Économie solidaire: la précarité hante majorité et opposition
Le sort des catégories en situation de précarité revient en tête de liste des sujets d’interpellation du gouvernement sous la coupole. En effet, une unanimité s’est dégagée parmi les formations parlementaires sur la nécessité de mettre en place une vision claire et réaliste pour le soutien des populations ayant perdu toute source de revenus durant près de 3 mois. La Commission des secteurs sociaux devait tenir, mardi, une audition pour passer en revue les mesures prévues par le gouvernement pour assurer la reprise des activités génératrices de revenus et améliorer les conditions de vie des populations ciblées. Les aides exceptionnelles débloquées en deux étapes ne peuvent, pour leur part, assurer aux catégories précaires une source pérenne de revenus, chose qui pousse actuellement à trouver des moyens de soutenir ces populations.
La carte des besoins
Concernant les préparatifs lancés, il s’agit essentiellement de trouver les moyens de minimiser l’impact de l’arrêt des activités, mais aussi de trouver les canaux via lesquels les personnes impactées et leurs familles pourront bénéficier des mesures de soutien qui leurs sont destinées. Le gouvernement cherche actuellement à mettre en place un dispositif d’information, qui sera un outil de décision pour les agents locaux, dans l’objectif de renforcer l’identification des personnes méritantes au niveau de chaque province sur la base d’une série d’indicateurs prédéfinis. À souligner que la feuille de route du gouvernement se basera sur «le contenu de la loi de Finances rectificative, qui devra favoriser la continuité des projets sociaux, en dépit de la rareté des ressources budgétaires de l’État». En plus de la mise en œuvre du Registre social unifié (RSU), qui devra être érigé en priorité, le rassemblement des informations sur la situation socio-économique des individus et des ménages durant cette année permettra au gouvernement de repérer les plus défavorisés éligibles aux prestations sociales, mais aussi de limiter les fuites et les fraudes, et d’optimiser les délais et les coûts d’opérationnalisation. La consolidation du système national d’information devra passer par la collecte et le traitement des données sur les inégalités, qui sont systématiquement actualisées par les divers intervenants dans le vaste champ de ciblage. Une agence nationale sera créée afin d’intégrer les divers programmes et de toucher toute personne nécessitant une protection.
De nouveaux instruments pour le suivi
La consolidation du système national d’information passe d’abord par le changement du mode de mesure des inégalités au Maroc, qui est d’ordre monétaire et issu des deux principales enquêtes du HCP. Les élus proposent ainsi de remplacer ce critère par un autre, plus large, «à partir des données sur les revenus, à l’instar des pays avancés et d’autres économies émergentes». L’adoption de cette approche permettrait de capter la complexité des inégalités et mieux cerner sa dynamique. La production statistique de données devra aider à mesurer l’efficacité des actions déployées sous quelque forme que ce soit. La nouvelle approche devra aussi se baser sur un nouveau système d’évaluation afin de relever les insuffisances impactant les conditions de vie des individus et leur aptitude à assurer leur mobilité sociale.