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Tour des groupes : All eyes on the prize

 24 équipes s’élancent à la conquête du 34e trophée de la Coupe d’Afrique des nations. Au final, il n’en restera qu’une. Qui a les meilleurs arguments pour rafler la mise ? Petit tour d’horizon des forces en présence.

Groupe A : Un choc à 5 étoiles
Équipes : Côte d’ivoire – Nigéria – Guinée équatoriale – Guinée-Bissau

La Côte d’Ivoire et le Nigéria ne devraient laisser que des miettes à leurs concurrents de la poule A. Leur opposition le 18 janvier, lors de la 2 journée, aura des allures de finale avant l’heure. À elles deux, ces nations totalisent 5 titres de champion d’Afrique, dont trois pour le Nigéria (1980, 1994, 2013). Mais la Côte d’Ivoire a les lauriers les plus frais. Les Éléphants, sacrés en 1992 et 2015, et qui voient la compétition revenir sur leurs terres pour la première fois en 40 ans, comptent bien en profiter pour accrocher une troisième étoile à leur maillot, et ainsi revenir à la hauteur des Super Eagles nigérians au palmarès. Encore faudrait-il réussir à résister aux foudres de guerre que sont Victor Osimhen – qui sort d’une saison aboutie (champion d’Italie et meilleur buteur de Serie A) couronnée par le titre de Meilleur joueur africain de l’année –, ou autres Samuel Chukweze (AC Milan) et Ademola Lookman (Atalanta Bergame). La principale inconnue résidera dans la capacité des sélectionneurs respectifs à tirer le maximum de ces équipes, tant leurs choix ont été décriés par l’opinion au cours des derniers mois. Le Portugais José Peseiro, sur le banc du Nigéria, est sur un siège éjectable depuis plusieurs mois. Pour lui, cette CAN est sans doute le tournoi de la dernière chance.

Groupe B : Une question d’héritage …
Équipes : Égypte – Ghana – Cap-Vert – Mozambique

Quoiqu’il arrive au cours de cette compétition, l’Égypte est assurée de conserver sa suprématie sur le palmarès (7 sacres, record absolu). Pour autant, le tournoi ne sera pas dépourvu d’enjeu pour les Pharaons qui rêvent de voir Mohamed Salah enfin couronné. L’attaquant de Liverpool, désormais âgé de 31 ans, et successeur désigné des Hossam Hassan (meilleur buteur de l’histoire de la sélection, top scorer et vainqueur de la CAN 1998) ou autre Ahmed Hassan (joueur le plus capé de la sélection, et capitaine lors du triplé de 2006 à 2010), peine à ramener le trophée qui lui permettrait d’asseoir sa légende en équipe nationale. Désigné joueur africain de la décennie 2011-2020, et Meilleur joueur africain de l’année en 2017 et 2018, le virevoltant ailier n’a toujours rien gagné avec son équipe nationale. Une tache dans son immense carrière. Le natif de Basyoun reste sur deux échecs en finale, en 2017 face au Cameroun, et en 2021 face au Sénégal. Et même si Jurgen Klopp, son coah de Liverpool, espère voir l’aventure de l’Égypte dans cette CAN tourner court, le sacre de Salah en Côte d’Ivoire est une affaire d’héritage pour la génération dont il est le porte-étendard.

Dans ce groupe B, la question d’héritage concerne aussi le Ghana, emmené par la fratrie Ayew. Leur père, Abedi, avait reporté le dernier sacre des Black Stars, en 1982. André et Jordan, respectivement 34 et 32 ans, ont eu beaucoup moins de réussite avec la sélection. Ils faisaient partie de la terrible expédition au Cameroun il y a deux ans, conclue par une piteuse élimination dès le premier tour. Leur meilleure performance reste la finale perdue aux tirs au but face à la Côte d’Ivoire en 2015. L’enjeu pour la dynastie Ayew, qui s’apprête à passer le flambeau à la nouvelle génération incarnée par Mohammed Kudus, l’attaquant de West Ham, est donc d’accrocher une cinquième étoile au firmament des Black Stars. Sur le plan individuel, André Ayew peut devenir cette année le premier joueur à marquer dans 7 éditions consécutives de la CAN.

