Tourisme: Nadia Fettah Alaoui prône une vision à 360°
Après plus de 100 jours à la tête du ministère du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale, Nadia Fettah Alaoui a finalement décidé de sortir de son mutisme. Invitée il y a quelques jours de la Chambre de commerce britannique pour le Maroc (BritCham), la ministre s’est offerte une longue tribune où elle est revenue sur les grands défis auxquels son département est appelé à faire face, à commencer par la menace d’une pandémie du coronavirus qui pointe déjà le bout de son nez.
«Le gouvernement est mobilisé, il faut garder la tête froide», a-t-elle souligné d’emblée, rassurante, souriante et sereine avant de promettre de travailler avec les opérateurs afin de donner la priorité à la protection des citoyens et des touristes.
Mais la gestion de la crise sanitaire qui secoue le monde n’est pas la seule préoccupation du moment aux yeux de la ministre pour qui «le secteur a déjà connu de nombreuses crises et celle-ci ne sera pas la dernière». Placée sous le signe de la relance du tourisme national, la feuille de route de 2020 s’inscrit dans la continuité après un record historique de 13 millions de touristes l’année dernière.
À coup de statistiques et de graphes, Nadia Fettah Alaoui s’est aussi longuement penchée sur les axes stratégiques et d’orientation prioritaires qu’elle compte mettre en œuvre durant son mandat, et son vœu le plus cher est de faire du tourisme un des piliers de développement économique, social et culturel du Maroc.
En clair, inscrire le Maroc dans le top 20 des plus grandes destinations mondiales du tourisme. Une vision qui n’a rien d’une utopie au vue des acquis et de la dynamique du secteur, dira-t-on. Les performances du tourisme dans le royaume sont en évolution depuis une décennie (2010-2019) et parlent donc d’elles-mêmes, a indiqué la ministre, se félicitant de l’offre marocaine qui «s’adresse à tous les types de clientèles».
Des performances historiques
Le taux de croissance annuel moyen des arrivées touristiques s’élève en effet à 3,7% tandis que celui des nuitées dans les établissements d’hébergement touristique classés (EHTC) se situe à 3,9%.
L’année 2019 s’est inscrite dans cette tendance haussière, a poursuivi la ministre, notant que les arrivées touristiques ont atteint 12,93 millions soit une hausse importante de 5% par rapport à 2018 avec un total de 25,2 millions de nuitées réalisées dans les EHTC. Mieux encore, avec une croissance prononcée sur la période 2016-2018, le secteur contribue aujourd’hui à hauteur de 42% aux exportations de services. Et de souligner que les régions du royaume sont dotées d’atouts variés avec un niveau de maturité touristique disparate d’où la nécessité de se focaliser sur les fers de lance et d’initier des chantiers transverses portant notamment sur le capital humain et la formation, la digitalisation, l’animation, le tourisme rural, la réglementation et l’accompagnement des opérateurs, outre la valorisation du patrimoine immatériel.
The next step ?
Des performances qui seront très vite revues à la hausse a promis la ministre pour qui le Maroc dispose de moyens en matière de connectivité, de ressources touristiques et d’infrastructures nécessaires pour développer les arrivées touristiques notamment européennes et britanniques en particulier, un marché émetteur à forte valeur ajoutée. En effet, le Royaume-Uni est le 4e marché émetteur de touristes dans le monde avec un total de plus de 70 millions de touristes par an. Si pour l’heure le Maroc ne se sert que timidement de cette niche, tout semble indiquer que la tendance actuelle ne sera plus la même dans les années à venir.
En effet, conscient de l’énorme potentiel du marché britannique, le Maroc a renforcé davantage sa connectivité avec le Royaume-Uni en 2019, notamment avec 1.700.298 sièges offerts, 16 routes, 7 aéroports marocains connectés au pays européen. En parallèle, 8 aéroports britanniques sont connectés au Maroc, souligne la tutelle. Toutefois, si le secteur qui contribue à porter la croissance économique au Maroc avec une contribution de 7% au produit intérieur brut (PIB), la disponibilité d’un personnel de qualité est un vrai défi pour les professionnels.
À ce propos, Nadia Fettah veut miser sur les interactions avec les professionnels pour le développement d’un nouveau stock de capital humain pour combler l’énorme besoin dans le secteur. «Nous n’avons pas suffisamment formé dans les filières importantes. L’idée consiste pour le ministère à se concentrer sur les filières à forte valeur ajoutée. On ne peut pas négliger le capital humain dans un secteur comme celui des services», explique-t-elle.