Gestion de la crise: ce que les Conseillers proposent à El Otmani
Le gouvernement est très attendu sur la gestion de l’après-crise. À cet égard, il est appelé à soumettre au Parlement, le plus tôt possible, une loi de Finances rectificative comme le prône Rahhal El Makkaoui, parlementaire du Parti de l’Istiqlal et président de la Commission des finances, de la planification et du développement économique à la Chambre haute.
Rappelons que le ministre de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration, Mohamed Benchaâboun, avait déjà souligné au Parlement que le gouvernement ne comptait pas, pour le moment, présenter une loi de Finances rectificative car il est difficile d’établir des prévisions rigoureuses et des chiffres détaillés dans la conjoncture actuelle, marquée par le manque de visibilité sur l’évolution de la situation tant au niveau national qu’international.
Une explication qui ne convainc visiblement pas certains parlementaires dont ceux du parti de la balance, qui estiment que toutes les hypothèses du Budget 2020 ne sont plus valables et qu’il faut, ainsi, redéfinir les priorités. Le gouvernement ne compte soumettre à l’institution législative une loi de Finances rectificative que d’ici juin, comme l’a souligné aux conseillers le chef de gouvernement, Saad Dine El Otmani lors de la séance mensuelle des questions consacrées à la politique générale.
Le chef de l’Exécutif estime qu’il faut éviter la précipitation et attendre deux ou trois mois avant de présenter ce texte. Les parlementaires plaident aussi pour la mise en place d’un plan de relance économique et social en se concertant avec toutes les parties, dont les syndicats. Les partenaires sociaux veulent être représentés au sein du Comité de veille économique, à l’instar du patronat, pour contribuer à l’effort de lutte contre la crise. Une demande qui vient d’être réitérée au sein de l’hémicycle par les parlementaires de la Chambre des conseillers.
Certains appellent à élargir ce comité aux secteurs les plus touchés, comme le tourisme et les exportateurs, en vue de sortir de la crise avec le minimum de dégâts. Afin qu’il n’y ait pas de laissés-pour-compte et de toucher toutes les catégories sociales affectées par la crise, le Groupe de l’unité et de l’égalitarisme propose de créer un comité de veille social. Sur le plan économique, le secteur bancaire est vertement critiqué par la plupart des groupes parlementaires en raison de «son manque d’adhésion» dans les efforts nationaux de lutte contre les effets du Covid-19. Les parlementaires plaident pour l’intervention du gouvernement en la matière. Le président du groupe de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Abdelilah Hifdi, n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il n’a pas hésité à tirer à boulets rouges sur les banques qui sont très attendues, selon lui, pour jouer pleinement leur rôle dans l’adhésion et la mobilisation nationale.
«Or, elles ne sont pas encore à la hauteur de l’événement en matière d’appui et d’accompagnement des entreprises, en dépit des garanties de l’État, et ce du fait d’une gestion rigide en temps normal. Mais ceci ne justifie pas leur approche actuelle dans cette conjoncture exceptionnelle», d’après Hifdi.
Il appelle à lier l’action du secteur bancaire à la responsabilité sociale et morale. Les banques sont appelées à présenter un bilan détaillé concernant le crédit Oxygène.
Le ministre de l’Économie et des finances est attendu de pied ferme au Parlement pour s’expliquer sur cette question. Même le dernier communiqué du Groupement professionnel des banques du Maroc n’a visiblement pas réussi à convaincre les parlementaires quant aux efforts entrepris par le secteur bancaire. Interpellé sur cette question, El Otmani rassure et défend les banques qui sont membres du Comité de veille économique, soulignant que le gouvernement est prêt à ouvrir le débat sur ce sujet. Il est, par ailleurs, recommandé de renforcer le contrôle au niveau des unités industrielles afin d’éviter la propagation du virus parmi les employés. Ce qui s’est passé dans certaines usines de plusieurs villes aurait pu être évité en suivant les règles d’hygiène prônées par le ministère de la Santé. Plusieurs départements ministériels collaborent pour suivre de près la situation dans les unités qui travaillent en cette période de confinement.
Le gouvernement a en effet décidé «de maintenir au maximum l’activité économique», mais tout en veillant au respect des règles de sécurité et d’hygiène, selon El Otmani. Un autre point revient avec insistance au sein des deux chambres du Parlement: la nécessité de repenser le système de santé au Maroc après la crise. Il est proposé de valoriser la situation sociale du personnel de santé et de combler les insuffisances quantitatives en ressources humaines en ouvrant l’accès des facultés de médecine et de pharmacie ainsi que des instituts d’infirmiers à un plus grand nombre d’étudiants. En outre, une stratégie pour mettre fin à la fuite des cerveaux s’impose, d’autant plus que nombre de compétences marocaines brillent sous d’autres cieux.