Groupe C : Un duel de Lions
Équipes : Sénégal – Cameroun – Guinée – Gambie

La question qui est sur toutes les lèvres, à l’entame de cette 34e Coupe d’Afrique, est de savoir si le Sénégal saura conserver sa couronne. Il faut rappeler qu’aucun vainqueur n’a réussi à garder son titre depuis l’Égypte entre 2006 et 2010. C’est dire l’ampleur de la tâche. Celle des Lions de la Teranga sera particulièrement ardue dans le groupe C où il faudra jouer des coudes avec le Cameroun dans le remake de la finale de 2002. À l’époque, les deux sélectionneurs étaient les capitaines respectifs.

Cette année-là, Aliou Cissé manquait son tir au but et voyait Rigobert Song et les Lions indomptables s’adjuger une quatrième couronne. C’est d’ailleurs au Cameroun que le Sénégal est allé conquérir son premier sacre continental 20 ans plus tard. Une façon pour Aliou Cissé, déjà sur le banc à l’époque, de conjurer le sort. Pour défendre son titre, le Sénégal a misé sur la continuité, en reconduisant l’essentiel du noyau dur qui s’est imposé en 2022. Sans surprise, la star Sadio Mané, le rock défensif Kalidou Koulibaly, le gardien Édouard Mendy, et les milieux Cheikhou Kouyaté, Nampalys Mendy, ou encore Pape Gueye sont de la partie. Un groupe expérimenté qu’ont rejoint les étoiles montantes que sont Nicolas Jackson (Chelsea), ou encore Pape Matar Sarr (Tottenham). Après avoir atteint la finale lors de ses deux premières CAN disputées en tant que sélectionneur, Aliou Cissé se sait attendu au tournant. «Il va falloir se remobiliser, se remettre en question et faire son autocritique pour bien aborder cette CAN. Il ne faudra pas l’aborder avec légèreté ou avec arrogance. Il faut surtout l’aborder avec énormément de confiance, en étant conscient des difficultés qui nous attendent.

Ce groupe sait que rien n’est encore acquis», déclarait-il récemment. Le Sénégal se présente néanmoins avec quelques certitudes, surtout après avoir disposé du Cameroun en amical (1-0) au mois d’octobre. Côté camerounais, tous les espoirs sont permis, mais tous les doutes aussi, après une phase de qualifications laborieuse (2 victoires en 4 matches), et des absences notoires, notamment celle très médiatisée d’Eric Maxime Choupo-Moting non retenu par Rigobert Song, ou du jeune milieu de terrain François Mughe, qui a préféré se concentrer sur son club. Avec un Aboubakar Vincent, meilleur buteur de la dernière CAN (8 buts) comme seul argument offensif de poids en attaque, les Lions indomptables auront-ils les dents assez longues ? Une chose est sûre, le Cameroun sait surprendre. Ils l’ont prouvé lors de leur dernier sacre en 2017, et plus récemment à domicile en arrachant la médaille de bronze… après avoir été menés 3-0. Il faut aussi se rappeler que c’est en Côte d’Ivoire que les Lions indomptables avaient conquis leur premier titre continental il y a 40 ans.

Groupe D : Les Fennecs seuls au monde ?
Équipes : Algérie – Burkina Faso – Angola – Mauritanie

«Les favoris de la CAN sont souvent les mêmes, on les connaît : Égypte, Sénégal, Maroc, Tunisie, Nigéria, Côte d’Ivoire. Personne ne peut avoir de certitude sur le futur vainqueur. Nous ne nous sommes pas qualifiés au Mondial, nous sommes sortis au 1er tour de la dernière CAN (…), donc, de facto, nous ne sommes pas favoris», déclarait récemment le technicien algérien, Djamel Belmadi. Même s’il a opté pour la prudence au moment d’évoquer les ambitions de son équipe, le sélectionneur des Fennecs sait que son équipe est attendu a minima au second tour, et plus si affinité, histoire de rappeler que le fiasco de 2022 au Cameroun n’était qu’un accident de parcours. La mission est largement accessible, dans une poule où l’Algérie est le seul ancien vainqueur de CAN (en 1990 et en 2019). Derrière les Fennecs on devrait assister à une bataille d’outsiders entre le Burkina, finaliste de l’édition 2013, et qui a fini quatrième lors de la dernière CAN, l’Angola qui n’a plus passé le premier tour depuis 2010, et la Mauritanie qui va participer à une troisième édition d’affilée, ambition de sortir de son groupe pour la première fois.

