L’ampleur de la pandémie de Covid-19 n’épargne presque aucun secteur. Celui du câblage automobile a bel et bien été touché. Au Maroc, Leoni, spécialiste mondial du câblage automobile, a lancé dès le 2 mars un dispositif de veille quotidienne de la situation épidémiologique aux niveaux national et international. Dès l’appel à la distanciation sociale et à la limitation des rassemblements, le groupe a étudié différents scenarii de gestion de la situation en privilégiant la santé de son capital humain.
«Nous avons même décidé de procéder à la fermeture de nos 10 unités de production à partir du 17 mars et à la mise en place d’un Plan de continuité de l’activité», assure Fakhri Bouguerra, directeur général de Leoni Maroc.
L’entreprise a par ailleurs repris son activité graduellement le 27 avril dernier avec 25% de son effectif. La reprise s’est accompagnée de la création d’une cellule de crise avec une double mission, sanitaire à travers l’élaboration d’un nouveau protocole d’hygiène «avec des mesures préventives renforcées pour protéger la santé des collaboratrices et collaborateurs, et organisationnelle à travers la conception de nouveaux mécanismes de travail et méthodes de fonctionnement plus agiles, capables de s’adapter à l’incertitude qu’impose la situation», confirme le DG de Leoni Maroc.
Pour ratifier son protocole, le groupe a même fait appel à un organisme externe reconnu pour sa labellisation. De plus, Leoni a appliqué l’outil SCRUM autour de l’organisation agile afin d’innover dans toutes les opérations, des fournisseurs jusqu’à la demande client. En mai dernier, le groupe Leoni avait détecté, au niveau de son site de Berrechid, des cas de contamination lors d’une opération de dépistage organisée en coordination avec les autorités compétentes de la province. «Notre site Leoni Berrechid a appliqué un protocole sanitaire qui a été qualifié par les commissions mixtes de renforcé, voire même de robuste. Toutefois, les cas positifs détectés concernaient des collaborateurs dont une majorité venait de reprendre le travail le jour même du dépistage ou les 3 jours avant ce dernier», détaille le management du groupe. Le site en question a démarré le lendemain de la proclamation des résultats des tests en procédant à une large opération de désinfection et de sensibilisation additionnelle des collaborateurs au strict respect des gestes barrières. À noter dans ce sens que, sur un total de 613 tests effectués sur les collaborateurs de Leoni Bouskoura et Bouznika, aucun cas n’a été déclaré positif. La crise sanitaire a ainsi eu des impacts négatifs sur les performances de l’entreprise. «Nous estimons à ce jour une chute de la production de pas moins de 30% qui est principalement due à la réduction de notre capacité», annonce Fakhri Bouguerra. Présent au Maroc à travers dix sites, Leoni emploie près de 16.000 employés et a réalisé un chiffre d’affaires de 3,8 MMDH en 2019. Leoni Maroc fournit du câblage à plusieurs géants mondiaux de l’industrie, notamment Renault, Nissan, Volvo Cars, PSA et Forestia.
Fakhri Bouguerra
Directeur général de Leoni Maroc
«La croissance reprendra en 2021-2022»
Quelles sont vos perspectives pour le reste de l’année ?
Nous avons une stratégie pour le reste de l’année, malgré les incertitudes liées à la crise, et nous estimons la perte de chiffres d’affaire à 30% en 2020, mais aussi une reprise de la croissance en 2021-2022.
Quelles ont été les répercutions de la crise sanitaire sur l’activité de Leoni ?
Nous pouvons d’ores et déjà avancer que la facture sera très élevée. En plus des investissements considérables mis en place dans le cadre de ce dispositif sanitaire, il faut compter la perte sèche en CA pendant la période d’arrêt, en plus de la reprise progressive. Ce qui coûte le plus cher, c’est la perte considérable de notre capacité opérationnelle due à l’utilisation d’une partie réduite de nos investissements pendant cette période de reprise et le programme de compensation très onéreux que nous avons initié, «Plus de jour d’ouverture et travail en HS», pour ne pas impacter la chaîne de production de nos clients. Pour ce qui est de la situation du marché du câblage automobile au Maroc, celui-ci est fortement impacté par les restrictions sanitaires, et nous présumons que nos compétiteurs sont dans la même situation.
Comment se profile le sauvetage de l’industrie automobile et du câblage au Maroc ?
Cette crise sanitaire a démontré que l’organisation agile au sein des entreprises est un atout majeur pour la gestion optimale et l’amélioration de la compétitivité de l’industrie automobile et du câblage au Maroc, en coût comme en qualité. Le digital et l’automatisation sont en train de devenir des fondamentaux dans l’industrie automobile et du câblage au Maroc afin de répondre aux besoins des clients et rester compétitif. Nous faisons confiance à la clairvoyance des instances qui s’occupent de ce secteur d’activité pour gérer le plan de sauvetage au même titre que le Plan d’accélération industrielle.
À quand le retour à la normale de la production ?
D’après la situation sanitaire liée au Covid-19 et les différentes hypothèses économiques, le retour à une production normale est envisagé vers juillet au plus tard, mais le carnet de commande reste tributaire d’un regain de confiance des consommateurs.