Logistique : le plaidoyer de Moncef Belkhayat (VIDEO)
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CEO de H&S Invest Holding, détenteur de Dislog Industries et de Building & Logistic Services, Moncef Belkhayat appelle à saisir le «momentum logistique» au Maroc pour un plein déploiement du secteur, plus que jamais un véritable régulateur de l’inflation dans le Royaume. Selon lui, un prix juste du foncier et une concurrence saine entre les acteurs publics et privés sont des prérequis.
L’intervention lors de notre table ronde, de Moncef Belkhayat, CEO de H&S Invest Holding, acteur majeur de la logistique au Maroc, a été remarquée. D’abord par son optimisme.
«À l’heure actuelle, on sent une dynamique globale et les pouvoirs publics, notamment le ministère du Transport et l’AMDL, nous accompagnent et sont à notre écoute. Il faut que nous profitions de cette vague. La réalité est que ce secteur n’a pas eu l’intérêt qu’il méritait dans le passé», résume-t-il.
Il en veut pour preuve que depuis 2010, date de la mise en route de la Stratégie nationale de la logistique, seuls quelque 20% des objectifs tracés ont été atteints.
Effet domino sur les prix
Pour l’ancien ministre, les clés de ce secteur, s’agissant du foncier, sont entre les mains des ingénieurs des ministères de l’Urbanisme et de l’Intérieur qui disposent de visions à court, moyen et long terme.
«Il ne faut pas croire que notre administration fonctionne par tâtonnement. L’administration marocaine est efficiente. Mais ses acteurs ne savent pas ce que c’est que la logistique et c’est à nous, opérateurs, de faire ce travail de sensibilisation. D’abord, en démontrant que nous sommes des acteurs du développement dans notre pays, notamment sur la partie industrielle», précise-t-il.
L’argument est de taille mais il est rarement mis en valeur : la logistique est un outil de régulation de l’inflation. Du coût de la logistique, du transport et de l’entreposage dépend, aussi, le prix final. Or, sa compétitivité dépend grandement du foncier.
«C’est à nous de convaincre tant du caractère essentiel de notre activité pour l’ensemble des chaînes de valeur, que des spécificités de nos besoins. En termes de surfaces, d’emplacements et de leur corollaire : le prix», plaide Moncef Belkhayat.
Un effort qui doit aussi reposer sur le distinguo à établir entre industrie et logistique. Le prix moyen du mètre carré pour l’industrie, qui en est peu gourmande, se situe entre 500 et 800 dirhams sur l’ensemble des villes du Maroc. Viabilisé, il coûte entre 2.000 et 2.500 dirhams. Un tel tarif est intenable pour un secteur comme le nôtre. La viabilité de notre secteur d’activité passe par des terrains, entre 50 et 250 dirhams le mètre carré, en fonction des régions. Notre bataille est de le démontrer», a-t-il ajouté.
Équité
Le message de Moncef Belkhayat est simple : pouvoir disposer d’un foncier au même prix que les opérateurs publics de la logistique, en l’occurrence la Société nationale de transport de logistique (SNTL).
«Qu’opérateurs publics et privés soient logés à la même enseigne, avec les mêmes droits et les mêmes obligations. C’est ainsi que la concurrence se fera de manière ouverte et saine. Il nous faut une action beaucoup plus volontariste, avec l’appui et le soutien de la CGEM, pour que la logistique soit considérée, au même titre que l’industrie et le tourisme, comme un secteur stratégique d’ici 2030 et que, partant, elle soit légitimement en droit de bénéficier du système de dérogations instauré par décret pour libérer du foncier», souligne-t-il. Pour l’instant, seuls les projets industriels et touristiques sont concernés.
Bail: La formule alternative
Une des solutions préconisées, lors de la table ronde, pour résoudre la problématique du foncier, est la création de zones mixtes où des synergies entre les industriels et les logisticiens peuvent se déployer à travers une réglementation qui permette des surfaces, des hauteurs et des viabilisations adaptées à la logistique.
Hakim Belmâachi, président du directoire de Disway, plaide, lui, pour des formules nouvelles et novatrices, à l’image des bails de longue durée.
«Certains secteurs, notamment dans l’industrie, ont opté pour cette formule. À l’arrivée, des terrains plus accessibles aux opérateurs. Pourquoi donc ne pas envisager des contrats de location plutôt que d’acquisition. Pourquoi acheter le foncier si nous pouvons avoir un bail sur 40 ou 50 ans pour l’exploiter ?», s’interroge-t-il.
Régler le problème de la rareté et, nécessairement donc, de la cherté du foncier, c’est imaginer des solutions alternatives.
Ilyas Bellarbi / Les Inspirations ÉCO