Groupe E : Mission reconquête
Équipes : Tunisie – Mali – Afrique du sud – Namibie

Après un tirage au sort relativement équilibré, le groupe E est sans doute celui où les places pour le tour suivant vaudront le plus cher. Et pour cause, on y retrouve deux anciens vainqueurs de CAN en quête de rédemption, un habituel outsider désireux de créer la surprise, et un «Petit-poucet» bien décidé à vendre cher sa peau. La Tunisie rêve de remonter sur le toit de l’Afrique, 20 ans après son unique titre continental. Depuis, elle a dû se contenter d’une seule apparition dans le dernier carré, en 2019, où elle avait fini à la quatrième place. Pour l’Afrique du Sud, la disette dure depuis le sacre de 1996, puis s’en est suivi une longue dégringolade. Finalistes en 1998, les Bafana Bafana terminent troisièmes deux ans plus tard, et n’ont plus jamais été aperçus au-delà des quarts de finale depuis. Le succès de la sélection féminine sud-africaine, championne d’Afrique en titre, pourrait les inspirer. Dans leur groupe, il faudra aussi compter sur une équipe du Mali qui a vu passer de sacrés talents par le passé, des joueurs iconiques de la trempe de Salif Keita à Frédéric Kanouté, en passant par Seydou Keita ou autre Mahamadou Diarra. Et pourtant, les Aigles n’ont jamais ramené plus grosse proie que la médaille d’argent. Leurs deux dernières parties de chasse à la CAN se sont achevées dès les huitièmes de finale. À côté, les Brave Warriors de Namibie entendent bien mener campagne au-delà du premier tour pour la première fois en 4 participations.

Groupe F : L’heure des Lions de l’Atlas ?
Équipes : Maroc – RD Congo – Zambie – Tanzanie

Il y a 20 ans, Walid Regragui et le Maroc s’inclinaient en Tunisie pour ce qui reste la dernière apparition en finale d’une Coupe d’Afrique. Désormais sur le banc, l’ancien latéral droit a l’occasion de ramener son pays sur le toit de l’Afrique 48 ans après l’unique sacre décroché par les Lions de l’Atlas. Près d’un demi-siècle, et plusieurs désillusions plus tard, l’heure a peut-être sonné pour une équipe du Maroc qui se sait attendue au tournant, comme à chaque édition récente.

«Plus les compétitions africaines avancent, plus on s’éloigne de la date où on l’avait remporté, mais ce n’est pas une raison de se mettre la pression. On va y aller pour jouer notre football, pour donner le maximum et surtout pour ne pas avoir de regret», déclarait Walid Regragui à l’annonce de sa liste pour cette CAN.

Le technicien le sait, les attentes envers son équipe sont d’autant plus grandes que toute la planète foot a encore en mémoire la formidable épopée du Mondial 2022 qui a fait du Maroc la première sélection africaine à se hisser dans le dernier carré d’une Coupe du monde. Un exploit qui lui confère un statut de favori naturel de cette Coupe d’Afrique. Pas étonnant que le sélectionneur national ait donc choisi de reconduire une formule qui a bien marché, en conservant l’essentiel du noyau dur qui a participé à l’aventure qatarie. Une autre raison d’y croire, c’est que le sol ivoirien a récemment porté chance aux Lions de l’Atlas.

En effet, c’est là que le Maroc avait arraché sa qualification pour le Mondial 2018, marquant son retour dans cette compétition après 20 ans d’absence. Mais au-delà des symboles, c’est sur le terrain qu’il faudra obtenir des résultats. Et malgré son statut de favori, la bande à Hakimi ne sera pas en promenade de santé dans le groupe qui compte le plus d’anciens vainqueurs de CAN du tournoi. En effet, dans ce groupe F, le Maroc (vainqueur 1976) croisera le fer avec la RD Congo (champion 1968 et 1974) et la Zambie (champion 2012). À l’affut, la modeste Tanzanie tentera de jouer les perturbateurs. Une chose est sûre, si d’aventure le Maroc venait à se louper, il n’aura pas à attendre trop longtemps la séance de rattrapage, puisqu’il jouera la CAN 2025 à domicile.

Darryl Ngomo / Les Inspirations ÉCO


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