Fès-Meknès: Conjoncture corsée pour la filière oléicole
Alors que la récolte s’achève dans la région Fès-Meknès, le rendement des oliviers s’avère en deçà des performances réalisées lors de la campagne 2018.
Les oléiculteurs s’attendaient certes à une baisse – les oliviers alternant année faste et et autre maigre- mais la production se révèle inférieure aux prévisions, les replis allant jusqu’à atteindre les 50% dans certaines provinces de la région.
Selon les dernières statistiques de la Direction provinciale de l’agriculture (DPA) de Taounate relatives à la saison agricole 2019-2020, la Province a réalisé une production oléicole de 70.000 tonnes, en baisse de plus de 50% par rapport à une année moyenne. Il est à noter que la superficie d’oliviers au niveau de la province est estimée à 149.000 ha avec une superficie productive de 140.000 ha. La filière oléicole de la province génère une production annuelle de plus de 200.000 tonnes, soit une productivité de 30 quintaux/ha dans les zones irriguées et 12 quintaux/ha dans les zones Bour.
Selon les responsables de la DPA de Taounate, «la stratégie du Plan Maroc Vert (PMV) a permis de tirer vers le haut la filière oléicole». En effet, les différents projets lancés dans ce cadre ont permis la plantation de plus de 30.000 ha, la construction et l’équipement de trois unités de trituration d’huiles d’olives d’une capacité de 80 tonnes par jour et par unité la construction et l’équipement d’une unité de production des conserves d’olives et la remise du matériel agricole au profit des organisations professionnelles œuvrant dans le domaine.
Cette année, plusieurs projets sont en cours d’exécution dont la plantation d’une nouvelle superficie de quelque 5.500 ha. Il s’agit aussi de la programmation d’environ 12.000 nouveaux hectares durant l’année 2020.
Notons que la province de Taounate dispose de 3.000 unités traditionnelles de trituration d’huiles d’olives, 27 unités semi-modernes et 40 autres modernes, outre une unité de production d’huile de table.
Au niveau de la province de Sefrou, la production oléicole a atteint 30.000 tonnes, soit une baisse de 10% en comparaison avec la saison agricole précédente. La superficie globale de la filière oléicole au niveau de la province est estimée à 30.000 ha, soit 30% de la superficie arable. Cette production a permis aux agriculteurs de générer un chiffre d’affaires global de l’ordre de 180 MDH. La superficie plantée en oliviers au niveau de la province a connu une tendance haussière dans le cadre du PMV avec une superficie globale nouvelle de quelque 7.500 ha, dont la plantation de 3.200 ha parmi cinq projets du pilier II dédiés à l’agriculture solidaire, 380 ha dans le cadre du programme du Millenium Challenge Account (MCA) et 3.920 ha d’investissements privés appuyés dans le cadre du Fonds de développement agricole (FDA).
Il est à noter que la province de Sefrou compte plusieurs variétés d’oliviers dont 75% de Picholine marocaine, 10% de Picholine du Languedoc, 10% d’Arbequine et 7% de Picual. En matière d’unités de production, la province compte 78 unités de trituration d’huiles d’olives, dont 42 modernes avec une capacité de 1.200 tonnes/heure et 36 autres unités traditionnelles.
Une nette amélioration du rendement
Malgré la récolte moyenne enregistrée cette année et le prix élevé des olives en vrac qui varie entre 5 DH et 6 DH/kg selon le calibre et la zone de la récolte, les agriculteurs de la Région Fès-Meknès constatent une nette amélioration du rendement en huile qui varie entre 18 et 25 litres par quintal, contre 12 à 22 litres en 2018.
Cette variation du rendement dépend des racines de l’olivier et de la méthode de trituration utilisée. En effet, cette offre abondante a permis au consommateur final d’avoir accès à une huile de qualité avec un prix qui varie entre 40 et 45 DH le litre. Il est à noter que la région représente 38% de la production nationale, elle abrite une superficie oléicole totale estimée à 334.145 ha, dont plus de 294.000 ha bour. Près de 40% de cette superficie se concentre au niveau de la province de Taounate.
La région compte plus de 4.810 unités de trituration avec une capacité de 768.591 tonnes, dont 100 de deux phases, 141 de trois phases et 4.569 traditionnelles. D’après la fédération interprofessionnelle marocaine de l’olive (Interprolive), la saison 2019-2020 sera moins performante que la précédente. Les opérateurs annoncent une saison moyenne avec des disparités selon les régions et selon le type d’olives. Pour rappel, la filière oléicole marocaine génère 5% du PIB agricole, 15% des exportations agroalimentaires, elle représente 10% de la superficie agricole et 55% de l’arboriculture. Elle constitue également la principale source de revenus pour 450.000 exploitations et contribue à la création de 30 millions de journées de travail par an.
À l’échelle internationale, le Maroc se place au 5e rang en tant que producteur et exportateur avec une production moyenne d’huile d’olives de l’ordre de 140.000 tonnes par an. De plus, le pays figure parmi les trois premiers pays aux coûts de production les plus compétitifs.